Margaret Thatcher restera dans l'histoire comme celle qui a mis à l'étrier l'ultralibéralisme en écrasant les faibles. «Je ne connais pas le citoyen, je ne connais que le consommateur» Margaret Thatcher Une nouvelle, diversement accueillie; la mort de Margaret Thatcher. «La dame de fer», selon le journal soviétique L'Etoile rouge ne laisse pas indifférente. Hommages ou critiques, la disparition de l'ancien Premier ministre britannique Margaret Thatcher ne laisse pas indifférent. Petit tour d'horizon des réactions de la presse internationale. ́ ́Elle est devenue plus dure que dure ́ ́, titre The Guardian. L'inconvénient, c'est ́ ́le sombre héritage ́ ́ de Margaret Thatcher: ́ ́Un climat de tolérance à la dureté' s'est installé, l'individualisme matérialiste est devenu une vertu. Tout était justifié, tant que cela rapportait de l'argent. Sur le journal argentin Página 12, nous lisons de Margaret Thatcher. ́ ́Sans les Malouines, Thatcher ne serait pas devenue l'héroïne de l'économie de marché qui a commencé à s'étendre sur toute la planète à partir des années 80». Qui est Margaret Thatcher? Elle est née le 13 octobre 1925, de condition modeste, «La foi de Margaret Thatcher, lit-on dans l'encyclopédie Wikipédia, est l'un des fondements du thatchérisme: sa morale religieuse préconise aux hommes de «travailler dur» afin d'élever leur position sociale par l'épargne et le mérite, dénotant un lien évident avec L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme de Max Weber. Elle confia à ce propos: «Nous étions méthodistes, c'est-à-dire que nous aimions l'ordre, la précision et la rigueur» Fille d'un épicier,elle se marie en 1951. De ces deux enfants jumeaux, le garçon fut le chéri de Margaret, il a un parcours professionnel pour le moins chaotique. «Mark, nous dit Bernard Gensane, a la passion de la voiture. Maman va jouer de son influence pour qu'il puisse prendre la tête d'une écurie de second rang: Mark Thatcher Racing. Mais l'écurie est parrainée par une entreprise de textile japonaise alors que le textile britannique licencie en masse. Il s'inscrit au Paris-Dakar en 1982. Il se perd pendant six jours dans le désert algérien et doit la vie sauve aux recherches de l'armée algérienne instiguées par le président du pays à la demande pressante de sa maman qui, dit-on, versera les seules larmes publiques de sa vie. Dès lors, il déraille. Il semble qu'il ait vendu des armes à Saddam Hussein avant de se marier au Texas avec la fille d'un milliardaire, puis d'aller vivre en Afrique du Sud. Le 25 août 2004, Mark est arrêté en Afrique du Sud, accusé d'avoir financé un coup d'Etat en Guinée équatoriale, petit pays riche en pétrole. Le 13 janvier 2005, Mark plaide coupable et reconnaît avoir financé «des activités mercenaires» à hauteur de 275.000 dollars. Mais il nie avoir participé au putsch. Il est condamné à une amende de 380.000 euros et à quatre ans de prison avec sursis» (1) Elle fait des études de chimie et rentre en politique en gravissant tous les échelons du parti conservateur. Elle prend la tête du parti le 11 février 1975, les difficultés rencontrées par le gouvernement travailliste, obligé de demander trois prêts au FMI relancent les conservateurs qui attaquent le bilan du gouvernement sur le chômage ou la sur-régulation. Margaret Thatcher en profite pour dénoncer le «pouvoir immense des syndicats». Le 28 mars 1979, le gouvernement Callaghan est renversé par une motion de censure, ce qui provoque la tenue d'élections. Margareth Thatcher accède au pouvoir. Le thatchérisme se définit par trois caractéristiques fondamentales: le conservatisme politique, le libéralisme économique et le traditionalisme social. De façon générale, le thatchérisme puise son inspiration politique et économique dans ces théories et dans celles de l'Ecole monétariste de Chicago, incarnée par Milton Friedman.