img src="http://www.lexpressiondz.com/img/article_medium/photos/P131120-13.jpg" alt=""Je reviens d'Algérie"" / Journaliste, penseur et essayiste belge, fondateur du collectif indépendant Investig'Action1 Michel Collon possède un site Internet qu'il gère avec une équipe de bénévoles: Investig'Action. Il développe le concept de «médiamensonge», l'appliquant à ce qu'il dénonce comme une propagande servant à justifier l'entrée en guerre d'un pays contre un autre. Dans cette contribution, il revient sur sa première visite en Algérie à l'occasion du Salon international du livre. Je reviens d'Alger. C'était ma première visite. Un débat au Salon du livre, deux conférences, un débat télé et un grand nombre de bonnes discussions avec des Algériens: hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, militants et débutants. C'était très émouvant pour moi, d'autant que l'Algérie a joué un grand rôle au point de départ de mes engagements. Provenant d'une famille bourgeoise de Bruxelles, à droite et même pro-Israël à l'époque, j'avais eu la chance de rencontrer deux «porteurs de valises», ces Belges solidaires qui aidaient le FLN et la libération face à la répression de l'Etat colonial français. Ils m'avaient recommandé le bouleversant petit livre La Question où Henri Alleg décrivait et dénonçait la torture pratiquée en Algérie par les forces françaises. Ce livre m'avait fait comprendre la gravité des crimes du colonialisme et l'héroïsme de ceux qui lui résistaient. Par la suite, j'avais eu la chance de rencontrer Henri, ce héros tout simple qui vient de nous quitter il y a quelques mois, à l'âge de 91 ans. C'était devenu un ami, nous avions fait des conférences ensemble, des formations aussi. Et j'étais fort impressionné par son engagement militant: un homme modeste, mais tellement déterminé. J'ai été très impressionné aussi par les Algériens. Bien sûr, ce pays connaît des problèmes énormes, il a été marqué par la tragédie et la vie n'y est pas simple. Mais les épreuves forgent aussi une conscience très forte. Ce qui m'a frappé chez les Algériens rencontrés, c'est leur ouverture et leur curiosité. Leur soif de comprendre le monde, de saisir les dessous des propagandes de l'Empire, d'en maîtriser les mécanismes. Leur volonté aussi de jouer un rôle actif dans les changements qu'il faut apporter dans leur pays et dans le monde. Soyons clairs, je ne vis pas en Algérie et ne peux prétendre connaître un pays en quelques jours, et en plus, en se limitant à la capitale. C'était juste un premier contact. Et, comme partout, c'est aux Algériens à trouver des solutions aux problèmes graves de leur pays. Ce que j'essaie d'apporter pour ma part, c'est mon expérience sur les stratégies de l'Empire, sur les médiamensonges des guerres «humanitaires», sur les menaces géostratégiques visant l'Algérie. Et d'apporter aussi quelques expériences d'autres pays où j'ai pu enquêter. De tout cela ressortent deux principes, il me semble: 1. Un pays ne pourra être fort et repousser les agressions que s'il s'appuie sur son peuple, s'il mobilise toute la population. Développer la justice sociale et la démocratie, la participation maximum de chacun, c'est l'arme suprême qui a permis à Hugo Chavez et Evo Morales, notamment de vaincre les coups d'Etat, les menaces de sécessions, les opérations de déstabilisation, les tentatives de corruption. Se battre pour cela est la tâche des Algériens et de personne d'autre. 2. Quels que soient les problèmes et défauts d'un pays, jamais les USA, la France et compagnie ne sont la solution. Tout ce qui les intéresse, c'est faire main basse sur le pétrole, le gaz, les richesses en général. Ils ne sont pas la solution, ils sont le problème. Regardez l'Irak, la Libye, la Syrie, la Palestine! C'est pourquoi résoudre les problèmes de justice sociale et de démocratie, combattre la bureaucratie et la corruption ne pourra réussir qu'en défendant bec et ongles la souveraineté de son pays face aux grandes puissances qui sont toujours coloniales. Et en s'unissant avec les peuples voisins afin de créer des alliances régionales solidaires qui permettent de résister ensemble. Donc, on se demandera toujours: qui cherche à diviser le Maghreb, quels intérêts se cachent derrière ces querelles provoquées? Concrètement, mon séjour m'a permis aussi de prendre des contacts très utiles. Je souhaitais que nos livres sur Chavez, Israël, la Libye, la stratégie du chaos des USA puissent être accessibles au public algérien, en français et en arabe, et à des prix compatibles avec le pouvoir d'achat local. J'aimerais aussi que nos articles d'Investig'Action puissent être traduits et diffusés en langue arabe, avec une nouvelle newsletter dans cette langue. Nous allons essayer de réaliser cela au plus vite. Ceux qui peuvent nous aider à traduire et diffuser peuvent contacter notre site michelcollon.info (rubrique nous écrire), merci d'avance! Merci à tous les amis algériens. A bientôt!