Corruption, pression, promesse du paradis! Telle semble avoir été la mission du prince saoudien, Bandar ben Sultan -chef du renseignement du Royaume wahhabite - qui eut au début du mois d'août une rencontre avec le président russe, Vladimir Poutine. La Syrie était au centre du débat. Le prince Bandar voulait convaincre la Russie de «lâcher» le président syrien Bachar al-Assad. Pour ce faire, l'envoyé de Riyadh proposa à la Fédération de Russie un «mirobolant» contrat d'achat d'armes. La proposition a été sèchement - quoique poliment - rejetée par le chef de l'Etat russe. L'argent peut-il tout acheter? Y compris les âmes et les consciences? C'est du moins ce que semblait penser l'Arabie Saoudite en initiant une démarche à tout le moins absurde. En fait, Riyadh proposait, ni plus, ni moins - contre quelques milliards de dollars - à la Russie de se retirer du dossier syrien. Avec en filigrane l'abandon d'un peuple en danger de mort face à des rebelles et des jihadistes soutenus, outre Riyadh, par le Qatar, les Etats-Unis et la France en particulier. De fait, la guerre en Syrie sortirait ainsi des normes militaires ou d'une guerre civile. Ainsi, des pays par «rébellion» interposée veulent faire chuter par tous les moyens un pouvoir qu'ils n'ont pas réussi à neutraliser. La pseudo-opposition n'ayant pu abattre le régime syrien, ses parrains saoudiens, notamment s'impatientant prennent ainsi les choses en main, en tentant de contrôler les soutiens à Assad. De fait, la proposition d'achat d'armes russes par l'Arabie Saoudite s'apparente - en l'état actuel des rapports géopolitiques dans le monde - ni plus ni moins qu'à de la «corruption». En effet, le contrat d'armements proposé à Moscou, avait-il d'autres objectifs - pour un pays qui croule sous les armes de tous acabits - que de neutraliser la Russie? A quoi peut bien correspondre «l'énorme» contrat dont le coût serait de 15 milliards de dollars, appuyé par la promesse de «vastes» investissements saoudiens en Russie?» En outre, selon ce qui se serait dit lors de la rencontre du président Poutine avec le prince Bandar, celui-ci aurait affirmé que Riyadh était prêt à «aider» Moscou «à jouer un rôle plus important au Moyen-Orient au moment où les Etats-Unis se désengagerait de la région» ont indiqué des diplomates dans la capitale russe. Appréciez-le «quand Washington se désengagerait». Notons qu'en décembre 2011, Riyadh avait signé un contrat d'achat d'avions de combat aux Etats-Unis, dont la facture est évaluée à la modique somme de 29,4 milliards de dollars. En plus, promesse a été faite pour un renouvellement de la marine de guerre saoudienne pour un contrat estimé à quelque 60 milliards de dollars. Donc, l'Arabie Saoudite serait engagée pour près de 90 milliards de dollars d'achat d'armements aux Etats-Unis pour les 25 prochaines années. Toutefois, au-delà de cette boulimie pour les armes de guerre, la question qui se pose est de savoir ce que Riyadh compte faire avec cet incroyable amas d'armes US, et/ou éventuellement russes? Riyadh veut aider le complexe militaro-industriel US et désintéresser la Russie de la question syrienne. Mais encore? Contre qui s'arme donc l'Arabie Saoudite? Certes, Riyadh a fait le choix de devenir le «gendarme» du Moyen-Orient et de sous-traiter pour des puissances extra-régionales. Il semble cependant que la priorité aujourd'hui pour le Royaume wahhabite est de jeter un sort au régime de Assad. Cela coûte que coûte, en y mettant le prix et en achetant, si besoin est les consciences. Ainsi, à en croire des sources diplomatiques à Moscou, le prince Bandar aurait fait comprendre aux Russes, que si la Russie refuse de lâcher Assad, «la seule option était donc militaire en Syrie et qu'il fallait oublier Genève car l'opposition ne s'y rendrait pas». Moscou prépare, en effet activement une conférence internationale dite «Genève 2» sur la Syrie. Décrypté, cela à un fort relent de chantage. Toutefois, de la pression, Riyadh passe aux promesses, dès lors que le prince Bandar aurait aussi affirmé au président Poutine que «quel que soit le régime» qui succèderait à celui de M.Assad, il serait «entièrement» entre «les mains des Saoudiens» (qui) ne permettraient à aucun pays du Golfe «de faire tran- siter son gaz par la Syrie pour concurrencer le gaz russe en Europe». Corruption, chantage! Après le Qatar qui voulait avoir la haute main sur la Syrie après la chute de Assad, voilà donc l'Arabie qui lève le voile sur ses intentions. A quoi joue Riyadh? Plus de 100.000 Syriens seraient-ils donc morts, juste, pour donner au Royaume wahhabite la mainmise sur leur pays? Et vous parlez encore de «Printemps arabe»?