L'importance du groupe auteur de l'attentat - une quarantaine, selon des témoignages - renseigne sur les nouvelles dispositions de l'organisation de Hassan Hattab. Sept gendarmes ont été tués et quatre autres blessés dans une attaque perpétrée par un groupe armé affilié au Gspc, organisation armée de Hassan Hattab, jeudi dernier, vers 13h 30, au lieudit Tighremt, entre Beni Kessila et Toudja, dans la wilaya de Béjaïa. Selon les premiers témoignages, il s'agirait d'une embuscade d'une très rare violence perpétrée «par une quarantaine d'éléments armés». La patrouille de gendarmerie s'était déplacée avec une douzaine de brigadiers et trois véhicules, suite à une plainte d'un citoyen auquel un camion a été volé (il apparaîtra par la suite que ce n'était, là, qu'un subterfuge tendu aux gendarmes). Connaissant l'endroit infesté de terroristes, surtout entre l'axe routier Toudja-Beni Kessila, région côtière de transhumance des groupes du Gspc et qui est située à la lisière de la dense forêt de Toudja, les gendarmes s'étaient déplacés en nombre. Toutefois, et à hauteur de Tighremt, petite ville côtière située à 45 km à l'ouest de Béjaïa, c'est un «véritable enfer» que la patrouille dût subir : des tirs au RPG7, au heb-heb et une panoplie d'armes automatiques avaient été utilisée pour venir à bout de la patrouille de gendarmes, dépassée par le nombre «très important» des assaillants et surpris par la violence des tirs. Le bilan a été désastreux: sept gendarmes ont péri sur le coup dans deux véhicules, complètement calcinés par le feu, et quatre autres touchés par les tirs, ont pu prendre la fuite à bord du troisième véhicule, criblé de balles, mais qui pouvait encore les mettre hors de danger. Des témoignages parlent aussi de l'acharnement du groupe terroriste sur les corps sans vie des gendarmes. Leurs armes et leurs habits militaires ont été pris et certains corps, précise-t-on, avaient subi des «mutilations atroces». L'importance du groupe armé, l'armement utilisé et la violence de l'attaque renseignent déjà sur les nouvelles dispositions de l'organisation de Hassan Hattab, hégémonique en région kabyle. Mais l'indice le plus inquiétant est le fait d'avoir perpétré cet attentat en plein jour, à une heure de grande circulation, 13h 30, sur cet axe routier très fréquenté. C'est le coup le plus dur porté à la gendarmerie depuis plusieurs années. Le Gspc s'était surtout distingué par son acharnement, depuis deux ans, sur les militaires et les policiers. Le 5 février, cinq policiers avaient péri dans un attentat à la bombe, près de Boghni. Une semaine auparavant, trois membres des forces de sécurité avaient été tués dans un faux barrage, entre Tizi Ouzou et Tigzirt, une petite ville de la côte kabyle. Dans le même endroit, deux militaires avaient été tués quelques jours auparavant, pour porter, à ce jour, le bilan à 20 membres des forces de sécurité tués dans les régions où active le Gspc, et à quelque 145 policiers, militaires et gendarmes tués depuis une année par les groupes se réclamant du Gspc. Déjà, le 30 décembre 2003, le Gspc s'était illustré en déplaçant la guérilla à Alger. Ce jour-là, en plein jour, deux policiers de faction avaient été tué à Belcourt par deux jeunes entre 20 et 25 ans, qui avaient agi avec une audace déconcertante. La région kabyle, secouée par une grave crise politique et sociale, reste la zone de prédilection des groupes armés affiliés au Gspc.