Les réactions vont de la ferme condamnation à l'inquiétude quant aux conséquences de cet assassinat. L'assassinat du cheikh Ahmed Yassine n'a laissé, pour ainsi dire, personne indifférent. Le monde entier a réagi à cet acte de terrorisme d'Etat. La réaction la plus virulente est venue des territoires occupés et dans la sphère islamiste mondiale. Ainsi, un dirigeant du mouvement palestinien Hamas, Abdel Aziz Al-Rantissi, a déclaré: «La guerre est désormais ouverte» avec Israël. Les Brigades des martyrs d'Al-Aqsa, un groupe lié au mouvement Fatah, a promis une réplique «dans les heures qui viennent». Le dirigeant palestinien Yasser Arafat l'a dénoncé comme un «crime barbare» et décrété trois jours de deuil dans les territoires palestiniens. Pour le leader palestinien, cet assassinat «renforcera l'unité nationale palestinienne face à ce crime et aux complots barbares d'Israël qui ont dépassé toutes les lignes rouges». L'autre réaction enregistrée dans les territoires occupés, en sus d'une marche spontanée, l'entrée en grève de la faim de quelque 7500 Palestiniens détenus par Israël pour protester contre la liquidation par Israël du chef spirituel de Hamas. Cette action, observée par l'ensemble des détenus, a été décrétée pour 24 heures. Le guide suprême des Frères musulmans d'Egypte, Mohammed Mehdi Akef a, quant à lui, fait porter aux dirigeants arabes la responsabilité de l'assassinat de cheikh Ahmed Yassine. «Les dirigeants arabes doivent assumer la responsabilité, car ils ont laissé ce dépravé de Sharon agir à sa guise», affirme M.Akef dans un communiqué diffusé par le site Internet des Frères musulmans. L'autre autorité religieuse à réagir, est l'imam d'Al Azhar. Il a appelé au «châtiment de ses meurtriers». «Il s'agit d'un crime abject qui va secouer le monde entier», a déclaré cheikh Mohamed Sayyed Tantaoui à l'agence nationale égyptienne Mena. Le monde a effectivement été secoué par cette action terroriste israélienne, puisque la quasi-totalité des nations du monde ont désapprouvé cet assassinat, à commencer par les pays arabes. L'Algérie, l'Egypte et la Jordanie en tête ont qualifié l'acte perpétré contre Cheikh Yassine de crime et poussé le président égyptien à annuler les festivités israélo-égyptiennes pour la célébration des accords de Camp David. La réaction des nations arabes est bien résumée par le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, qui a déclaré hier à Tunis que l'assassinat de cheikh Yassine était l'expression du «terrorisme d'Etat dans sa forme la plus hideuse». «Cette opération dévoile les intentions agressives d'Israël et traduit incontestablement son refus d'un éventuel retour au calme» dans la région, a ajouté M.Amr Moussa. Dans le reste du monde, les réactions vont de la ferme condamnation à l'inquiétude quant aux conséquences de cet assassinat. Ainsi, alors que la France, le Danemark et Amnesty International condamnent l'élimination de cheikh Yassine, Moscou craint une nouvelle vague de violences, et Berlin se dit très inquiet. La Pologne de son côté craint des conséquences y compris en Europe. Réunis lundi à Bruxelles, les ministres européens des Affaires étrangères ont condamné sans appel l'élimination par Israël du fondateur et guide spirituel du Hamas, en s'inquiétant des conséquences de cet assassinat pour le processus de paix israélo-palestinien. «Ce genre d'action ne contribue pas du tout à créer les conditions de la paix», a estimé le haut représentant de l'UE pour la politique étrangère, Javier Solana. Enfin, les Etats-Unis évoquent cet attentat comme un incident et appelle les deux parties à plus de retenue. Shimon Peres le qualifie d'erreur. Notons que les représentants du quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, ONU, Russie et Union européenne) se sont rencontrés hier soir en Egypte.