Les experts climatiques du Giec s'attendent à des températures de plus en plus haussières et mettent clairement en cause l'homme La température moyenne de la Terre devrait encore grimper de 0,3 à 4,8°C d'ici à 2100 et le niveau des mers va significativement s'élever. C'est le constat des experts du climat du Giec, plus certains que jamais de la responsabilité de l'homme dans le réchauffement climatique. Dans son nouveau rapport adopté hier à Stockholm, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) revoit à la hausse l'augmentation du niveau de la mer, qui devrait être de 26 à 82 cm d'ici 2100, selon le nouvel état des lieux scientifique sur le changement climatique. Pour le Giec, il est désormais «extrêmement probable» que l'influence humaine est la principale cause du réchauffement observé depuis le milieu du 20e siècle, ce qui équivaut à 95% de certitude dans la terminologie très précise du rapport d'une trentaine de pages, synthèse de plus de 9000 études scientifiques publiées. Dans son précédent rapport, en 2007, cette certitude était de 90%. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, dans une déclaration télédiffusée, a salué le travail du Giec pour son «évaluation régulière et impartiale». Le Giec avait été mis en cause en 2010, suite à quelques erreurs dans son précédent rapport mises en avant par les climato-sceptiques. «Ce nouveau rapport sera essentiel pour les gouvernements qui oeuvrent à la réalisation d'un accord ambitieux et légalement contraignant sur le changement climatique en 2015», a-t-il estimé. Dans une réaction particulièrement rapide, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a appelé la communauté internationale à une action forte. «S'il y a un dossier qui réclame plus de coopération et d'engagement diplomatique, c'est bien celui-là», a assuré M.Kerry dans un communiqué, ajoutant: «Seule une action des humains peut sauver le monde des pires impacts» qu'ils ont sur la planète. Le diagnostic du Giec doit guider les négociations internationales sur le climat en vue d'un accord international visé en 2015 à Paris pour permettre de tenir l'objectif retenu par les 195 pays impliqués dans ces discussions: contenir le réchauffement sous les 2°C par rapport à l'époque pré-industrielle. Le texte adopté hier est une synthèse d'une trentaine de pages entérinée par 110 gouvernements, représentés dans la capitale suédoise. «La vérité qui dérange est confirmée: le changement climatique est réel, il se produit à un rythme alarmant et les activités humaines, principalement la combustion, le provoquent», a commenté un collectif d'ONG dont Greenpeace, WWF, Oxfam et Les Amis de la Terre. Concernant l'ampleur du réchauffement d'ici la fin du siècle, le Giec a retenu quatre scénarios possibles sans se prononcer sur leur probabilité. Le Giec estime probable que la Terre se réchauffe entre 0,3°C, dans le cas le plus optimiste, et 4,8°C d'ici à la fin du siècle par rapport à la température moyenne de la période 1986-2005. La forte incertitude dépendant évidemment en premier lieu des quantités de gaz à effet de serre qui seront émises dans l'atmosphère ces prochaines décennies. La Terre s'est déjà réchauffée d'environ 0,8°C depuis l'époque pré-industrielle. Seul le scénario le plus optimiste permettrait de contenir la hausse des températures à 2°. Mais même celui-là «ne viendra que si une action rapide est lancée», a prévenu le secrétaire général de l'Organisation météorologique mondiale, Michel Jarraud. L'élévation du niveau de la mer, l'une des conséquences majeures du réchauffement, a été revue à la hausse: les scientifiques estiment désormais qu'il peut monter en moyenne de 26 à 82 cm d'ici à 2100 contre 18 à 59 cm dans le rapport 2007. Les experts s'attendent également à ce que le réchauffement climatique provoque des événements météorologiques extrêmes plus intenses, même si certains aspects ne sont pas encore tout à fait clairs. «Les vagues de chaleur vont probablement se produire plus fréquemment et durer plus longtemps. Avec le réchauffement de la Terre, nous nous attendons à voir les régions actuellement humides recevoir davantage de précipitations et les régions sèches en recevoir moins, même s'il va y avoir des exceptions», estime Thomas Stocker, co-président du Giec.