Le roi du Maroc au Sahara occidental ! Que veut prouver le souverain, alors que le contentieux est toujours sous la supervision de l'ONU? Le roi du Maroc Mohamed VI a donc effectué jeudi et vendredi sa «tournée des popotes» au Sahara occidental, territoire contesté dont le dossier est pris en charge par les Nations unies. Deux ans après sa montée sur le trône chérifien, le jeune roi éprouve donc le besoin de mettre à l'épreuve sa royauté au contact d'un peuple auquel il refuse le droit le plus inné celui de s'exprimer librement et de choisir son avenir. Prend-il ainsi la relève de son défunt père Hassan II qui n'a pu mener à terme son projet de referendum «confirmatif» de la marocanité du territoire sahraoui? Le jeune héritier du trône, en organisant une «visite» au Sahara occidental, pense-t-il ainsi contourner les difficultés et dire qu'on est là et bien là? Ce n'est pas aussi simple que la propagande royale veut le faire croire. Le conflit reste du ressort des instances internationales et tant que le peuple du Sahara occidental n'aura pu choisir, dans la liberté et la transparence, sa destinée future le dossier demeurera ouvert. La précarité même du contentieux sahraoui est le fait du refus du royaume marocain d'honorer ses engagements envers le dossier et singulièrement envers les instances des Nations unies devant lesquelles Rabat s'était engagée. En faisant capoter le plan de paix représenté par l'accord de Houston, accepté par le Maroc et le Front Polisario, les stratèges marocains ne font que reculer pour, sans doute, mieux sauter! La question sahraouie est un problème de décolonisation inscrit de longue date aux Nations unies et qui aurait pu trouver une issue honorable pour tous si dès son avènement le palais royal avait accepté le fait que les Sahraouis étaient des hommes dignes de choisir leur devenir. Et non point des sujets qui n'ont d'autre alternative que de se soumettre. De fait, en négociant avec le Front Polisario sous l'égide de l'ONU, le Maroc a bien été obligé de prendre acte du combat de ce peuple. Cette reconnaissance s'est traduite dans les avenants de l'accord de Houston, agréé par Rabat et le Front Polisario, mais que le Maroc s'est empressé de rendre nul et sans effet. L'accord de Houston représentait pour la communauté internationale la seule «solution juste et durable du conflit» à même «d'éviter le retour à la guerre». Ce que le Maroc n'entend pas de cette oreille, lui qui persiste dans sa politique de blocage peu productive et à terme dangereuse. La «visite» impromptue du souverain marocain dans les territoires sahraouis occupés n'est pas faite pour clarifier les choses. Bien au contraire! D'autant que le projet de «troisième voie» concocté par le représentant personnel du secrétaire général de l'ONU, James Baker, et rejeté par le Polisario se trouve dans l'impasse. Ceci à quelques semaines de l'échéance de fin novembre fixée par le Conseil de sécurité de l'ONU. Mohamed VI à El-Ayoun, sans rien apporter à la recherche d'une solution juste au contentieux, n'a, en revanche, fait qu'éloigner davantage les rivages de la paix au Sahara occidental.