Des Africains, notamment ceux venus des pays du Sahel malgré eux, sont de plus en plus victimes des actes, aussi bien xénophobes que racistes Les immigrants africains sont traités de tous les noms d'oiseaux: les bougnouls pour les Subsahariens et blédards pour les Algériens, Tunisiens et Marocains. La xénophobie et le racisme sont-ils ces deux phénomènes qui commencent à gagner du terrain et prendre de l'ampleur dans une ville qui a, depuis la nuit des temps, été la terre d'asile et de refuge des sans-abri, El Bahia-Oran? Des Africains, notamment ceux venus des pays du Sahel malgré eux, sont de plus en plus victimes des actes, aussi bien xénophobes que racistes. Le dernier en date remonte à mercredi soir. Le quartier populaire d'El Hassi (ouest de la ville) a été le théâtre d'une grave bataille qui a opposé des Africains subsahariens se défendant après qu'ils aient été surpris par une violente agression orchestrée par plusieurs autres voyous résidents du bidonville géant d'El Hassi. Le bilan: deux habitations des immigrants subsahariens ont été incendiées, plusieurs blessés et plusieurs autres arrestations opérées ont été enregistrées dans les deux camps. Le pire a été évité grâce à l'intervention musclée et en force des éléments de la gendarmerie d'Oran. «Ces derniers sont, selon des témoignages, allés jusqu'à des tirs de sommation», a indiqué un témoin oculaire, ajoutant qu'«une boucherie a été évitée». «Au départ, nous avons cru qu'il s'agissait d'une incursion terroriste.» Tout a commencé mercredi aux environs de 22 h lorsqu'une bande de voyous a pris d'assaut le quartier abritant les immigrants subsahariens. «C'est un groupe de voyous qui est venu déposséder ces Africains de leurs biens en les subtilisant de force, ils les ont encerclé et les Africains qui sont sortis pour se défendre farouchement ont tenté de repousser leurs assaillants en utilisant, tous les moyens en leur possession», a indiqué un témoin oculaire. La bataille fut alors déclenchée. Elle aurait duré plus d'une heure de heurts. «Au final, deux des habitations de fortune abritant des Africains ont été embrasées», ont indiqué nos sources. Graves ont été les scènes vécues mercredi soir. Elles rappellent celles perpétrées par des extrémistes européens contre des Africains en position de faiblesse, notamment les immigrants traités de tous les noms d'oiseaux comme les bougnouls et nègres pour les Subsahariens et blédards pour les Algériens, Tunisiens et Marocains. L'acte barbare lâchement exécuté par des xénophobes n'est pas premier en son genre. Oran des temps modernes est contre toute attente devenue le quartier français de Nanterre des années 1960 et 1970! A cette époque, des centaines d'Africains, dont plusieurs dizaines sont Algériens, ont été persécutés, d'autres ont été assassinés pour le seul «tort» qu'ils soient étrangers à la France. Aujourd'hui, le même phénomène est calqué un peu partout dans les villes algériennes, notamment dans la deuxième capitale du pays, à savoir Oran. Plusieurs cas ont été signalés et traités par la gendarmerie d'Oran. Le plus célèbre remonte aux débuts de l'année en cours, deux Maliennes, Icha et Myriam, ont été sauvagement violentées et violées dans le gigantesque bidonville d'El Hassi. «C'est une histoire connue dans les endroits comme El Hassi, le manque de moyens, d'infrastructures et d'horizon (ce qui est considéré comme une violence) va pousser une partie des jeunes à retourner la violence contre d'autres, en particulier les plus fragiles (c'est-à-dire les migrants), a indiqué le président de la wilaya d'Oran de la Ligue des droits de l'homme, Kadour Chouicha. Et d'expliquer «est-ce que tu as vu des fils de familles riches se constituer en bandes et faire ce type d'action? Je crois qu'on ne peut pas se permettre de cacher le fait que les Algériens peuvent être racistes comme d'autres populations», a-t-il ajouté. Le calvaire des Africains est également subi par des étudiants à l'université. «Deux étudiants à l'Université de Mostaganem ont, en 2010, été renvoyés par leur professeur pour la seule raison qu'ils sont de la même nationalité que Kofi Kojia, l'arbitre béninois qui a arbitré le match de qualification à la Coupe du Monde 2010 ayant opposé l'Algérie à l'Egypte à Khartoum», a affirmé Arrouche Kheira, déplorant que «de tels agissements ont été orchestrés à base des pensées tout simplement racistes». En attendant de ressusciter les valeurs humaines dans les sociétés qui avancent vers l'arrière, les Subsahariens subissent autant que nous subissons en Europe...A méditer!