Les quatre candidats, qui redoutent les dérapages, en font assumer les conséquences au seul candidat-président. Quelques heures à peine avant le début du scrutin présidentiel, le torchon semblait brûler définitivement entre quatre candidats d'un côté et le président sortant de l'autre. Profitant de la «bourde» commise par le garde des Sceaux, les représentants de Benflis, Djaballah, Sadi et Rebaïne se sont réunis hier dans le but de rendre public un communiqué d'une rare virulence. Ainsi, est-il dénoncé avec indignation le fait que «le ministère de la Justice ait décidé de centraliser les PV de dépouillement à son niveau, mais aussi à celui de ses représentants au niveau wilayal et communal». Mieux, «la chancellerie veut en faire autant à l'échelle nationale». Il s'agit là, comme le relève le communiqué, d'une «grave ingérence dans les affaires internes des commissions électorales dépendant exclusivement des APC, APW et ministère de l'Intérieur, que chapeaute le gouvernement». Les observateurs y voient là la tentative des relais présidentiels de tenter, sinon de court-circuiter, du moins de surveiller de très près les quelque 800 communes que contrôle le FLN d'Ali Benflis. Un nombre auquel il faudrait ajouter plusieurs dizaines d'APC dirigées soit par le mouvement El Islah, soit par AHD 54. Conscient d'avoir fait un grave faux pas risquant de lui coûter très cher, alors que des centaines de journalistes et observateurs étrangers se trouvent en Algérie pour suivre le déroulement de ce scrutin, le ministère de l'Intérieur a rendu public le même jour un communiqué dans lequel il reconnaît l'existence de cette circulaire, tout en ajoutant qu'elle a juste «été mal interprétée» par les candidats, leurs représentants et la plupart des médias écrits. Ce que voyant, il a été décidé dans le même communiqué «l'annulation pure et simple de cette même circulaire». Mais le mal semble avoir été fait. Il faudrait déployer pas mal de diplomatie et de dextérité langagière pour tenter d'atténuer ce «mauvais coup». Ardue tâche à laquelle s'est attelé le président du conseil constitutionnel, lequel ne semble même pas totalement remis de la façon un peu cavalière avec laquelle avait été exclu l'un des principaux poids lourds de la scène politique algérienne, Ahmed Taleb Ibrahimi. Bref, dans un communiqué rendu public hier, Mohamed Bédjaoui, rappelle que «les procès-verbaux centralisant les résultats des wilayas doivent parvenir directement et aussitôt au Conseil constitutionnel qui centralise l'ensemble des résultats des wilayas et des centres de vote de l'émigration à l'étranger et en délibérer hors de toute ingérence de quelque organe ou autorité que ce soit». Le communiqué souligne au passage «l'indépendance totale des commissions électorales communales et wilayales dans l'exercice de leurs attributions...» La polémique ne s'arrête pas là pour autant. Plus remontés que jamais, les quatre candidats, réunis hier, se sont fendus d'un second communiqué d'une rare virulence, mettant en avant l'ensemble des carences, manquements et dépassements relevés depuis le démarrage de cette campagne électorale pour confirmer «la partialité totale de l'administration et de nombreuses autres institutions de la République en faveur du président-candidat». Conscients que ce jeudi risque d'être porteur d'incertitudes et de violence, tant verbales que physiques, les quatre, qui prennent à témoin les opinions nationale et internationale sur ce «qui pourrait découler de ces dépassements et transgressions de la loi, en font assumer l'entière responsabilité au président-candidat».