L'Assemblée populaire nationale (APN) est-elle à ce point sclérosée qu'elle reste muette devant des scandales de corruption impliquant de hauts responsables dont un ex-ministre? Comme tous les Algériens qui constatent, impuissants, que le phénomène prend des proportions dangereuses, les députés se plaisent dans une posture de spectateurs. Depuis l'éclatement de l'affaire dite Sonatrach 2, début février dernier, aucune initiative n'est venue de cette assemblée, exception faite de la question écrite du député du FJD, Lakhdar Benkhelaf, adressée au ministre de l'Energie et des Mines. Ce n'est pourtant pas les prérogatives qui manquent. Les députés peuvent auditionner le Premier ministre par un débat général sur une question importante, auditionner des membres du gouvernement par les commissions permanentes du Parlement, poser des questions orales et écrites ou faire des interpellations. Ils peuvent aussi instituer des commissions d'enquêtes sur des questions données. Avec toutes ces prérogatives, une APN sérieuse et légitime aurait certainement provoqué une avalanche d'initiatives. Comment expliquer donc cet immobilisme? Les observateurs estiment que l'APN n'est qu'une chambre d'enregistrement et un instrument entre les mains du pouvoir exécutif. Même le chef de l'Etat a réagi au scandale Sonatrcah 2, refusant de le «passer sous silence» et exprimant sa «révolte» et sa «réprobation». Pourquoi donc les députés ne prennent-ils pas acte et ne donnent-ils pas des suites à cette colère exprimée en haut lieu? A moins que les députés ne soient eux-mêmes corrompus, rien ne peut expliquer leur passivité. Durant la précédente législature, deux initiatives ont été avortées par l'APN. Il s'agit d'une demande de débat général sur la corruption faite par le RCD et d'une proposition de commission d'enquête sur le phénomène, initiée par Ali Brahimi. Face au silence des parlementaires, grassement payés, ce sont les citoyens, des syndicalistes et des militants des droits de l'homme qui réagissent avec le lancement d'une pétition, sans exclure un éventuel rassemblement ou une marche contre la corruption. L'objectif de cette pétition est de faire accepter aux autorités que des citoyens se constituent partie civile contre les auteurs incriminés dans les scandales qui éclatent. «Il est de notre devoir de citoyens de réagir pour un sursaut national afin de sauver la nation, même si la réglementation algérienne, pour défendre les prédateurs, ne permet pas au simple citoyen de se constituer partie civile. Nous devons par l'intermédiaire de cette pétition exiger que justice soit rendue et qu'elle punisse les responsables, commanditaires et profiteurs quel que soit leur statut ou leur rang», écrivent les initiateurs de cette pétition en se référant à certains articles de la Constitution.