Les jeunes ont mis le feu à la Maison de la culture et à une salle de sport. Malgré les mesures prises par les services de sécurité pour faire de la visite du président-candidat une fête, cette virée à Touggourt a allumé le feu au sein de la population locale. Juste au passage du cortège présidentiel pour une virée à la zaouïa Tidjania, des jets de pierres ont brisé les carreaux de voitures officielles. Beaucoup de voitures ont filé à toute allure. Le salut des occupants n'est dû qu'à la perspicacité des chauffeurs. Il a fallu plus de deux heures pour arriver au point de la visite. Les journalistes venus couvrir la visite présidentielle ont été «happés» par une foule en folie scandant des slogans défavorables au président de la République. Toutes les localités traversées bouillonnent. Pourtant, au centre-ville de Touggourt, l'accueil a été chaleureux. Les jeunes étaient là, à applaudir le chef de l'Etat, mais, on sentait déjà une certaine atmosphère chargée d'électricité. L'on doute que cette visite du président dans la wilaya de Ouargla a été l'occasion pour les populations locales pour exprimer leur désespoir. Les informations parvenant du chef-lieu de wilaya a réveillé «les rancoeurs» cachées. La veille déjà, la sûreté de wilaya a «conseillé» aux commerçants de fermer boutique. Au-delà de cette menace qui ne dit pas son nom, ici, à Touggourt on s'attendait à ce réveil brutal des masses. Si les jets de pierres peuvent être pris à la légère par les officiels, le feu mis à la Maison de la culture après des «affrontements» entre population et forces de l'ordre, au centre-ville, témoigne de toute la colère enfouie au sein de la société. Les personnes rencontrées au cours de cette chasse déclarent qu'elles étaient frustrées. «Nos richesses sont exploitées par le Nord. Nous n'avons jamais bénéficié de quelque chose.» Les promesses faites ne sont que «des mensonges électoralistes», dira cet enseignant, cagoulé pour la circonstance. La ville a pris un autre aspect. Tout est arraché. Des groupes de jeunes criant des slogans contre Bouteflika sont là, pour exprimer des sentiments contraires au discours redondant au président. A l'heure où nous mettons sous presse, la ville de Touggourt est encore ravagée par des émeutes qui sont parties pour durer toute la nuit.