La dislocation du vieux parti a lourdement pesé dans la «Bérézina subie» par le candidat. Le candidat du FLN donné pour être le principal rival de Bouteflika dans le scrutin de jeudi n'a pas réussi sa première expérience dans la conquête du palais d'El Mouradia. Au-delà de la fraude qui a entaché le scrutin selon les cinq candidats, il faut bien dire que Benflis n'a pas pu peser de tout son poids durant «ce duel». L'atout principal tient incontestablement au parti du FLN. La véritable machine électorale que constitue ce parti implanté dans tout le territoire national a échappé, du moins en partie, à son secrétaire général. Depuis le début de la crise, l'été dernier, et la constitution du mouvement dit de redressement, le partage des voix s'est opéré au sein de ce gisement. Les élections sénatoriales qui se sont déroulées en décembre dernier, ont donné l'avant-goût de la réaction de l'électorat du FLN. L'onde de choc a été telle que la partie légaliste du FLN n'a pu engranger que le maigre butin de 9 sièges sur les 49 à pourvoir. Les animateurs du mouvement de redressement ont été accusés d'avoir instrumentalisé l'administration, la justice et utilisé les moyens de l'Etat mais la convoitise que suscite le vieux parti en valait la peine à leurs yeux. A la guerre comme à la guerre, le cercle présidentiel s'est également concentré sur l'unique télévision nationale et réussi à faire asseoir la popularité du président dont le bilan quinquennal n'est pas tout à fait reluisant et la crise de Kabylie demeure son talon d'Achille. Le marketing politique dosé à outrance, le charisme et la verve du candidat aidant, les chargés de campagne de M.Bouteflika ont réussi à faire basculer les plus hésitants. Par les largesses de la télévision nationale utilisées à bon escient, ils ont réussi à imposer l'image de leur candidat au plan national et le présenter comme l'unique recours dans un environnement international incertain. Autant d'éléments qui ont amplement favorisé le président reconduit. C'est ce qui manque justement au candidat Benflis et son échec tient à ces raisons tout aussi déterminantes que la dislocation du FLN et le gel des fonds du parti. La façon dont a été vendue l'image de Benflis s'effaçait facilement devant la stratégie et les gros moyens déployés par la direction de campagne de M. Bouteflika. Pour une raison ou pour une autre, l'image a joué en défaveur du candidat du FLN et son entourage n'a pas exploité le panel de personnalités qui se sont agglomérées autour du candidat. L'apport de Taleb, de Ghozali et de Moussa Touati, ayant tous des bases militantes n'a pas été rentabilisé par les stratèges de M.Benflis. Le projet de renouveau porté par Benflis et le changement qu'il prônait n'a vraisemblablement pas séduit les électeurs. Il n'a pas promis de miracles au plan économique mais s'est engagé en revanche, à apporter des changements aux plans politique et social. Echaudés par dix années de violence terroriste, les Algériens ont en quelque sorte refusé un autre saut dans l'inconnu. Ils ont préféré s'agripper à un pur produit du système incarné en la personne de M. Bouteflika sous l'ère duquel la paix a été retrouvée.