Paris, Bruxelles, Londres et Washington souhaitent savoir si le Président Bouteflika se présentera pour un 4e mandat Jamais la présidentielle algérienne n'a suscité autant d'interrogations et de flou dans les chancelleries étrangères à Alger. Les ambassades étrangères, principalement occidentales, s'intéressent toujours aux élections algériennes, mais celle qui occupe une place de choix dans leurs comptes-rendus à leurs ministères, c'est bien l'élection présidentielle. Contrairement aux élections de 1999, de 2004 et de 2009, les chancelleries occidentales accréditées en Algérie n'ont aucune visibilité sur l'avenir politique de l'Algérie. Les capitales occidentales qui s'intéressent de près à l'Algérie sont: Paris, Washington, Londres et à un degré moindre Berlin et Bruxelles pour l'Union européenne. Ces dernières s'interrogent depuis plus d'une année sur la succession ou la reconduction de Bouteflika pour 2014. Pour ce faire, les chancelleries tentent de décrypter les analyses et les articles de la presse algérienne qui est selon un diplomate américain l'une des plus libres dans la région du Maghreb. Mais les revues de presse, ne suffisent pas pour peaufiner des rapports approfondis sur la situation politique en Algérie. Certaines ambassades, notamment anglo-saxonnes comme celles des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, tentent de récolter des informations des politiciens algériens en les invitant à des réceptions et des rencontres informelles. Mais depuis que le MAE algérien interdit tout contact individuel avec les chefs de parti et les associations, suite à l'affaire de l'ambassadeur américain Robert Stephen Ford, qui faisait du réseautage en invitant les opposants dans sa résidence, la majorité des ambassades occidentales ont cessé ces pratiques et respectent les règles dictées par le ministère des Affaires étrangères. Elles continuent à faire du réseautage «légalement» en participant à des réceptions algériennes. Ainsi la réception du 1er Novembre et surtout le Salon international du livre étaient une excellente occasion pour les Américains, les Français, les Britanniques mais aussi les Allemands, et les représentants de l'UE, de s'approcher des hommes politiques, des opposants, des personnalités nationales, des intellectuels et des hauts responsables algériens pour essayer de comprendre mieux le pays et ses visées futures. Mais les intervenants algériens sont eux aussi perdus et n'avaient aucune réponse à donner. Paris, Bruxelles, Londres et Washington souhaitent surtout savoir si le Président Bouteflika se présentera pour un 4e mandat. Car ce qui inquiète le plus les Occidentaux c'est la santé du président et les conséquences de sa succession. Pour cela, ils scrutent toutes les vidéos sur le président et tentent de tirer le plus d'informations sur les intentions de ce dernier. Dans toute cette forêt d'interrogations, c'est la France de par ses relations exceptionnelles avec l'Algérie qui s'interroge le plus sur l'avenir de ce pays. Cette interrogation a été exprimée par l'Assemblée nationale française dans un rapport élaboré cette semaine. Ce rapport parle d'un «flou total» à quelques mois de l'élection présidentielle. Pour les députés français, il y a trois inconnues: le maintien de la présidentielle de 2014 pour avril, l'absence d'information sur la santé du Président Bouteflika, et les candidats pour sa succession. La plupart des interlocuteurs de la mission d'information ont émis des doutes quant au degré réel de la sincérité du prochain scrutin», souligne le document réalisé sur la base des déclarations faites par des éditeurs et des personnalités de la société civile algérienne par la mission d'information à Paris et à Alger. L'absence réelle de sources crédibles d'information et le silence des journalistes conséquence de WikiLeaks ont plongé toutes les ambassades occidentales dans le noir et l'incertitude. «On ne comprend rien à l'Algérie et à la façon de gouverner» avait révélé un diplomate occidental lors d'une réception. Même l'opposition qui avait été la première source d'information des ambassades n'a plus rien à dire, tellement le flou est total. Paris et les autres capitales se tournent désormais vers les véritables détenteurs des secrets de l'Algérie, pour comprendre un peu mieux la situation. C'est pour cette raison que M. André Parant, l'ambassadeur de France à Alger, a sollicité une rencontre aujourd'hui avec l'homme qui fait l'actualité du moment: le SG du FLN Amar Saâdani. Paris suit avec grand intérêt, les dernières déclarations de Saâdani sur Sellal et surtout sur le DRS. Les Américains de leur côté, veulent essayer de tirer profit de la visite du secrétaire d'Etat américain John Kerry annoncée pour le 10 novembre pour essayer d'avoir les dernières évolutions de la situation politique en Algérie. Les Américains ont sollicité une rencontre avec Bouteflika mais ne sont pas sûrs de l'obtenir. Le président sait pertinemment que les Américains vont scruter ses faits et gestes pour évaluer ses capacités à se présenter pour une éventuelle candidature. Les capitales occidentales risquent d'attendre jusqu'au mois de janvier pour en savoir plus sur les intentions des uns et des autres.