Une soixantaine d'Irakiens et une vingtaine de soldats américains ont été tués ces dernières 48 heures. Quinze Irakiens ont été tués hier à Nassiriyah, au nord de Bagdad, douze autres l'ont été à Amara, au sud de la capitale irakienne, alors que la situation demeure très tendue à Sadr City (Bagdad) où l'on dénombrait, lundi, une quarantaine de morts. Depuis le début des affrontements, dimanche, le nombre de blessés n'a cessé de grossir et était estimé hier à près de trois cents. De fait, les hôpitaux irakiens qui accueillaient morts et blessés étaient hier débordés selon les responsables de ces établissements de santé. La révolte du jeune imam chiite Moqtada Sadr a ainsi induit un chaos de plus en plus incontrôlable en Irak et singulièrement dans les régions à majorité chiite du pays. Les appels au calme se sont multipliés ces derniers jours mais ne semblent pas avoir eu d'effets probants, d'autant plus que le chef radical chiite, contre qui l'administration américaine de l'Irak a délivré un mandat d'arrêt, ne semble pas décidé à faire amende honorable. Toutefois, Moqtada Sadr a quitté hier la mosquée de Koufa où il était retranché depuis le début des hostilités, déclarant «J'ai pris sur moi de ne pas faire couler le sang des autres» expliquant «craindre que le site sacré de la mosquée ne soit violé (...) par des gens qui ne reculent devant rien». De fait, pour rendre le mandat d'arrêt effectif, l'administration américaine a déterré le dossier de l'assassinat d'un religieux en 2003 dans lequel Moqtada Sadr serait impliqué. Ainsi, de part et d'autre entre les partisans du jeune chiite radical et les forces de la coalition, les choses s'exacerbent. Cependant, un accord à l'amiable a été trouvé à l'issue duquel les chiites radicaux redonnent le contrôle de Bassorah, sous mandat britannique, aux policiers irakiens après «l'occupation» de la grande métropole du sud par les partisans de Moqtada Sadr depuis dimanche. A cet effet, un représentant de la mouvance chiite radicale a indiqué à la presse qu'«un accord à l'amiable a été conclu entre les différentes parties en présence d'un représentant des forces de la coalition, au terme duquel la police (irakienne) sera seule responsable de la sécurité dans la ville». Après les grands affrontement de ces derniers jours, la situation demeurait toujours précaire alors que quatre soldats ont été tués à l'ouest de Bagdad, portant à 18 le nombre de soldats américain tués depuis dimanche. Mais ce chiffre demeure inconsistant face à l'hécatombe dont sont victimes les Irakiens, qui tombent en masse quotidiennement, depuis plusieurs semaines, sous les coups des soldats de la coalition, soit d'attentats de la guérilla irakiennes. Les dommages collatéraux pour la population irakienne sont catastrophiques. Les évènements de ces derniers jours ont impliqué l'ensemble des troupes de la coalition stationnées en Irak. Hier ça a été le tour des carabiniers italiens d'entrer dans les hostilités en livrant bataille à Nassiriyah avec des partisans du désormais ennemi numéro un de la coalition en Irak, Moqtada Sadr. Quinze Irakiens ont été tués par les tirs des militaires italiens, 27 autres ont été blessés, tout comme l'on dénombre une douzaine de soldats italiens blessés. Contrairement au futur gouvernement socialiste espagnol, qui prendra ses fonctions à la fin du mois, lequel a décidé de retirer le contingent espagnol d'Irak, l'Italie maintiendra le sien, comme vient de l'affirmer le ministre italien de la Défense, Antonio Martino, selon lequel «(...) ce n'est même pas une possibilité que nous envisageons». Il n'en reste pas moins que la situation est devenue dans certaines villes irakiennes incontrôlable dégénérant souvent dans des affrontements sanglants entre les troupes de la coalition et les divers mouvements de résistance et de la guérilla irakiens. La situation au plan sécuritaire a totalement éclipsé les consultations que mène depuis lundi à Bagdad, Lakhdar Brahimi, conseiller spécial pour l'Irak, du secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan. Selon le porte- parole de l'ONU, Ahmed Fawzi, les discussions avec les différentes parties irakiennes sont «instructives» lors des rencontres de M.Brahimi avec le Conseil transitoire irakien, et avec les Kurdes Massoud Barzani et Jajal Talabani de même qu'avec le sunnite Adnan Pachachi et le chiite Abdelaziz Al-Hakim, indiquant par ailleurs «Les réunions se poursuivent aujourd'hui (hier mardi) mais je ne peux (...) dire ni le lieu, ni avec qui pour des raisons de sécurité».