L'émissaire américain James Dobbins devait s'entretenir hier à Kaboul avec le président afghan Hamid Karzaï pour raviver l'espoir de négociations de paix né la semaine dernière de l'ouverture d'un bureau des rebelles taliban à Doha mais refroidi par les protestations de Kaboul. James Dobbins, envoyé spécial de Washington pour le Pakistan et l'Afghanistan, va «rencontrer le président (Karzaï) aujourd'hui (hier, Ndlr)», a affirmé hier un haut responsable afghan sous couvert de l'anonymat. Cette visite a également été confirmée par un responsable américain à Kaboul. L'ouverture mardi dernier dans la capitale qatarie du bureau taliban a semé la confusion: perçue dans un premier temps comme une occasion historique de relancer les discussions pour mettre fin à près de 12 ans de conflit, l'installation de la représentation taliban a en fait provoqué la colère du président Karzaï. Pour deux raisons: l'annonce précipitée par Washington de l'envoi d'émissaires sur place et l'utilisation par les taliban de signes (plaque, drapeau) faisant référence à l'émirat islamique d'Afghanistan, soit le nom du gouvernement des insurgés avant sa chute en 2001. Cette opération de communication des talibans, avec des images du drapeau relayées sur Internet par les réseaux sociaux, pouvait donner l'idée que les insurgés avaient ouvert leur propre ambassade au Qatar, voir y avaient établi une sorte de gouvernement en exil. D'où la fureur du gouvernement de Kaboul, soutenu depuis 2001 face aux taliban par une coalition internationale menée par les Etats-Unis. Ce drapeau a depuis été retiré et la police qatarie a emporté le mât sur lequel il avait été levé, selon la présidence afghane. Washington a également fait marche arrière et le secrétaire d'Etat américain John Kerry a averti samedi, lors d'une visite à Doha, que les Etats-Unis n'étaient pas encore prêts à rencontrer des représentants taliban. Si les taliban ne répondent pas aux préoccupations de Washington, «nous pourrions être amenés à envisager la fermeture du bureau» taliban de Doha, a menacé M.Kerry.