Cet ultime meeting a drainé la grande foule. Il est parti ! il est parti ! Une ambiance des grands jours a marqué cette dernière étape électorale du candidat Benflis dans la localité de Bordj El Kiffan, une ville côtière réputée jadis pour ses glaces en été et également pour les grillades de poissons que la diaspora algéroise fréquentait jusqu'à la fin des années 80. Le vieux stade construit à l'époque coloniale a servi à Benflis d'étape cruciale pour sa dernière journée électorale. Après les meetings réussis de Tizi Ouzou et de Boudouaou dans la matinée, cette ville côtière a peut-être scellé le sort de cette élection présidentielle. Un monde bigarré, où le jeune côtoie le vieux, la femme et les enfants qui s'amusaient comme des fous, casquette aux couleurs du FLN vissée sur la tête. Le dispositif sécuritaire mis en place a annihilé toute provocation. L'entrée au stade était scrupuleusement contrôlée. Les gens affluaient continuellement et le stade se remplissait au fur et à mesure. Les tubes de Mazouni, dédiés à la gloire de Benflis et du FLN, ont quelque peu fait oublier aux gens le retard enregistré par le candidat. Les personnalités politiques arrivent presque au même moment sous le regard amusé de la foule qui découvre le visage des gens qu'on avait l'habitude de voir uniquement à la télévision. L'arrivée de Benflis provoque un véritable engouement et une cohue indescriptible gagne la tribune de circonstance dressée pour l'occasion. Les gardes du corps font jouer leurs muscles et leur force pour dissuader les personnes tentées par un saut vers cette tribune pour approcher Alilou (Benflis) scandé affectueusement par la foule tout au long de son meeting. L'apothéose pour Ali Benflis fut à Bordj El Kiffan où il a animé son dernier meeting de campagne électorale dans l'enceinte du stade de la ville après avoir sillonné presque tout le pays. Il faut dire que cet ultime meeting a drainé la grande foule évaluée à quelque 10.000 personnes et des dizaines d'invités de marque et de personnalités politiques de premier rang. Le général Benyellès, Mokdad Sifi, Ghozali, Moussa Touati, le Dr Benhamouda, Karim Younès, le Dr Hadef, Lamine Merbah, la Vve Anissa Boumediene, Leïla Aslaoui, Brerhi, Bahbouh, le commandant Azzedine et beaucoup d'autres ont également été aperçus lors de cette rencontre. Bien que la teneur du discours fut politiquement axée sur les dérives de Bouteflika pour lequel les citoyens ont adhéré totalement, il n'en demeure pas moins que le candidat Ali Benflis a trouvé une écoute attentive et une synergie dans les échanges de propos aigre-doux à l'encontre du président sortant. Au beau milieu de son discours, un appareil d'Air Algérie se profile à l'horizon et la foule scande comme un seul homme en regardant le ciel : «L'avion ! l'avion ! il est parti.» La réponse de Benflis ne se fait pas attendre: «Il s'enfuit !»Tout le monde, y compris les invités, se lèvent et regardent vers le ciel l'appareil partir loin hors du champ visuel. Des rires et des youyous fusent du stade et chacun avait le droit de rêver une seule minute que Bouteflika pouvait réellement être dans l'appareil qui partait au loin vers une destination que personne, à cet instant, ne pouvait deviner. Alors rêve ou réalité? Le 8 avril est dans deux jours.