Aucune animosité ni troubles publics n'ont entaché la rencontre. La ville de Tizi Ouzou a accueilli d'une manière particulière le candidat Ali Benflis hier matin lors de la dernière journée de cette campagne électorale harassante. Les appréhensions et les peurs qui ont suivi le meeting raté de Bouteflika ont vite disparu dès que le cortège a franchi l'entrée de cette ville rebelle et bienveillante en même temps. Aucune animosité ni troubles publics n'ont entaché la rencontre du candidat Benflis avec ses partisans locaux. Le vieux stade Oukil-Ramdane continue de veiller sur les bonnes consciences. La foule estimée à des milliers de personnes attendait patiemment sous un soleil de plomb le discours de Benflis. Il était dit que le contenu serait axé essentiellement sur la crise de Kabylie et ses conséquences sur la vie des citoyens. A cette occasion, Benflis a cru utile de se faire accompagner par l'ex-Premier ministre et président du FD non agréé, Sid-Ahmed Ghozali. Et d'emblée, le plus sérieux rival de Bouteflika a rendu un vibrant hommage aux 153 victimes du Printemps noir par la tenue d'une minute de silence. Il commencera son discours par dire que cette région a toujours été au-devant des luttes pour l'indépendance du pays et après pour les libértés démocratiques : «Cette région a toujours été en avance sur bien des choses» martèlera-t-il. Il rendra un vibrant hommage aux «premiers martyrs de la démocratie» en référence aux militants du FFS morts en 1963 au maquis et qui ont été selon lui «les premiers à s'élever contre l'absolutisme». Revenant sur le dossier des événements du Printemps noir, il indiquera que l'Etat algérien doit reconnaître sa faute. Il fera endosser entièrement la responsabilité de la crise sur le dos de Bouteflika dès l'instant où celui-ci annonce partout qu'il «gère tout». «Il doit terminer ce qu'il a commencé» lancera-t-il. Il promettra ensuite à l'assistance que s'il est élu il ramènera la dépouille mortelle d'Abane Randane à Tizi-Ouzou. Concernant la plate-forme d'El-Kseur, le candidat Benflis ajoutera qu'il n'a aucun complexe vis-à-vis de cette question et que celle-ci sera sa priorité s'il est choisi par le peuple algérien. De même que la langue amazighe sera reconnue officiellement comme langue nationale. Enfin, un programme de «plein emploi» sera mis en oeuvre en Kabylie, telle est la promesse forte de Benflis lors de cette rencontre avec les citoyens kabyles. A Boudouaou et dans une salle survoltée, Ali Benflis a axé son discours sur les effets dévastateurs du séisme du 21 avril 2003 et ses conséquences dramatiques sur la vie et le confort de la population locale. A cet effet, il exhortera l'Etat algérien qui n'a pas «aidé suffisamment» à prendre ses responsabilités et à mettre à exécution et le plus rapidement possible «la deuxième tranche du plan de reconstruction» . Il dénoncera par la suite «la politisation éhontée de cette tragédie» par le pouvoir en place et particulièrement par son concurrent Bouteflika. Comme il s'interdira de polémiquer sur cette question pour ne «pas s'abaisser au niveau de son concurrent». La dernière étape de son meeting qui clôt cette campagne menée tambour battant avait pour cadre la ville côtière de Bordj El Kiffan. Benflis qui s'adressait à la foule massée dans le stade a eu cette phrase prémonitoire : «Eux, ils sont le passé et nous sommes l'avenir».