Revendiquée, l'officialisation de tamazight ne peut pas être dissociée de toutes les revendications démocratiques et de l'Etat de droit, estime un étudiant. La Kabylie célèbre aujourd'hui le double anniversaire du Printemps berbère du 20 avril 1980 et du printemps noir d'avril 2001. Cette année, c'est sous le sceau de la revendication de l'officialisation de la langue amazighe que l'événement sera organisé dans toute la région de Kabylie, bastion des luttes démocratiques. Mais ce n'est pas seulement en Kabylie que ce double anniversaire sera célébré. A Alger, ce sont les étudiants structurés autour du Mouvement des étudiants berbères (MEB) qui ont pris le relais en appelant à une marche qui s'ébranlera de la Faculté centrale jusqu'au Palais du gouvernement pour exiger l'officialisation de cette langue. «On ne veut pas que cette revendication soit confinée juste en Kabylie pour nous accuser par la suite de séparatistes. On veut faire entendre cette cause au niveau de la capitale et on veut que la revendication sorte du cadre des Kabyles, c'est pourquoi nous appelons aussi les Algérois et les étudiants des autres wilayas à participer à cette marche», explique un membre du MEB. Ce dernier déplore le fait que la langue amazighe soit toujours marginalisée en Algérie, 50 ans après l'indépendance, 33 ans après le Printemps berbère et 12 ans après le printemps noir. Pour les organisateurs de la marche, le statut de langue nationale accordé à cette langue de tous les Nord-Africains est juste «un statut sans effet imposé par la conjoncture des événements de 2001». D'ailleurs, dans les écoles de l'Algérie, l'enseignement de cette langue est facultatif. «Aujourd'hui, c'est le moment ou jamais d'officialiser cette langue et de dépasser certains autres problèmes politiques pour se consacrer au développement économique du pays», indique un autre étudiant, rappelant que le Maroc «a compris le cours de l'histoire et a officialisé la langue amazighe». Pour d'autres étudiants, le 20 avril n'est pas uniquement une occasion pour réitérer la revendication de l'officialisation de tamazight. «Il est l'événement fondateur du mouvement démocratique en Algérie, revendiquer tamazight ne peut pas être dissocié de toutes les revendications démocratiques de l'Etat de droit», souligne un membre du MEB. L'opportunité de l'officialisation de la langue millénaire des Algériens est d'autant plus offerte que le pays se prépare à adopter une nouvelle Constitution.