A peine élu, le nouveau chef du Hamas, qui a déjà fait l'objet d'une tentative d'assassinat, se trouve dans le collimateur de Sharon. Israël est aujourd'hui l'Etat terroriste dans toute son abjection, ses dirigeants privilégiant l'assassinat de leurs adversaires (Palestiniens) plutôt que de négocier avec eux pour trouver une solution équitable au contentieux israélo-palestinien. Or, il se confirme maintenant que la seule paix qui agrée à Israël serait la paix des cimetières, soit la paix avec un peuple à genoux, assujetti et n'ayant pas droit sur ses terres à la merci de l'Etat juif et de son armée. Ce que dit, sans autre forme de procès, le chef de la diplomatie israélienne, Sylvan Shalom, lequel ne prend même pas les précautions d'usage, lorsqu'il affirme: «Je le dis depuis trois ans déjà et le cabinet (israélien) de sécurité a pris une décision de principe à ce sujet, il y a quelques mois : il faut bannir Arafat et permettre l'émergence d'une direction palestinienne avec laquelle il sera possible de progresser dans l'application de la «feuille de route»». C'est-à-dire qu'Israël, si jamais il accepte de négocier la paix avec des Palestiniens, ce sera avec des hommes vaincus qui se satisferont d'une pseudo-indépendance et permettent la consolidation des colonies juives et la permanence de la présence de l'armée israélienne dans les territoires palestiniens. Il est curieux, en effet, que les dirigeants israéliens - qui veulent susciter l'émergence d'une nouvelle direction palestinienne -, n'évoquent jamais, dans ce cas de figure, le retrait de l'armée israélienne et le démantèlement des colonies juives, points fondamentaux et non négociables, pour tout accord de paix entre Palestiniens et Israéliens. En fait, nulle part, les responsables israéliens et singulièrement Sharon et son parti le Likoud, actuellement au pouvoir, n'ont envisagé, ne serait-ce que de manière formelle, de cohabiter un jour avec un Etat palestinien, si ce n'est avec une sorte de bantoustan sous étroite surveillance de l'armée d'occupation israélienne. Aussi, Etat terroriste, Israël ne tient compte d'aucune réprobation et condamnation de la communauté internationale des crimes qu'il commet depuis trois ans contre le peuple palestinien. S'il y a un peuple aujourd'hui victime d'un pogrom, c'est bien le peuple palestinien comme en témoigne l'assassinat du cheikh Ahmed Yassine ce lundi et le massacre de la population de Jénine, en juin 2001, Israël refusant même à une mission de l'ONU de venir enquêter sur ce qui s'est passé dans cette ville martyre. De fait, à peine élu à la tête de Hamas, - en remplacement de cheikh Yassine, le vieux chef assassiné par l'armée israélienne -, Abdelaziz Al Rantissi, se retrouve en point de mire de l'armée israélienne comme cible de l'armée, au même titre que le président Arafat. De fait, dès lundi, le ministre israélien de la Défense, Shaoul Mofaz, affirmait que le Hamas et son nouveau chef seront «les ennemis stratégiques d'Israël» alors que la radio publique israélienne indiquait que «de nombreuses cibles ont été fixées aux forces israéliennes qui disposent d'une période illimitée pour les atteindre et la guerre qui va se concentrer prioritairement contre le Hamas doit viser ses sources de financement, ses infrastructures et ses dirigeants». Al Rantissi et Arafat ont été ainsi menacés de mort hier par le chef d'état-major israélien, le général Moshé Yaalon qui, pour faire bonne mesure, y a ajouté le chef du Hezbollah libanais, le cheikh Hassan Nasrallah. Sylvan Shalom a affirmé par ailleurs: «J'ai rencontré les principaux dirigeants américains et ils comprennent mieux que personne ce qu'est le terrorisme. Ils savent que nous faisons exactement ce qu'ils font lorsqu'ils pourchassent Ben Laden.» Voilà un exemple peu approprié pour justifier les crimes d'Israël. En effet, on ne voit pas où se trouve le parallèle entre Yasser Arafat et Ahmed Yassine, qui se battent pour libérer leur pays de l'occupation étrangère et les menées de Ben Laden dans le monde. Les Palestiniens se battent dans leurs territoires occupés et contre Israël qui occupe leur pays, ce que d'ailleurs la résolution 15 14 du Conseil de sécurité de l'ONU, votée en 1960, admet pour tous les pays colonisés. Ce qui est le cas de la Palestine qui a en plus perdu son nom pour l'anonyme «territoires palestiniens occupés.» En réalité, les Américains, qu'évoque imprudemment le chef de la diplomatie israélienne, ne semblent pas, en fait, avoir compris la problématique proche-orientale. En effet, le président Bush, - un des rares dirigeants mondiaux à n'avoir pas condamné l'assassinat barbare du chef spirituel de Hamas -, affirme qu'«Israël a le droit de se défendre face au terrorisme», déniant ainsi aux Palestiniens le droit de se battre pour une liberté si chère aux pères de l'indépendance américaine. Non M.Bush, les Palestiniens ne sont pas des terroristes, ce sont des résistants qui se battent et meurent pour libérer leur pays. Personne n'aura à l'idée de traiter de terroriste George Washington qui a pris les armes contre la tyrannie anglaise, voici juste deux siècles. Même en période électorale et les pressions du lobby juif américain aidant, il faut quand même savoir raison garder et faire la part des choses. D'autant plus que la force n'a jamais rien réglé, les Etats-Unis en savent quelques choses qui ont en fait l'expérience au Vietnam hier et refont cette même expérience aujourd'hui en Irak. En soutenant Israël qui ne cache pas ses intentions de «liquider» physiquement les dirigeants palestiniens, Washington se fait en fait complice d'un Etat qui a promu le terrorisme en tant que politique et diplomatie. Or, un juif, Simon Lévy, chef de la communauté juive de Casablanca (Maroc) n'hésite pas à déclarer que «l'assassinat de cheikh Yassine est un acte bestial et, pire encore, l'incroyable arrogance de Sharon revendiquant le crime au nom de la lutte contre le terrorisme», indiquant «Y a-t-il pire terrorisme que le terrorisme d'Etat?» accusant les Etats-Unis d'avoir «justifié implicitement» l'assassinat, rappelant «que le Hamas figure sur la liste des organisations terroristes». De fait, le département d'Etat américain a lancé hier une alerte générale en direction de ses nationaux dans un communiqué indiquant: «Le département d'Etat est très préoccupé à propos de l'aggravation des menaces d'attaques contre les citoyens et les intérêts américains à l'étranger à la suite du récent assassinat de cheikh Yassine.» De fait, George W.Bush qui conseille à l'Etat hébreu de «garder à l'esprit les conséquences de ses actions», ne semble pas avoir appliqué à lui-même les conclusions qui s'imposent à son soutien au terrorisme d'Etat que pratique Sharon au nom d'Israël. Notons qu'Abdallah Baâli, ambassadeur d'Algérie à l'ONU, seul Etat arabe siégeant auprès du Conseil de sécurité, a déposé, au nom des pays arabes, un projet de résolution condamnant l'assassinat par Israël du cheikh Ahmed Yassine. Toutefois, les observateurs estiment qu'il y avait peu d'espoir de voir le projet adopté du fait d'un Conseil de sécurité partagé et singulièrement par le veto que les Etats-Unis ne manqueront pas d'utiliser pour protéger Israël d'une condamnation par le Conseil de sécurité de l'ONU.