(2) «Les libéraux classiques, comme Adam Smith, ont aussi eu une importante influence sur Margaret Thatcher qui était convaincue de la justesse de la métaphore de la «main invisible». Elle encourage de ce fait les libertés économiques individuelles, car elle les considère comme permettant le bien-être de la société toute entière. Margaret Thatcher mettra en application ces théories en réduisant fortement les dépenses publiques et la pression fiscale, en luttant contre la forte inflation de la fin des années 1970 par des taux d'intérêt élevés et en favorisant l'ouverture économique aux capitaux étrangers, et son corollaire: la fin des subventions aux «canards boiteux» (fermeture des mines non rentables). Elle restera 11 ans au 10 Downing Street. Le rejet de la ́ ́poll tax ́ ́, cet impôt local qu'elle ne parvient pas à imposer, sonne sa fin. Elle démissionne les larmes aux yeux en novembre 1990. En juin 2003, le décès de son époux Denis l'affecte profondément, comme plus tard les démêlés judiciaires de son fils Mark.(2) Bilan du Thatchérisme Deux sons de cloche, il y a ceux qui voient en Maggie, celle qui a libéré les énergies, assis le grand capital et la haute finance au profit des nantis qu'elle a protégés par des diminutions de taxes. Il y a l'immensité des laissés-pour-compte, les besogneux et sans grade que Margaret Thatcher a lessivés, humiliés, réduits en bouille, sans état d'âme.» Entre 1979 et 1990 lit-on dans une contribution sur le site Le GrandSoir, elle avait mené une politique économique fortement libérale, opérant une réduction du rôle de l'Etat dans la vie économique et sociale. Celle qui a su se faire le porte-parole et le bras musclé des traders, des banquiers, des friqués, des exploiteurs, des laissés-pour-compte par la misère, celle qui a allumé en ces derniers la flamme de la bassesse des sentiments, de la suspicion, de l'individualisme, de la lâcheté, de la corruption, celle qui a défié et écrasé les forces populaires et syndicales, celle pour qui les bourgeois du monde entier ont prié et pleurent aujourd'hui son décès, aura réussi à enraciner son rêve dans le coeur et dans l'âme de millions de spéculateurs, de loups-cerviers de la finance, de politiciens avides de pouvoir. Seuls, ses adversaires, ces travailleurs qui passèrent des années à puiser dans leurs indemnités de chômage, dans les coffres de l'Etat donc, pour entretenir leur paresse, à travailler plus pour gagner moins, à travailler plus longtemps pour vivre moins longtemps et pour avoir, réduite, leur retraite plus tard, les travailleurs de toute l'Europe aujourd'hui, à laquelle elle a su si bien faire école, et particulièrement le peuple irlandais, ainsi que les Etats d'Amérique du Sud ne paraissent pas affectés par son décès. (3) Bernard Gensane se rappelle du thatchérisme, il y a des mots encore plus durs écrit-il: «Ce qu'était le Thatchérisme me fut révélé un matin de rentrée des classes dans un petit village résidentiel du Yorkshire au début des années 1980. Une manière d'épiphanie. Des coupes sombres - et même claires - ayant sérieusement affecté l'enseignement (je ne parle même pas de la suppression de la pinte de lait quotidienne par Thatcher quand elle avait été ministre de l'Education et des Sciences au début des années soixante-dix), (...) Intellectuellement, Thatcher fut un mélange d'idéologie dure et de pragmatisme débridé. Le credo de toute son existence est connu: «La société, ça n'existe pas» (There is no such thing as society), sauf, bien entendu, lorsqu'elle reçut diverses bourses durant toute sa scolarité et qu'elle bénéficia, à partir de 1945, de la gratuité totale des soins. Dans le domaine religieux, elle abandonna le méthodisme rigoriste et très petite-bourgeoisie de ses parents pour l'anglicanisme plus établi et plus chic de son riche mari divorcé. Comme parlementaire chevronnée, Thatcher fut une artiste en matière de négociations et de compromis». (...) L'héritage d'un