Le parti du Chef du gouvernement et le MSP sont les seuls à ne pas douter de l'appel au dialogue de Bouteflika. M. Abdeslam Medjahed (FLN ) “C'est une utilisation politicienne de la crise” “Lors du meeting qu'il a animé la semaine dernière à Blida, le secrétaire général du parti a réitéré la nécessité d'ouvrir un dialogue et de trouver ainsi une solution à la crise de Kabylie et cela, en associant tous les acteurs sans préalable et sans exclusion. Il faut que le dialogue commence tout de même. La solution à cette crise reste une priorité pour ceux qui œuvrent pour l'intérêt général de ce pays. À chaque fois que le mouvement citoyen montre une disponibilité au dialogue, la présidence de la république cherche autre chose et ce, pour éluder la question du dialogue. À présent, la présidence entend passer une transaction avec le mouvement ou faire une opération de troc. Elle veut une transaction qui lui garantisse de gagner l'électorat de la région de Kabylie en perspective de la présidentielle de 2004, ou, à défaut, maintenir la pression sur la région jusqu'à après les élections et neutraliser ainsi ce même électorat. D'ailleurs, depuis le début de la crise, la présidence n'a à aucun moment déployé un effort allant dans le sens de son règlement. L'on n'a vu aucune mesure d'apaisement de la part de la présidence. On est en train de torpiller cet espoir de dialogue. La méthode adoptée pour résoudre la crise de Kabylie ressemble à celle avec laquelle sont traités les grands dossiers du pays. L'utilisation politicienne de cette crise par la présidence n'engendrera rien d'autre que des incidences dangereuses pour l'avenir du pays.” M. Abdelmadjid Menasra (MSP) “Les conditions sont réunies” “Le Mouvement de la société pour la paix se félicite et encourage toute initiative de dialogue, d'autant que le parti est persuadé que le dialogue reste le moyen civilisationnel susceptible de résoudre le conflit et de parvenir à la résolution de l'affaire des archs. Il était clair, depuis le début de la crise, que seul le dialogue serait en mesure de résoudre ce conflit. Nous souhaitons que les parties concernées fassent des concessions pour entamer le dialogue. Nul ne peut accepter de porter atteinte à l'unité nationale ou à l'identité nationale. Nous estimons que les conditions sont réunies pour mettre sur les rails le dialogue.” M. Miloud Chorfi (RND) “Nous sommes très optimistes” “Comme vous le savez, notre position par rapport à la crise qui couve en Kabylie se résume à l'appel au dialogue et à la sagesse. M. Ahmed Ouyahia, en tant que Chef de gouvernement ou secrétaire général, a toujours prôné le dialogue. Lors du dernier congrès et du conseil national, le parti a adopté une résolution en faveur du dialogue pour résoudre la crise de Kabylie. Après l'appel du président de la République, on est très optimiste sur le fait que la crise sera définitivement résolue. La région a trop souffert.” M. Djamel Fardjellah (RCD) “Le procédé est inadmissible” “D'abord, nous tenons à dénoncer cette manière de coupler la proposition de l'offre de dialogue à une mise en garde contre une éventuelle atteinte à l‘unité nationale. C'est une manière qui n'est pas du tout acceptable. Il est connu d'ailleurs qu'à chaque revendication démocratique, ce régime essaye de la coupler à une mise en garde de sa part. Bouteflika est mal venu pour suspecter une menace ou donner des leçons, dans la mesure où il est issu d'un régime qui a fait du régionalisme et du clanisme depuis 1962 les fondements de ce pouvoir. Il n'y a pas un Algérien plus nationaliste qu'un autre, il y a juste la manière de voir les choses. Sur le fond, je pense qu'il est nécessaire que certaines questions politiques passent par des assemblées élues ou autres institutions. C'est à l'Exécutif de les résoudre. J'estime que les poursuites judiciaires sont déjà un crime d'Etat. Il faudrait qu'on arrête les poursuites judiciaires contre les détenus qui sont en liberté provisoire. Ils ne jouissent pas de la plénitude de leurs droits civiques. Aussi, il est impératif de procéder à la dissolution des assemblées illégitimes. Lorsque ces conditions seront réunies, à ce moment-là, on pourrait évaluer la volonté politique du pouvoir.” Secrétariat national du FFS “C'est une supercherie politique” “Encore une supercherie politique d'un “président” déboussolé par ses appétits présidentiels voraces et son obsession maladive à faire plier le combat démocratique au profit de la régression politicienne et du clientélisme. L'appel au “dialogue” participe de la stratégie des généraux décideurs, déterminés à châtier la Kabylie pour son attachement à la démocratie. Quel crédit peut avoir l'annonce d'un “dialogue” de la part d'un chef d'Etat qui a promis publiquement, il y a des années déjà, de s'engager personnellement à faire la lumière sur l'assassinat du chanteur Matoub Lounès ? L'appel au “dialogue” lancé par Bouteflika aux archs est une opération élaborée dans les laboratoires et a essentiellement deux objectifs : substituer aux véritables médiateurs politiques des délégués autoproclamés, cooptés au gré des conjonctures, et refuser de s'engager dans une véritable solution politique qui impliquerait les politiques et les décideurs autour d'une charte démocratique dont la finalité serait de restituer au peuple algérien son droit le plus élémentaire : le droit d'avoir des droits.” R. H.