Alors qu'il tendait à devenir un banal fait divers sous le coup d'une actualité nationale très dense, le procès du FLN risque de connaître un rebondissement inattendu. Le conseil d'Etat entendra aujourd'hui la réponse de la partie adverse, le ministère de l'Intérieur et les redresseurs, avant de fixer la date du verdict. Ce rendez-vous ultime sera l'issue d'un procès collatéral à une crise qui entame son dixième mois. La chambre administrative a gelé toutes les activités du FLN suite au verdict rendu le 30 décembre dernier. Cette décision a été prononcée à la suite d'une plainte déposée par les redresseurs contre le secrétaire général, Ali Benflis, contestant les résolutions du 8e congrès du parti tenu en mars 2003 à Alger. Un verdict qualifié de coup de force judiciaire par le secrétaire général du parti Ali Benflis. Ce «pronunciamiento juridique montre une fois de plus que le président de la République investi constitutionnellement de la mission de gardien du respect de la loi et du libre exercice des droits et des libertés constitutionnelles ne recule devant rien pour assouvir sa soif inextinguible de pouvoir», a-t-il déclaré alors. La direction légaliste a demandé en date du 27 janvier, un sursis à exécution et fait appel auprès du conseil d'Etat ; les deux audiences ont été programmées pour le 27 janvier avant d'être renvoyées à aujourd'hui. Inévitablement, le verdict remettra au goût du jour un contentieux extraordinaire dans la vie politique nationale. Le vieux parti, l'ex-parti unique, la machine électorale qui fait et défait les présidents se trouve traînée devant les tribunaux. Ou le conseil d'Etat confirme la décision de la chambre administrative à travers laquelle les activités du FLN sont gelées, où il va l'infirmer et la direction légaliste sera confortée dans ses thèses. «Normalement, le conseil d'Etat ne doit se déjuger et je pense que la commission installée par la présidente du conseil va dire le droit dans toute sa rigueur en infirmant la décision de la chambre administrative» a déclaré hier, un des avocats de la direction légaliste, M.Bergueul. Impliquant l'une des plus sensibles institutions de l'édifice républicain, la justice, le verdict ne sera pas sans conséquence. Par sa nature intimement liée à l'actualité politique qui bouillonne, il peut constituer un catalyseur pour le bien, comme pour le mal. Il ne peut être qu'à la faveur de l'un des deux potentiels candidats à la présidence de la république, M.Benflis ou M.Bouteflika. Aussi il est difficile de pronostiquer sur la réaction des cercles représentants ces deux candidats qui se sont jusque-là affrontés à la frontière du politiquement tolérable. La sensibilité de l'affaire a été telle que la présidente du conseil d'Etat, Mme Aberkane, a dû faire recours à une composition collégiale. En effet, cinq présidents de chambre vont siéger et prononcer le verdict. Une manière pour Mme Aberkane d'engager toute la responsabilité du Conseil d'Etat.