Dès 1999, Ouakal Rachid, dit «Abou Tourab», est considéré comme le n°2 de Zouabri. Le onzième émir national du GIA succède donc à Antar Zouabri, à un moment où l'organisation n'en finit pas de manger son pain noir. De toute évidence, le communiqué placardé dans certains quartiers de Blida est destiné à mettre en émoi la population locale et à réchauffer le coeur des cellules dormantes dans les agglomérations urbaines, à la périphérie de la Mitidja. Mais qu'on ne s'y trompe pas: ni le nouvel émir ni le GIA actuel ne sont ce qu'ils étaient. Selon un témoin de la lente désagrégation du GIA, Boumehdi Djelloul, alias Abou Oubaïda, et qui a vécu pendant sept ans dans le sillage de Antar Zouabri et de la katiba El-Khadra, il ne reste plus, en tout et pour tout, que 43 hommes dans les structures du GIA originel, c'est-à-dire version Zouabri. Et si l'on soustrait les trois hommes, Zouabri, son artificier et son éclaireur, abattus par les forces de sécurité, le 8 février dernier, en plein centre de Boufarik, il ne restera, au plus, qu'une quarantaine d'éléments armés diminués dans le massif blidéen et activant dans le triangle Blida-Médéa-Aïn Defla. La prise du commandement du GIA par Ouakal Rachid, dit Abou Tourab, a obéi à une courbe ascendante que celui-ci a suivie depuis 1998, année où il est «passé» chef de groupe, non pas dans la katibat el-khadra, comme rapporté par la presse, mais dans le groupe (très réduit) d'El Aouaouka, à la tête duquel il remplaça l'émir Abdenour. Dès 1999, Ouakal Rachid est considéré comme le n°2 de Zouabri. Natif de Boufarik, celui-ci est, tout comme son émir, imprégné des idées kharidjites, takfiries et ostensiblement guerrières. Son communiqué du 13 février le confirme: «Non à la trêve, non au dialogue, non à la réconciliation! Le sang et la destruction, le sang et la destruction! (...) Et nous continuerons à les poursuivre et à les tuer, à prendre leur tête, leur femme et leur argent, partout dans les villes, les villages et le désert». Ce communiqué, qui transpire la rage, la haine et la guerre, n'occulte pas, toutefois, l'essentiel: l'impuissance. Car rien n'est plus désormais comme avant, et la lente désagrégation du GIA est évidente. Les groupes de l'Ouest s'en sont définitivement détachés, et le peu d'hommes, dont dispose Oukal Rachid ne peut faire le poids face à houmât Edaâwa Essalafia, la Djemaâ El Moukatila, et autres groupes (d'à peine une poignée d'hommes) qui activent dans le pourtour des monts de l'Ouarsenis. Toutefois, il ne faut pas sous-estimer la capacité de nuisance dont dispose encore le GIA actuel, version Ouakal Rachid. Mais là, ce ne seront pas les 40 hommes armés dans les maquis de Chréa, Djendel, Oued Djer et Boumedfaâ qui feront courir les services de sécurité, mais les cellules dormantes, sorte de groupes destinés à intensifier les attentats à la bombe et créer, de la sorte, une psychose. A partir de l'année 2000, c'était Ouakal, qui avait mené pratiquement toutes les opérations du GIA, devenant de fait l'émir sur le terrain des opérations: 156 personnes assassinées entre janvier et septembre 2000, à Berrouaghia, Khemis Miliana, Mouzaïa, Oued Romane, H'malite. Il a aussi mené les attaques perpétrées à Benchicao, le 14 octobre 2002, où six personnes furent tuées dans un faux barrage. Celle de ouezra, le 14 octobre ou douze autres ont été massacrées. Celle d'El-Ancer, le 19 janvier 2001, où onze personnes ont été tuées au quartier dit Ktiten, et la liste est encore très, très longue. Le «dernier carré d'as», qui était destiné à choisir un remplaçant pour Zouabri, était composé de Ouakal Rachid, dit Abou Tourab, Bounedjerad Ahmed, dit Abou Dher, Bechroul Miloud, dit «Khaled El Fermeche» et Mohamed Gablache. Mais comme pour les affaires politiques, les affaires sociales se traitent aussi sur la base d'affinités, de «houmisme» et d'audace. Sur ces plans-là, le natif de Boufarik était le mieux indiqué.