Le clash archs-pouvoir a replongé la Kabylie dans le doute et l'incertitude. En effet, désormais le cap est mis sur le rejet de la présidentielle et sur le retour des actions de rue. Cette option extrême ne manquera pas de charrier son lot de tensions et mettre la région dans une situation de déjà vu, allusion faite aux périodes préélectorales de 2002. A cet effet, les archs qui ont épuisé tous leurs arguments autour de l'officialisation de tamazight face à un Ahmed Ouyahia inflexible, se réuniront ce jeudi à Bounouh (Boghni) pour matérialiser cette gageure, jusque-là brandie comme simple épouvantail face aux tergiversations du pouvoir quant à la mise en application de la plate-forme d'El-Kseur. Le choix de Boghni pour accueillir cet énième conclave interwilayas est d'autant plus stratégique que symbolique lorsqu'on sait que le sud de la wilaya de Tizi Ouzou a tourné le dos, depuis longtemps, au mouvement. La proximité de Mechtras et des Ouadhias, fief des «ultras» de la Cadc a également motivé le choix qui est tout, sauf aléatoire. Un seul point et pas des moindres puisqu'il s'agit du rejet de l'élection présidentielle et de l'enclenchement de la campagne antivote sera à l'ordre du jour de ce conclave. Un rejet et une campagne dont les modalités techniques et les mécanismes seront consignés dans un document, élaboré sous réserve, depuis le conclave d'Azib Ahmed en décembre dernier. Cette relance de la protesta sera accompagnée d'une batterie d'actions dont Belaïd Abrika, contacté par nos soins nous dessine les contours. «Notre démarche sera résolument pacifique, puisqu'il s'agit d'une élection qui concerne tout le peuple algérien nous allons élargir notre champ d'action au territoire national», dira le porte-parole des «24». Dans ce sens, outre la Kabylie, des meetings sont prévus à Oran, Tlemcen, Ouargla et autres villes du pays pour faire «échec à la présidentielle et du coup disqualifier le système et, pourquoi pas, remettre en cause tous les scrutins qui se sont déroulés jusque-là.» Par ailleurs, les archs qui ont déjà le pouvoir en face, donnent l'impression de combattre sur tous les fronts. Ainsi, outre les anti-dialoguistes qui remettent en cause la démarche globale de leurs ex-pairs, le FFS courroucé au plus haut point par «le deal délégués-Ouyahia», les archs s'attirent les foudres du RCD que l'on sait partant pour la course vers El-Mouradia. Dans ce climat fait d'hostilité voire d'animosité, on compte beaucoup sur le verdict d'une population jusque-là gagnée par une lassitude de la chose politique et une démobilisation jamais atteintes auparavant.