«Les pyramides d'Egypte sont les plus anciennes bibliothèques du genre humain.» Extrait de L'esprit de Rivarol La guerre idéologique et fraternelle entre les frères égyptiens a démontré une nouvelle fois une chose. Les télévisions publiques et privées roulent toutes pour le système et le pouvoir en force au Caire. Comme lors des événements entre l'Algérie et l'Egypte, c'est le même système médiatique qui a été déclenché contre les Frères musulmans faisant d'eux l'ennemi public N°1 en Egypte. Il faut dire que les télévisions égyptiennes ont toujours obéi au pouvoir en place. Créés dans les années 1970 et placées sous la tutelle directe du ministère égyptien de l'Information. Les deux télévisions d'Etat qui sont devenues plus tard Al Masriyah, dans sa version satellitaire, se sont décomposées en six chaînes régionales diffusées dans les différents gouvernorats qui composent le pays. Le gouvernement de l'époque dirigé par le président Sadat, puis par Moubarak contrôle également tout le bouquet Nile TV (diffusant en anglais, français et hébreu) et plusieurs chaînes thématiques (Nile Drama, Nile Family, Nile News). L'arrivée du satellite Nil Sat et Arab Sat et l'augmentation de la capacité de diffusion pour les Egyptiens poussa le pouvoir de Hosni Moubarak à créer dans les années 2000 une multitude de chaînes de télévisions privées mais toutes acquises au pouvoir en place. C'est ainsi qu'a été créé le 2 novembre 2001 le bouquet Dream par l'homme d'affaires Ahmed Bahget, propriétaire de Dreamland complexe de loisirs et résidentiel près du Caire. C'était la première chaîne satellitaire égyptienne privée qui a répondu à l'appel du gouvernement pour créer en Egypte des chaînes privées satellitaires pour une diffusion en «zone franche». Bahgat a même accepté qu'une partie de Dream TV soit prise par le groupe étatique de Radio égyptienne et Union de télévision (Ertu). L'Ertu est également le principal actionnaire d'Egyptian Media Production City et Nile sat, qui sont tous deux groupes audiovisuels essentiels pour les activités des radiodiffuseurs privés. En conséquence, il y avait des limitations imposées à la programmation de Dream TV par Ertu. Le pouvoir pouvait donc suspendre la chaîne si celle-ci critique le pouvoir en place. Depuis son lancement, Dream TV a reçu des avertissements répétés sur le contenu de ses programmes politique et surtout sexuel. La chaîne a été la première télévisions arabe a aborder certaines thèmes tabous comme la sexualité, le harcèlement sexuel ou encore les MST. En plus du groupe Dream, il y a également le groupe Al Hayat Channel, ou encore le groupe CBC (Capital Broadcast Channel), des chaînes qui diffusaient essentiellement pour les téléspectateurs de la grande ville du Caire mais qui, finalement, sont regardées par tout le monde avec l'avènement de la télévision par satellite. Le groupe CBC est un ensemble de chaînes créées juste après la révolution arabe en 2011. Toutes ses télévisions privées sont au service de la propagande militaire du général Al Sissi. Elles dénoncent le mouvement des Frères musulmans et ont joué un rôle fondamental dans l'affrontement entre les islamistes et la rue, principalement El baltaguya, surtout durant l'assaut de la mosquée El fath. Ces télévisions privées vont encore plus loin dans leur logique de soutien que les télévisions étatiques. Elles invitent sur leur plateau des généraux à la retraite pour appuyer l'action d'Al Sissi et surtout donner la parole à des enquêteurs de la police qui justifient la répression contre les islamistes pro-Morsi. En Egypte, la propagande audiovisuelle est au service exclusif de l'armée et du pouvoir en place. [email protected]