«Nous sommes un parti agréé par la force de la loi mais empêché d'activer par la loi de la force.» Le porte-parole du mouvement Wafa, Mohamed Saïd, a rendu public hier un communiqué en riposte aux déclarations faites la veille par Zerhouni, exhortant ses dirigeants à déposer plainte s'ils s'estimaient véritablement lésés. Il est ainsi rappelé au ministre de l'Intérieur que dès le mois de novembre 2000, au lendemain de la mise sous scellés des sièges de Wafa à travers tout le territoire national, Ahmed Taleb Ibrahimi, président du mouvement, avait clairement signifié son refus de recourir à la justice. Il avait, à cette occasion, souligné que «la question de Wafa était de nature politique et non pas juridique. (...) d'autant plus que l'institution judiciaire était et continue d'être instrumentalisée comme le confirment de récents évènements tels que le gel des activités du FLN, la mise sous mandat de dépôt du président de l'APC d'Oran ou encore la radiation d'un magistrat jugé indocile». Au risque de répéter des axiomes qui ne font plus l'ombre d'un doute aux yeux des juristes et constitutionnalistes honnêtes dans ce pays, le communiqué enchaîne pour rappeler que «la question de l'agrément de Wafa ne se pose aucunement (puisqu'aux termes très précis de l'article 22 de la loi organique sur les partis politiques) il ne subsiste plus que la publication au Journal Officiel du récépissé d'agrément». Cette démarche, s'indigne le communiqué, est «bloquée, opiniâtrement et illégalement, en application d'une politique opposée à l'émergence d'une opposition véritable qui n'a de comptes à rendre qu'à ses militants». S'exprimant toujours avec une hauteur de vue non dénuée d'ironie bien pesée, Mohamed Saïd précise que, partant des postulats énumérés précédemment, «la revendication des militants de Wafa ne porte aucunement sur l'agrément de leur parti mais sur la publication du récépissé d'agrément». Le couperet de cette polémique, que Zerhouni voulait enliser sur des terrains stériles, tombe sans appel: «Les militants de Wafa se sont toujours considérés, aujourd'hui plus que jamais, comme membres d'un parti politique agréé par la force de la loi mais empêché d'activer par la loi de la force.» Wafa, qui n'est plus aussi isolé qu'il l'était à une certaine époque de sa vie, rappelle également au ministre de l'Intérieur que «le bien-fondé de la cause (de cette formation politique) est partagé par la classe politique comme le démontre le mémorandum des dix sur les violations de la Constitution par le chef de l'Etat». Ce document, pour rappel, aborde ce sujet, mais aussi le cas du FD (Front démocratique) de Sid Ahmed Ghozali. En conclusion, le porte-parole de ce parti s'interroge sur les raisons qui poussent Zerhouni à relancer le sujet, lançant même un défi à Taleb en vue de le piéger, à la veille d'élections capitales pour le pays. Wafa, pour répondre à cette interrogation, estime que la sortie du ministre de l'Intérieur «relève de la manoeuvre la plus grossière pour détourner l'attention de l'opinion publique de la campagne de pressions et d'intimidations que mène le pouvoir contre les citoyens qui refusent de prêter allégeance au président-candidat».