La chambre basse du Parlement vient de faire l'impasse sur l'ouverture du débat sur la corruption Les membres des deux chambres sont aux abonnés absents. Les rares tentatives d'amorcer le débat sur la corruption ont été avortées. A quoi servent les parlementaires algériens, si ce n'est pour prendre part à des conférences interparlementaires, à siéger dans des comités d'amitié ou à recevoir des délégations étrangères. Au moment où le chaudron social est en ébullition, où le débat sur le projet de révision de la Constitution et des scandales de corruption bat tout son plein, les membres des deux chambres sont aux abonnés absents. Les rares tentatives d'amorcer le débat sur la corruption ont été avortées. Cette timide tentative ne justifie en rien l'inertie, voire la paralysie de cette assemblée, appendice de l'Exécutif, quant aux questions attendues et intéressant l'opinion publique et relevant de l'avenir de la nation. La chambre basse du Parlement vient de faire l'impasse sur l'ouverture du débat sur la corruption. Une question lancinante et fondamentale ayant éclaboussé notamment la gestion de la rente des hydrocarbures. Le bureau de l'APN a refusé durant la session de l'automne d'inscrire une question orale relative à la corruption déposée par le député Lakhdar Benkhelaf du Front de la justice et du développement (FJD), au motif que l'APN était en congé. Cette question, dont le contenu se rapporte à une question d'actualité brûlante, est destinée au ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi. Sa conformité avec toutes les conditions requises dans les dispositions des articles 100 et 134 de la Constitution et de la loi organique fixant l'organisation et le fonctionnement du Parlement ainsi que sa relation avec le gouvernement, n'a pas empêché son rejet. Le second refus ou le blocage émane cette fois-ci du ministre chargé des Relations avec le Parlement, Mohamed Khoudri. Le motif avancé est que cette question pourtant étudiée et examinée par le bureau de l'APN «ne cadre pas avec les compétences du ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi». Donc, l'Exécutif qui enfonce par là même le clou vient, du coup, fermer cette illusoire et ultime fenêtre d'expression. Toutefois, le même député s'insurge contre la volonté des membres du gouvernement de trop minimiser le rôle de l'APN, en anéantissant cet unique outil de «questions orales» à la disposition des députés à même de tenter d'ouvrir le débat sur la corruption. L'évacuation délibérée de cette question est qualifiée de violation flagrante des prérogatives des parlementaires. De ce fait, le député, auteur de cette initiative, se dit contraint de recourir au Premier ministre auquel sera reposée cette question en espérant qu'elle relève de ses compétences. La possibilité d'ouvrir un débat sur la corruption et d'autres questions d'une très haute importance relève enfin de compte du tabou à l'Assemblée que d'aucuns qualifient d'«Assemblée croupion» et «chambre d'enregistrement». Outre cette mise sous le boisseau de «questions orales», les initiatives de députés sont quasiment nulles. Cela d'une part. D'autre part, paradoxalement, les conseils interministériel et des ministres se font de plus en plus rares depuis quelque temps. Cela pose avec acuité la problématique relative aux équilibres entre les trois pouvoirs et le rôle de l'APN qui persiste dans sa fonction de chambre d'enregistrement. C'est là que transparaît l'emprise de l'exécutif sur le législatif qui, encore une fois, relance le débat sur la séparation des pouvoirs. Alors que le gouvernement est confronté à une forte ébullition du front social, la généralisation de la corruption, et même des conflits sociaux particuliers, et un climat régional des plus déstabilisants, les députés ne bougent pas le petit doigt. Il faut dire que l'image véhiculée par la représentation nationale est le moins que l'on puisse dire affligeante et désespérante. L'APN tout comme le Conseil de la nation se sont révélés au grand jour comme de simples chambres d'enregistrement. De nombreux autres griefs sont formulés par les citoyens algériens à l'encontre de cette Assemblée. Le débat public sur la révision constitutionnelle est quasi inexistant. L'impuissance du Parlement et de la classe politique, par ailleurs, domestiqués, à ouvrir un débat sur quoi que ce soit ou à faire la moindre proposition de loi, offre un spectacle déplorable. Cette Assemblée persiste encore dans ses errements et à servir tout au plus de simple vitrine. Les députés mal élus sont issus d'une élection qui a connu une abstention record et continuent de se la couler douce. La majorité écrasante issue des deux appareils, FLN et RND, est accusée de faire barrage, annihilant toutes les rares tentatives des députés en vue d'amender certains articles. Pis encore, cette majorité est accusée de faire bloc en dévoyant et vidant de leur substance toutes les réformes initiées par le chef de l'Etat. L'APN, installée définitivement dans ses activités de routine, reprendra aujourd'hui ses travaux en séance plénière consacrée à la validation de la qualité de membre d'un nouveau député et au débat du projet de loi amendant et complétant la loi n° 04-08, relative aux conditions d'exercice des activités commerciales. Le feuilleton continue...