La cérémonie de l'annonce officielle de la candidature de Ali Benflis a failli ne pas avoir lieu jeudi dernier à l'hôtel El Aurassi. Et pour cause: les responsables de cet établissement hôtelier n'ont donné leur OK définitif qu'à 3h dans la matinée de jeudi. Sallat, membre du bureau politique du FLN a dû veiller très tard durant cette nuit pour espérer obtenir la fameuse autorisation. Il faut dire que les autorités ont joué avec les nerfs des responsables du bureau de campagne de Benflis, bien que ces derniers eussent introduit la demande 48 heures avant. Une heure auparavant l'allocution du candidat Benflis, la salle était archicomble et les militants du FLN continuaient à affluer de partout. Les gens sont venus de toutes les wilayas limitrophes, de Tizi Ouzou et de Béjaïa qui formaient le gros du contingent présent dans la grande salle de l'hôtel. 5000 personnes environ se sont entassées dans la grande salle qui ne peut en contenir théoriquement que 2500. Tout le staff de Benflis, à commencer par le numéro 2, le président du parlement Karim Younès, les responsables actuels, Sallat, Medjahed, Aberkane, Attar, Mme Cheriet, les anciens ministres, les sénateurs et les parlementaires, le transfuge du PRA, Sofiane Djillali qui a rejoint le bureau de campagne, d'anciens responsables tels que Benhamouda, Kherroubi, Belayat, Lekhdiri, le colonel Senouci et bien d'autres personnalités de la société civile à l'image de Mme Boumediene; l'ancienne championne du monde, Hassiba Boulmerka, Mme Leïla Aslaoui, Brerhi, etc., ont partagé avec les autres citoyens ce moment populaire que les organisateurs ont voulu lui donner. Un tube dédié au candidat Benflis, chanté par Mazouni est plusieurs fois remis. Aucun candidat du groupe des dix n'a été invité pour la simple raison, nous explique-t-on d'«éviter de donner encore du grain à moudre aux adversaires qui ne manqueront pas de ruer dans les brancards et brandir l'accusation déjà entendue, que le groupe des dix a été constitué pour faire barrage à Bouteflika». La famille médiatique était venue en masse. La presse nationale en tête. Parmi les chaînes étrangères présentes à ce rendez-vous, il y a lieu de signaler les chaînes de télévision satellitaires arabes, MBC, LBC, El Arabia, et françaises telles que la 2 et F3, les chaînes de radio et correspondants de la presse écrite dont celui du Figaro. L'hymne national est entonné et électrifie davantage l'atmosphère. Le décor était planté pour permettre à Benflis de lire sa déclaration, mais c'était sans compter sans l'imagination populaire. Le fils du mouhafedh de Tizi Ouzou, Arbouche monte dans la tribune et remet à Benflis, devant une assistance ahurie, une clef en argent provenant de la ville d'Ath Yenni: «Je vous remets les clés d'El-Mouradia.» Un tonnerre d'applaudissements s'ensuit et des slogans fusent instantanément: «Benflis président ! Benflis président!»; «Libérez Djellouli»; «Zerhouni assassin»; «Ulac smah ulac»; «Assa azzeka FLN yella yella». L'assistance remet ça quelques minutes plus tard quand Benflis annonce solennellement sa candidature à l'élection présidentielle. Juste après son discours, Benflis organise un point de presse dans une petite salle qui s'est avérée trop exiguë. Il est assailli de questions «gênantes» et répond pratiquement à toutes les interrogations des confrères parfois en esquivant la question. Il organise un petit tour d'honneur dans la grande salle des banquets pour saluer ses partisans et les nombreuses personnalités qui n'ont pas pu l'approcher. Une voix se fait entendre: «Benflis, nous t'assurons 3 millions de voix du vote kabyle.» Notre journaliste le «cueille» malgré le cordon de sécurité et lui pose deux questions à brûle-pourpoint. Que répondez-vous à tous ceux qui vous soupçonnent de crédibiliser une élection jouée d'avance? «Je suis engagé dans cette élection pour gagner et je vais gagner. Ecrivez cela.» On dit que vous êtes le parfait lièvre de Bouteflika ?: «Qu'importe ce qu'ils disent!»