La délégation des archs a animé, hier, un point de presse au siège du Matin. D'emblée, Abrika, au nom du mouvement citoyen, fait le constat de «l'absence flagrante d'une volonté politique de la part du pouvoir de répondre positivement à l'exigence de l'officialisation de tamazight». Sans mâcher ses mots, le porte-parole de la délégation souligne que «l'entêtement du représentant de l'Etat à vouloir imposer la soumission de tamazight langue officielle au peuple algérien par voie exclusive du référendum, constitue une insulte et un reniement de l'identité amazighe des Algériens». Pour cette raison, le mouvement citoyen rejette la proposition d'Ouyahia qui constitue une «entreprise dangereuse de division du peuple algérien». Relevant les anomalies de cette proposition, Abrika indique que la «question amazighe, reconnue publiquement et officiellement comme étant légitime et démocratique, est reniée par les tenants du pouvoir». De ce fait, la délégation endosse au pouvoir «l'entière responsabilité de ce désaccord». Dans cette optique, le conférencier précise qu'il s'agit bel et bien d'un arrêt du processus du dialogue dicté par la remise en cause du fond de la plate-forme d'El-Kseur. Première réplique et conformément aux directives de l'interwilayas, les archs déclarent, d'ores et déjà, le rejet de la présidentielle 2004. A cet effet, il a été convenu la création d'une commission de réflexion pour la mise en oeuvre de cette position. Tout en rappelant le caractère pacifique et rassembleur du mouvement, Abrika ajoute que le combat continue tant que la plate-forme d'El-Kseur n'est pas satisfaite. Concernant le temps que peut demander l'officialisation de tamazight, le conférencier avoue: «Nous ne sommes pas trop pressés par le temps.» Dans la foulée, Abrika reconnaît qu'Ouyahia a essayé, en vain, de différer la question amazighe pour se pencher sur d'autres points. Interrogé sur l'alternative que propose la délégation pour solutionner le point 8 de la plate-forme d'El-Kseur, l'orateur relève que le mouvement rejette le référendum et c'est au pouvoir de trouver l'issue. Il est à rappeler que tamazight a bénéficié, en avril 2002, du statut de langue nationale par voie parlementaire. L'autre modalité que suggèrent, tacitement, les archs, dans l'étape actuelle, consiste en une révision globale de la Constitution. Mais, à en croire les délégués, il n'est pas question de soumettre au référendum uniquement l'officialisation de tamazight. D'après Abrika, aucun pays au monde n'a procédé da la sorte. Le délégué de Boumerdès, quant à lui, relève l'inconséquence des déclarations du pouvoir «qui a qualifié les revendications de légitimes mais ne veut pas les satisfaire». Gherbi, joint par téléphone, n'a pas mâché ses mots en fustigeant le pouvoir qui a leurré l'opinion nationale et internationale. «Comment appeler à la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur et proposer un référendum sur tamazight?» s'interroge notre interlocuteur. Après ce divorce forcé entre les archs et le pouvoir, la Kabylie va subir, encore une fois, les conséquences du profond malentendu qui a surgi en avril 2001.