Les quatre ex-otages français, enlevés en 2010 au Niger par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), ont décollé mercredi au petit matin de l'aéroport de Niamey (Niger) en direction de Paris, où il sont attendus en fin de matinée. L'avion blanc portant l'inscription République française s'est envolé vers 06H00 GMT. Les quatre ex-otages ont embarqué dans l'appareil transportant les ministres français des Affaires étrangères et de la Défense, Laurent Fabius et Jean-Yves Le Drian. Thierry Dol, Daniel Larribe, Pierre Legrand et Marc Féret ont l'air bien plus détendus que mardi soir, quand ils étaient arrivés à l'aéroport de Niamey, juste après leur libération, a-t-on rapporté. Tous sont habillés à l'européenne, l'épaisse barbe qu'ils portaient mardi soir rasée ou taillée. « Ca a été très difficile, mais c'est une épreuve de la vie », a déclaré mardi soir l'un d'eux, Thierry Dol, 32 ans. Ils devaient être accueillis à Paris en fin de matinée par le président François Hollande. Les circonstances précises de leur libération, après trois longues années dans le désert sahélien, ne sont pas connues. Ils avaient été enlevés sur un site minier du géant nculéaire français Areva à Arlit (Niger) le 16 septembre 2010. Aqmi avait revendiqué leur enlèvement. Détenus ensemble puis séparément, selon plusieurs sources sécuritaires, ils avaient été regroupés ces derniers jours dans l'extrême nord malien. Selon une source sécuritaire nigérienne haut placée, les quatre otages ont été ramenés mardi à Niamey par un avion français depuis la région malienne d'Anefis, au sud-ouest de Kidal, fief des Touareg, situé dans l'extrême nord-est du Mali, près de la frontière algérienne. C'est dans cette région, d'après cette source, que se sont déroulées les dernières négociations, en présence notamment de Mohamed Akotey, président nigérien du Conseil d'administration d'Imouraren SA, une filiale locale du groupe nucléaire français Areva. C'est le président français, en déplacement en Slovaquie, qui a annoncé leur libération mardi. « Je veux vous annoncer une heureuse nouvelle. Je viens d'apprendre par le président du Niger que nos quatre otages du Sahel, les otages d'Arlit, viennent d'être libérés », a déclaré M. Hollande à Bratislava. Le Niger « s'est employé » à libérer les quatre hommes, a déclaré le président nigérien Mahamadou Issoufou, en accueillant les ex-otages à l'aéroport. Il a rendu un hommage appuyé aux « membres de l'équipe nigérienne » à qui il avait confié la « mission » de faire libérer les quatre Français. Le ministre français de la Défense a assuré de son côté qu'il n'y a avait eu ni « assaut » ni « rançon » pour libérer les Français, saluant, comme l'avait fait le président français l'implication forte du Niger dans cette libération. Les familles ont été informées par le président juste avant l'annonce publique. « Seul l'Etat pouvait le sortir de là », a réagi Pascale Robert, mère de Pierre Legrand. « On a l'impression de ressentir quelque chose que l'on n'avait jamais ressenti. On attend maintenant le retour physique, de les voir, leur parler, les toucher ». « J'ai du mal à y croire encore. Je suis heureuse, émue", a déclaré Brigitte Laur, sa tante maternelle. Sept Français toujours otages Jeudi 24 octobre, des sources sécuritaires régionales à Gao (Mali) avaient fait état de la présence d'émissaires dans le Sahel pour « accélérer les négociations en vue de la libération des otages français ». Mais la France avait « formellement démenti » l'envoi de ces émissaires. François Hollande a rappelé son engagement dans ce dossier: « Dès que j'ai pris mes fonctions, j'avais décidé d'utiliser tous les contacts possibles. La guerre que nous avons engagée au Mali (...) a pu suspendre ces initiatives », a expliqué le président français. « Elles ont été immédiatement reprises » ensuite. Le 16 septembre 2010, sept personnes - cinq Français dont une femme, un Togolais et un Malgache - avaient été enlevées à Arlit, site d'extraction d'uranium dans le nord du Niger. Le 24 février 2011, la Française, Françoise Larribe, épouse de Daniel, ainsi que le Togolais et le Malgache, avaient été libérés « en territoire nigérien ». Le 21 mars de la même année, Aqmi avait réclamé « au moins 90 millions d'euros » pour la libération des quatre Français encore otages, demande rejetée par la France. Après ces libérations, sept Français sont toujours détenus de par le monde: deux au Sahel, un au Nigeria, quatre en Syrie. « Je pense à ces sept otages », a affirmé M. Hollande, « je leur dis ce message simple et bref: ne perdez pas espoir, ne perdez jamais espoir, la République est là toujours solidaire ».