Sous la houlette des Américains, des Qataris et des Saoudiens, l'opposition syrienne discute à Istanbul de sa participation à Genève 2 Damas a l'intention de participer à la future conférence internationale de paix dite «Genève 2», a annoncé hier le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem. «J'ai fait part au Premier ministre (irakien Nouri al-Maliki) et à Hoshyar (Zebari, son homologue irakien) de notre décision de principe de participer à la conférence internationale qui doit avoir lieu à Genève», a déclaré M.Mouallem, chef de la diplomatie syrienne, lors d'une conférence de presse à Baghdad avec M.Zebari. «Nous pensons que cette conférence internationale sera une bonne occasion de trouver une solution politique à la crise en Syrie», a-t-il ajouté au cours de cette visite surprise dans la capitale irakienne. La conférence Genève 2 a été initiée par Washington et Moscou pour tenter de mettre fin au conflit syrien et devrait en principe se tenir en juin. Vendredi, la Coalition nationale de l'opposition syrienne avait réclamé des «gestes de bonne volonté» de la part du président Bachar al-Assad avant d'envisager sa participation. Dans le même temps, la Russie avait affirmé avoir obtenu l'accord de principe de Damas pour une participation. L'Irak, qui partage une frontière de 600 km avec la Syrie, craint que le conflit ne déborde sur son territoire et attise les tensions déjà très vives. Samedi, l'armée irakienne a lancé une opération de grande envergure destinée à sécuriser une zone désertique de l'ouest par laquelle transiteraient les militants sunnites en partance pour la Syrie. Des insurgés sunnites, dont certains sont liés Al Qaîda, ont installé des camps dans cette zone, selon des officiers supérieurs irakiens. «Nous sommes satisfaits des mesures prises par l'armée irakienne dans sa lutte contre les membres d'Al Qaîda», a réagi M.Mouallem. «C'est un problème irako-syrien, car (les militants) qui se trouvent en Syrie sont liés à ceux qui sont en Irak et vice versa», a-t-il jugé. L'Irak s'est toujours gardé de prendre position dans le conflit voisin, mais les Occidentaux l'accusent de fermer les yeux sur le transit par son espace aérien d'avions chargés en armes à destination de Damas. En réaction, l'Irak mène désormais à intervalles réguliers des fouilles inopinées sur ces appareils. Hier, un avion syrien en provenance de Moscou qui se rendait en Syrie via les espaces aériens iranien et irakien a été sommé d'atterrir à Baghdad et fouillé, selon le chef de l'Autorité de l'aviation civile irakienne, Nasser Bandar. Aucun matériel proscrit n'a été retrouvé à bord, a assuré M.Bandar. De son côté, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a exprimé hier l'espoir de faire avancer le projet d'une conférence internationale sur la Syrie mais souligné ses réserves à la participation de l'Iran. «Je vais accueillir lundi (ce soir) mes homologues américain et russe et nous allons discuter» de la préparation de la conférence internationale, a déclaré M.Fabius à des journalistes. La rencontre entre Laurent Fabius, John Kerry et Sergueï Lavrov est prévue à Paris pour faire le point sur l'organisation de cette conférence, initiée par Washington et Moscou et censée réunir à la même table des représentants du régime et de l'opposition. «J'espère qu'on va trouver des éléments pour que cette conférence ait lieu parce que la tragédie syrienne fait des morts, des dizaines de morts, tous les jours et qu'il faut trouver une solution politique», a ajouté le ministre français. «Il semble que du côté du régime de Bachar al-Assad certains noms ont été avancés» pour représenter Damas à la table des négociations, a-t-il ajouté, indiquant attendre que la coalition de l'opposition syrienne, réunie à Istanbul, «puisse faire de même».