Pour le candidat à la présidentielle, la fraude a bel et bien commencé. Intervenant, hier, au cours d'une conférence de presse animée en son siège électoral d'El Biar, Saïd Sadi a, d'emblée, accusé le président-candidat d'avoir opté pour la force afin de décrocher un second mandat. «Persuadé que tout se vend et tout s'achète , il a tablé sur l'intimidation et la corruption», a souligné Sadi dans sa déclaration préliminaire. Pour preuve, l'orateur a dénoncé «la façon grossière dans le vote de l'émigration» où, selon ses propos «les représentations diplomatiques financent l'acheminement des électeurs du président-candidat à qui un pécule, prélevé sur la trésorerie des Affaires étrangères, est versé». Cependant Sadi reconnaît «en territoire étranger, nous ne pouvons que dénoncer les dépassements. C'est pour cela que nous avons solidairement ( allusion au FLN, MRN et RCD) exigé l'invalidation du vote de Marseille». D'ailleurs les trois représentants en France de Sadi, Benflis et Djaballah, se sont réunis et ont rendu un communiqué où ils dénoncent la partialité de l'administration dans le déroulement du scrutin. «Nous avons relevé que des représentants du président-candidat étaient employés dans les consulats. De même, des membres de bureaux de vote connus pour leur soutien à Bouteflika ont été démasqués», soutient le communiqué. «Certains centres de vote refusent de communiquer le nombre de votants en fin de journée», ajoute le document. Par contre, si ces pratiques se produisent au niveau national, les choses seraient tout autres : «Je refuse de me soumettre à une nouvelle fraude dans ce pays et si quelqu'un s'amusait à pervertir les résultats alors il devra assumer les conséquences», a précisé Sadi. Questionné sur le fond de sa pensée, Sadi a répliqué : «Sur le territoire national, la protection du vote est plus aisée. La contestation et le rejet de la fraude le sont tout autant», avant de préciser que «la perversion des résultats entraînerait une riposte politique avec tous les moyens légaux et illégaux». Quant au traitement de cette campagne par les médias lourds, Sadi s'est voulu réaliste «en dépit de certains dépassements, ils vivent une situation particulière similaire à la scène politique. Il y a ceux qui ont mis à profit cette campagne pour faire le travail pour lequel ils sont formés et il y a ceux qui font dans le clientélisme.» Cependant Sadi a tenu à rendre hommage à la presse écrite pour son objectivité dans l'ensemble. Dans la foulée, Sadi a, d'un revers de main, balayé l'information rapportée par une certaine presse quant à l'éventualité de son retrait et son soutien à Ali Benflis: «A Tizi Ouzou j'avais déclaré déjà que l'intox a de beaux jours devant elle.» Quant à sa propre campagne, Sadi s'est réjoui du fait que « tous les sujets que j'ai développés ont rencontré un écho populaire favorable dans tout le pays», a-t-il souligné. En outre, Sadi a estimé que «la campagne électorale a été profitable à plus d'un titre et cela sur tous les plans». Outre l'absence de la violence verbale dans les revendications populaires, la mobilisation citoyenne reste l'autre satisfaction relevée par Sadi au cours de cette campagne. En outre «la Kabylie, enlisée dans des pratiques maffieuses, a retrouvé confiance et a renoué avec ses longues traditions de lutte», a ajouté le conférencier. En outre, cette campagne aura permis à Saïd Sadi de constater «l'effrayante irresponsabilité du président-candidat qui s'est livré à une campagne de viol des consciences et de terreur administrative dignes de l'époque coloniale.»