se sont-ils rétractés après avoir subi des pressions ? La tournée des émissaires du pouvoir en Kabylie la semaine dernière visant à relancer le dialogue pour la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur, a suscité des remous au sein du mouvement citoyen. Les délégués de la CICB se sont-ils rétractés après avoir subi des pressions? La démarche prônée par ces émissaires, ex-dialoguistes, dérange-t-elle au point de pousser certains délégués à prêcher la violence, bafouant ainsi allègrement le code d'honneur du mouvement? Ou bien encore ces délégués veulent-ils faire croire qu'ils sont incontournables et, du coup, rejettent, par conséquent, toute idée de dialogue tant qu'ils n'ont pas été consultés ou que la présidence de la République n'a pas officialisé la demande? Autant de questions que le lecteur et surtout le citoyen algérien se posent, à juste titre, au lendemain de ce rocambolesque retournement de situation. L'analyse des démentis apportés par les 7 délégués de la wilaya de Béjaïa sur l'existence de ces contacts, faite par les observateurs de la crise en Kabylie, soulève des problèmes de représentativité géographique, de mandats, d'incohérences dans le discours par rapport à l'horizontalité de la représentation du mouvement et, enfin, des contradictions avec des déclarations antérieures qui concernent certains d'entre eux. En effet, hormis ceux parmi les délégués qui ont déclaré n'avoir pas été contactés par les émissaires, les autres ont outrepassé le caractère horizontal du mouvement qui ne les mandate pas à statuer individuellement sur les questions importantes qui intéressent le mouvement, avancent nos sources. En outre, la population des 52 communes de la wilaya de Béjaïa peut-elle se sentir engagée par des déclarations de délégués, dont certains sont en fin de mandat, voire rejetés par les citoyens? La question mérite d'être posée. Par ailleurs, il convient de souligner le cas pathétique de ce délégué d'une importante commune de Béjaïa, qui nie tout contact avec des émissaires qu'il a qualifiés de «mystérieux» après qu'il eut discuté avec eux, autour d'une table pendant plus de trois heures, le ramadan dernier. D'où la question de savoir si cette réponse n'est pas dictée par le seul souci de préserver un avenir dans un parti politique connu. Quant aux autres, à l'instar de Ali Gherbi, ne disaient-ils pas, au conclave de Semaoun, le 18 décembre dernier: «Il ne faut pas rater la chance de répondre favorablement au communiqué (de la présidence de la République, Ndlr)», ou bien encore: «Nous sommes prêts à débattre de toutes les revendications pour peu que les autorités (la présidence de la République, Ndlr) fassent preuve d'une réelle volonté de dialoguer et d'un règlement de la crise qui satisfasse toute l'Algérie». Nos sources font observer que le délégué influent d'El-Kseur a prouvé, par le passé, être en contact avec le pouvoir. Dans une interview à un quotidien francophone en date du 18 décembre, il répondait à une question sur les rumeurs qui circulaient sur un déplacement du Chef du gouvernement à Béjaïa en déclarant: «J'ai été informé personnellement par téléphone par la haute hiérarchie du pouvoir de la visite du Président de la République à Béjaïa où il devait annoncer solennellement la satisfaction de la plate-forme d'El-Kseur. J'ai fait part de ma désapprobation et déclaré que la plate-forme n'a pas besoin d'un tel déplacement...» De ce fait, les analystes ont du mal à comprendre cet excès de la part du délégué d'El-Kseur lorsqu'il mettait en garde les émissaires du pouvoir de s'approcher de lui au «risque d'être lynchés par la population». Si ces propos s'avèrent justes, c'est faire preuve de mépris à l'égard d'un mouvement d'essence pacifique et démocratique.