Que fait donc Ouyahia? Que fait Benflis? Que fait Hamrouche? Aujourd'hui, se porter candidat, pour ceux qui se croient aptes à le faire, n'est aucunement une décision neutre, il s'agit d'une responsabilité, d'un devoir vis-à-vis du peuple et vis-à-vis de la société. A voir l'absence de candidats, à quelques mois seulement de la présidentielle d'avril et à entendre leur silence hurlant sur la voie de la République, on se pose forcément la question de savoir ce qu'ils attendent pour se faire connaître et ce qui les empêche d'afficher leurs ambitions. Que fait donc Ouyahia? Que fait Benflis? Que fait Hamrouche? Que font les autres, tous les autres qui, au moins pour avoir un nom connu ou un passé dans les rouages de l'Etat, ont cette responsabilité de se présenter car, qu'on se le dise: aujourd'hui se porter candidat pour ceux qui se croient aptes à le faire n'est aucunement une décision neutre, il s'agit d'une responsabilité, d'un devoir vis-à-vis du peuple et vis-à-vis de la société. La République l'exige et la démocratie le réclame On nous apprend que Benflis s'est décidé à se porter candidat et qu'il l'annoncerait au mois de décembre. C'est tant mieux! On nous dit que son programme est prêt et que son staff s'affaire sans relâche à travers le pays. C'est parfait! On nous souffle à l'oreille que Ouyahia ne dort pas. Qu'il se peut qu'il réapparaisse. C'est bien! Mais quand? Personne ne le sait et tout ce que l'on sait c'est qu'il ne le fera que le moment venu, c'est-à-dire après que Bouteflika aura décliné son intention à propos de l'élection! Certains nous apprennent que Hamrouche serait bien avancé dans l'élaboration de son programme. Qu'il aurait même un bon réseau parmi les Algériens de l'étranger. C'est tant mieux aussi! Mais pourquoi tardent-ils tous à rendre publique leur participation et qu'attendent-ils d'abord? Il ne fait pas de doute qu'ils attendent d'en savoir plus sur la candidature de Bouteflika. Ils nous ont d'ailleurs laissé comprendre qu'avec ou sans Bouteflika, la bataille ne sera pas la même! Certains sont convaincus que si Bouteflika participe, ils n'auront aucune chance de gagner alors, mieux vaut, concluent-ils, ne pas prendre part. Cette attitude, et bien qu'elle repose sur des considérations réalistes, n'est certainement pas la meilleure à adopter de nos jours. Refuser d'entrer en compétition pour la simple raison que quelqu'un d'autre y prend part et qu'on le croit capable de gagner, est une attitude défaitiste! Les autres sont, semble-t-il, prêts à prendre part à la prochaine élection même si Bouteflika y est candidat.C'est plutôt cette position qui paraît la plus adéquate aux yeux du peuple qui regarde et qui juge! Oui, le peuple juge les comportements, il soupèse les décisions des uns et des autres, évalue leur courage, leur témérité, leur hésitation ou leur peur et, bien entendu, le peuple ne donne pas sa voix aux moins entreprenants. Refuser de se porter candidat, c'est laisser le champ vide à ceux qui veulent se l'approprier, c'est ouvrir grand ouvertes les portes de l'incertitude sur des lendemains qui devraient inquiéter, alors que prendre part à la prochaines élection, quand bien même devraient-ils avoir pour adversaire le président sortant, c'est d'abord faire preuve de responsabilité vis-à-vis du peuple et des générations à venir. Partout dans le monde, là où il y a élection, les gens affrontent les présidents sortants dans les urnes. Cela n'a jamais tué personne et c'est dans les règles mêmes de cette démocratie que nous nous plaisons tant à invoquer lorsque nous sommes à l'aise autour d'un café. Cela fait aussi partie des balises de la République. Pourquoi faudrait-il alors que chez nous, cela prenne le sens d'un sacrilège, d'un comportement socialement scandaleux ou politiquement désastreux, d'autant plus que c'est la démocratie qui l'exige et la République qui le réclame? Le silence dans lequel se murent ceux que le peuple croyait capables de prendre en charge ses lendemains est inquiétant à plusieurs égards. Au moment où des salles de réunion du FLN, du RND et d'autres partis fusent des appels à un quatrième mandat, les autres préfèrent plutôt opter pour l'attitude lisse, celle qui ne peut ni fâcher ni irriter. Est-ce ainsi que l'on se donne l'étoffe d'un président? En optant pour le profil bas et en choisissant le «wait and se» comme politique? Et si Bouteflika ne participait pas? A considérer ce qui se passe chez nous, la probabilité est très grande pour que Bouteflika soit partant pour la course d'avril 2014. Il n'y a qu'à voir les visites marathoniennes de Sellal, les réunions tous azimuts de Saâdani, les déclarations non-stop de Ghoul etc. On jurerait presque que l'intention de briguer un quatrième mandat est déjà annoncée, qu'une voix parcourt le ciel d'Algérie pour le dire aux citoyens, mais une voix que n'entendent que ceux qui savent écouter. Même les plateaux de télévision se sont mis de la partie pour relayer cette voix qui porte pourtant assez loin toute seule. Sans l'aide de personne! Oublions un instant cela et supposons que Bouteflika ne se présente pas à sa propre succession. Supposons simplement que, pour une raison ou une autre, il ne sera pas de la course. Que feraient alors les autres? Viendraient-ils en courant bousculer le monde et dire en haletant qu'ils sont de la partie? Qui les entendra alors? Le peuple? Certainement pas, car le peuple regarde et évalue aujourd'hui et les peuples ont horreur de ceux qui ne montrent la tête que lorsqu'il ne pleut plus! Que feront-ils alors? Lier sa décision à se présenter à l'élection à celle d'autrui est une erreur monumentale. Laisser le champ vide lorsque le peuple a besoin de vous est une attitude pour le moins condamnable. Attendre jusqu'à ce que l'actuel président décide d'annoncer sa candidature pour qu'ils annoncent la leur est, en plus d'être incompréhensible pour les Algériens, une lourde erreur stratégique car, pour Bouteflika, rien ne presse. Il est sur place et il a l'avantage du terrain, comme disent les footballeurs, c'est aux autres de se faire connaître, de faire connaître leurs intentions et de démontrer que, lorsqu'ils prennent part, ils ne le font pas avec la seule intention de participer, mais avec l'envie de gagner et d'être à la hauteur de ce peuple qui... regarde!