L'histoire retiendra que tous ceux qui ont présidé aux destinées du pays étaient issus du FLN. Le conseil d'Etat statuera demain, après moult reports, sur le recours déposé par les légalistes du FLN suite à l'invalidation du 8e congrès. A la veille de cet important rendez-vous juridique, le candidat Bouteflika vient de jeter un pavé dans la mare, lors de l'annonce officielle de sa candidature avant-hier à l'hôtel El Aurassi, en déniant à Ali Benflis le droit de s'adjuger la légitimité du parti. «Le FLN appartient à tous les Algériens», s'est-il écrié avant de saluer Hadjar, un acharné «redresseur», en tant que représentant légitime du FLN: «Je remercie le FLN, le MSP et le RND qui se sont alliés pour ma réélection». Un procès politique qui précède celui devant être rendu par la justice. Cependant, il est à préciser que M Bouteflika s'est immiscé dans les affaires internes du FLN non pas dans son habit de chef d'Etat, mais dans celui d'un candidat tentant de s'attirer des soutiens au même titre que ses adversaires. Ainsi, l'énigme se résout d'elle-même. En effet, en se prononçant sur ce qu'il a toujours considéré «extrinsèque» à ses préoccupations, le candidat président a estimé que le temps de se mettre en selle en prévision de l'échéance présidentielle a sonné. Tel que l'échiquier politique se présente, il va de soi que M.Bouteflika s'appuiera assidûment sur les «redresseurs» du FLN qui se sont battus bec et ongles en vue de mettre l'ex-parti unique dans son escarcelle. Dans cette optique, il y a lieu de citer l'alliance présidentielle à laquelle le mouvement de Belkhadem a joué un rôle primordial pour son édification. Aussi, le président sortant, dans sa quête d'un second mandat, veut neutraliser Ali Benflis, lequel sous le sigle du parti peut s'avérer un sérieux concurrent. L'histoire retiendra que tous ceux qui ont présidé aux destinées du pays étaient issus du FLN. Comme il n'est un secret pour personne que l'un des piliers de la stratégie électorale de Bouteflika reste indéniablement l'aile des «redresseurs» qui lui a déroulé le tapis rouge, d'abord en l'exhortant à briguer un second mandat, puis en formant des comités de soutien en sa faveur. A bien voir la tendance qu'affiche chacun des blocs antagonistes se disputant le contrôle du FLN, il n'est pas étonnant d'entendre Bouteflika se ranger du côté qui lui est favorable, surtout quand cela intervient dans un contexte opportun. Cette opportunité, bien entendu, a trait à l'annonce de candidature où les surenchères électoralistes sont plus ou moins permises. Car faire un pareil procès en tant que premier magistrat du pays, serait assimilé à un parti pris injustifiable. Néanmoins, le procès avant terme, de surcroît politique, du candidat Bouteflika sera scrupuleusement disséqué par le conseil d'Etat qui tranchera dans l'affaire du FLN. Une fois la sentence rendue, l'on saura si Bouteflika est dans la raison ou dans le tort. En tout cas, les deux parties en conflit se disent «respectueuses» de ce que la justice aura à décider. Du coup, la bataille politique autour de cet appareil où la passion est inévitable devra se dissiper dans le sillage de la fermeté judiciaire.