Etat providence accepté par la droite, Thatcher va le refuser. En détruisant ce qui coûte et en privatisant ce qui rapporte. À Leeds, pour ne donner que cet exemple, j'ai assisté à une révolution dans les transports publics. Du jour au lendemain, la régie municipale dut laisser la place à des compagnies privées. On vit alors trente sociétés se battre pour le centre de la ville tandis que les quartiers périphériques étaient délaissés. La jungle libérale dans toute sa splendeur.» (4) La bête noire du Syndicat des mineurs fut Thatcher qui brisa durablement leur mouvement, «Par diverses lois et par le naufrage des industries traditionnelles, poursuit Bernard Gensane. Thatcher affaiblit un syndicalisme jusqu'alors puissant, et elle insulta la dignité et l'intelligence de la classe ouvrière en criminalisant sa résistance. (...) Elle glorifia les valeurs de décence (sauf pour faire mourir Bobby Sands à petit feu) et de parcimonie, alors qu'autour d'elle, ce ne fut qu'enrichissement fulgurant et corruption. Durant son règne de onze ans, la société britannique devint de plus en plus clivée et violente. Dans ce pays où l'on ne prenait pas forcément garde de fermer la porte à clé quand on partait de chez soi, toutes les habitations furent munies d'alarmes. Les familles se décomposèrent. Je n'en mettrais pas ma main au feu, mais je pense qu'il n'est pas totalement fortuit que les deux grands drames footballistiques des années 1980 (Le Heysel et Sheffield, 140 morts en tout) impliquèrent des équipes anglaises. Le symptôme de maux très profonds.» (4) Le «courage» contre la démagogie Le bilan des années Thatcher ne fut pas totalement négatif. En 1983, le gouvernement Thatcher augmenta les frais d'inscription pour les étudiants étrangers ouvrant ainsi la voie à l'augmentation ultérieure des frais d'inscription pour tous les étudiants, étrangers ou non,. Le troisième gouvernement de Thatcher (1987-1990) vit l'introduction d'une législation (Education Reform Act de 1988) qui modifie considérablement le système de financement des universités. Un système de contractualisation des universités est mis en place: pour recevoir des fonds publics, les universités doivent répondre aux appels d'offres du ministère et se conformer aux critères imposés par celui-ci. Les universitaires perdent la sécurité d'emploi et passent au régime général de contrats à durée déterminée. En pratique, le salaire des enseignants pouvait être modulé au mérite. (2) Je ne hurlerai pas avec les loups, tout n'est pas noir dans le parcours de Margaret Thatcher. Vouloir mettre de l'ordre et récompenser les besogneux au lieu et place des satrapes et des parasites qui ne créent pas de richesse ou spéculent, me paraît être une bonne chose. Margaret Thatcher était connue pour son franc-parler. En septembre 1981 elle déclare: «Ma politique est basée non pas sur des théories économiques, mais sur des principes avec lesquels moi et des millions de semblables avons été élevés: un honnête jour de travail pour une honnête paye; vivez selon vos moyens; gardez un pécule pour les jours de pluie; payez vos factures à l'heure; soutenez la police.», «Un homme, déclarait-elle en 1988,peut gravir l'Everest pour lui-même, mais, au sommet, c'est le drapeau de son pays qu'il va planter.» L'héritage de la fonction publique, héritage d'un jacobinisme français conduit à l'égalitarisme ravageur par le bas, les gens installés dans le confort de la titularisation à vie ne font plus rien, nous le voyons en Algérie quand quelqu'un est titularisé, il devient un intouchable et c'est un poids pour la société qui doit le subir toute sa carrière; la gangrène a gagné le corps de l'enseignement supérieur où le professeur «arrivé» s'installe confortablement dans le farniente et va investir d'autres domaines sociaux surtout la politique ou le commerce.