«Cette maison qui a abrité le Congrès de la Soummam appartenait au chahid Behnous Mohamed Amokrane et son frère le moudjahid Behnous Améziane.» Le peuple algérien s'apprête à célébrer demain l'une des dates phares de son histoire récente. Il y a 57 ans, un groupe d'hommes rendait public un appel au soulèvement contre le colonialisme. La guerre de Libération débute pour durer 7 années avec au bout une indépendance chèrement acquise. Près de deux ans après le déclenchement de la révolution, le 20 août 1956, les chefs de la révolution choisissent une petite maisonnette près du village Ifri pour un conclave secret baptisé le «Congrès de la Soummam» afin de faire le point sur le chemin parcouru depuis le déclenchement de la guerre de Libération et d'organiser les deux organes qui ont déclenché et mené la révolution, l'ALN et le FLN. En cette veille du 1er Novembre, nous avons choisi de revisiter ce lieu mythique, ce lieu symbole qui a inscrit son nom en lettres d'or dans l'histoire de la guerre de Libération pour avoir servi à la rédaction de la plate-forme de la réorganisation de la guerre de Libération nationale. C'était au village Ifri dans la commune d'Ouzellaguen, située sur la rive gauche de la Soummam, à une soixantaine de kilomètres de Béjaïa. Il est 9h 45, en cette fin du mois d'octobre, la ville d'Ighzer Amokrane suffoquait déjà. Elle grouille de monde. Les préparatifs pour accueillir les visiteurs à l'occasion du 1er Novembre prennent forme. Les signes d'une commémoration d'une date historique sont visibles. Au centre-ville, les habitants vaquaient à leurs occupations. Sur la montagne se trouve un village-historique, plus précisément à Ifri, qui vous projette des années en arrière sur l'histoire pour avoir été le berceau de la résistance qui rappelle que des hommes, des militants nationalistes qui avaient jeté les bases organisationnelles de la Révolution algérienne un certain 20 Août 1956. Les chefs historiques s'étaient retrouvés dans la maisonnette qui garde encore son ardeur témoignant de la foi inébranlable et la détermination des moudjahidine. Tout près, un musée vous raconte toute l'histoire d'une guerre sur fond de photos des chouhada de la guerre de Libération, des effets ostentatoires comme les épaves d'avion, d'hélicoptère, de jeep, etc. Autant d'objets qui témoignent de la guerre de Libération que fut le Congrès de la Soummam. «Cette maison qui a abrité le Congrès de la Soummam appartenait au chahid Behnous Mohamed Amokrane et son frère le moudjahid Behnous Améziane», raconte un employé du musée, ajoutant que «jusqu'au congrès, elle servait de refuge aux moudjahidine «et le colonel Amirouche s'y était réfugié 15 jours durant dans cette maisonnette et les femmes avaient soigné sa blessure au pied. Il faisait même son devoir religieux à la mosquée du village sans que personne ne le repère, raconte-t-on comme pour expliquer le choix de ce lieu pour cette importante réunion à la place du village Bounouh dans la commune d'Ighil Ali, initialement choisie pour ce conclave. Le colonel Amirouche, en parfait connaisseur de la région et de ses habitants suggéra alors la petite maisonnette du village Ifri qui dépendait, faut-il le souligner de son PC d'Akfadou situé à quelques kilomètres de là. Grâce à la vigilance du légendaire colonel Amirouche et de ses adjoints qui ont assuré la sécurité comme il se doit, la réunion qui a duré une dizaine de jours était qualifiée de réussite totale. En apprenant la tenue de ce congrès dans la région d'Ouzellaguen, l'armée française s'était acharnée sur les populations locales qu'elle a déportées vers des camps improvisés au chef-lieu d'Ouzellaguen pour priver les moudjahidine de leur assistance et elle a détruit avec des bombardements aériens et aux mortiers les 14 villages pour empêcher les habitants d'y retourner» a-t-on expliqué. Les soldats français se mobilisèrent et encerclèrent une grotte en la gazant avant de fermer l'entrée avec du béton dans le but d'asphyxier les moudjahidine se trouvant à l'intérieur. Peu d'entre eux réussiront à s'enfuir, le reste périt à l'intérieur». Autant d'atrocités qui restent vivaces dans les mémoires, mais Ifri, Ouzellaguen et toute la vallée de la Soummam gardent leur fierté d'avoir abrité le Congrès de la Soummam et largement contribué à la libération de la patrie. Nous quittons Ifri non sans ressentir les regrets de beaucoup de citoyens de la situation qui règne localement. Un cadre de vie qui aurait pu être meilleur si on considère le sacrifice des habitants de la région durant la guerre de Libération. Mais cela est toute une autre histoire.