On voit que les relations internationales sont caractérisées par une férocité et une cruauté à visage découvert. Dans cette affaire de la prise d'otage et du paiement de la rançon, les Algériens auront été doublement les dindons de la farce. La première fois, par l'entrée en Algérie de la manière la plus clandestine qui soit des futurs otages autrichiens, suisses, et allemands à partir du territoire tunisien, à l'insu des services de sécurité algériens. Ce qui engageait leur responsabilité dans l'aventure qui leur est arrivée. En deuxième lieu, pour leur libération, les autorités allemandes auront versé une rançon de près de 5 millions d'euros, si ce n'est pas plus, qui devait fatalement servir à l'achat d'un armement neuf et sophistiqué pour alimenter les maquis du Gspc et leur permettre de semer la mort et le désarroi au sein de la population algérienne. En langage populaire algérien, on appelle ça: «Takhti rassi!». Quels sont les arrière-pensées qui sous-tendent un tel comportement allemand? Il s'agit certainement d'entrer dans les bonnes grâces des terroristes, pour éviter les attentats sur le sol allemand même, voire des prises d'otages comme celle dont il est question ici. Au plus fort de la violence sanguinaire terroriste, durant toutes les années 90, notre pays était seul à faire face à la violence terroriste. Non seulement on ne nous vendait pas les armes pour lutter contre les hordes barbares, mais en plus les principales villes occidentales étaient devenues des sanctuaires pour les activistes intégristes, qui pouvaient collecter des fonds, acheter des armes et des munitions, recruter des tueurs et des mercenaires, élaborer des brochures de propagande ou des manuels de fabrication des bombes artisanales, faire des prêches enflammés contre l'Algérie, son régime, son peuple. Dans certaines villes comme Hambourg et Francfort, Londres, Washington même, de véritables réseaux de soutien au terrorisme s'étaient constitués au vu et au su des autorités de ces pays. Il a fallu les attentats meurtriers du 11 septembre 2001 pour faire prendre conscience à ces gouvernements occidentaux du danger que représente le terrorisme international. Mais si les Etats Unis, frappés dans leur chair, ont pu obtenir par diverses pressions une solidarité des pays comme l'Allemagne et l'Angleterre, l'Algérie continue d'être frappée d'une certaine forme d'ostracisme, et malheureusement elle continue à être isolée sur le plan international. Malgré le retour dans nos aéroports de plusieurs compagnies aériennes, dont Air France, British Airways, Alitalia, on nous regarde toujours avec des yeux soupçonneux, comme si le terrorisme qui sévit chez nous était différent de celui des talibans ou d'El Qaïda, alors que les preuves de l'allégeance du Gspc au réseau de Ben Laden ont été plusieurs fois apportées. Et une fois de plus, on voit que les relations internationales sont caractérisées par une férocité et une cruauté à visage découvert. Presque tous les coups sont permis. Qui plus est, ce sont toujours les plus faibles qui paient. L'Algérie, déjà classée à la cinquième position par la Coface dans son tableau des risques pays, en matière d'investissement, est toujours vue par des pays comme l'Allemagne comme un pays infréquentable, malgré les potentialités de notre économie et le dynamisme de notre jeunesse, l'ouverture de la législation et l'entrée dans l'économie de marché. Les pays frères, arabes et musulmans, ont plutôt penché du côté des semeurs de morts et de désolation. Pour s'en sortir, l'Algérie ne compte que sur elle-même, et ce sont les multiples coups de boutoir des forces armées qui parviennent à disloquer les groupes terroristes. Les scissions et les luttes intestines qui marquent la vie du Gspc en sont une preuve vivante.