(2) Les réactions à sa mort A l'extrême gauche, les journaux n'hésitent pas à rappeler que Margaret Thatcher était ́ ́la Première ministre la plus honnie de l'histoire du Royaume-Uni ́ ́. Sur son site, le Morning Star souligne ainsi qu'elle ́ ́n'a jamais failli dans sa détermination à traiter comme des moins que rien les travailleurs, et de mettre à mal les organisations et les services publics dont ils dépendaient, tout cela pour permettre aux riches d'être simplement plus riches ́ ́. Sur le plan international, le quotidien ne manque pas de rappeler qu'elle était ́ ́l'amie des tyrans qui s'en sont pris à Nelson Mandela, celle qui a remercié le dictateur Augusto Pinochet pour avoir apporté la démocratie au Chili', ou encore celle qui laissa mourir tant de républicains irlandais en lutte ́ ́. (...)Mais toute la presse ne rejette évidemment pas autant l'héritage de Margaret Thatcher. En ́ ́brisant le plafond de verre ́ ́ de sa classe sociale et en devenant la première femme Première ministre d'une nation développée, Margaret Thatcher est devenue ́ ́une politicienne d'envergure mondiale» (5), L'autre face de Margaret Thatcher Des documents déclassifiés, rendus publics mercredi, montrent une «Dame de Fer» brutale avec ses collaborateurs, amatrice de whisky et un peu pingre. Inflexible, faisant preuve «d'un degré de racisme personnel choquant», d'après Le Guardian. Les archives rendues publiques mercredi montrent notamment une Margaret Thatcher peu tolérante vis-à-vis des boat-people vietnamiens. Le Premier ministre «pensait que c'était une mauvaise idée d'attribuer à ces immigrés des logements sociaux alors que les citoyens blancs n'en recevaient pas. Cela créerait des émeutes», note un compte-rendu d'une rencontre entre Margaret Thatcher et son ministre des Affaires étrangères. Evoquant la situation en Rhodésie (ancien nom du Zimbabwe) dont Robert Mugabe, opposant au régime ségrégationniste d'alors, est devenu l'homme fort, elle confie en revanche «avoir moins d'objection à accueillir les réfugiés [blancs] de Rhodésie, de Pologne ou de Hongrie qui sont beaucoup plus faciles à assimiler». Les archives de Downing Street dévoilent aussi les projets les plus étranges de la «Dame de Fer». Margaret Thatcher proposa ainsi à son homologue australien d'acheter en commun une île indonésienne ou philippine pour héberger les boat-people.(...) (6) Elle est assurément la digne héritière de Joseph Chamberlain et de Cécile Rhodes équivalents anglais de Jules Ferry et de ses races supérieures et de Arthur de Gobineau avec son ouvrage. De l'inégalité des races qui comme ont le sait, sont les ferments qui ont fait le lit du nazisme. Il n'empêche, elle était profondément nationaliste. Elle le montra comme chef de guerre dans la guerre des Malouines où elle terrassa les Argentins sans état d'âme dans la plus pure tradition impériale. Sa politique d'apartheid est encore d'actualité: le Premier ministre a annoncé, lundi 25 mars, des restrictions aux droits des immigrés en matière d'accès au système de santé, d'aide au logement et à l'emploi. Margaret Thatcher restera dans l'histoire comme celle qui a mis à l'étrier l'ultralibéralisme en écrasant les faibles. Elle fit preuve aussi de nationalisme. Tous les ingrédients des crises financières actuelles vienent d'un mauvais départ de l'économie dans les années 1980. 1. http://www.legrandsoir.info/mais-ou-est-donc-passe-mark-thatcher.html. http://news.bbc.co.uk/onthisday/hi/dates/stories/january/12/newsid_2523000/2523841.stm 2. Margareth Thatcher: Encyclopédie Wikipédia 3. http://www.legrandsoir.info/margaret-thatcher-est-morte-mais-pas-ses-idees.html 4.http://www.legrandsoir.info/trois-mots-sur-thatcher.html 5. http://www.lemonde.fr/europe/article/ 2013/04/09/thatcher-adorez-la-ou-haissez-la_3156278_3214.html#xtor=EPR-32280229-[NL_Titresdujour]-20130409-[titres] 6. http://www.lefigaro.fr/international/2009 /12/30/01003-20091230ARTFIG00433-la-face-cachee-de-margaret-thatcher-.php