Le président de la République s'attaquera à ce qu'il n'avait pu réaliser lors de son premier quinquennat, faute de majorité confortable. Réélu à très forte majorité, le chef de l'Etat dispose désormais de la légitimité qui lui faisait quelque peu défaut lors de sa première mandature. Aussi, d'importants chantiers qui ne pouvaient être lancés pour des raisons évidentes d'absence de conformité avec les règles politiques qu'exigent de telles réalisations, sont-ils prévus par Bouteflika, maintenant qu'il s'est vu investir d'une confiance populaire sans précédent dans l'histoire de l'Algérie indépendante. Ces chantiers sont, bien entendu, en rapport direct avec l'édifice institutionnel du pays. Evoquée à la veille de son élection à la magistrature suprême en avril 1999, la proposition d'un référendum pour une nouvelle Constitution, revient sur les tablettes du président. La dernière intervention de Bouteflika sur le sujet a été à l'occasion de l'émission «Baramidj» où il a réitéré sa conviction que l'actuelle loi suprême de la nation est dépassée par les événements. Durant toute sa campagne électorale, le chef de l'Etat n'a pas abordé frontalement la question, mais il est clair que sa seconde mandature a toutes les chances de déboucher sur «la nouvelle République». Et pour cause, le chèque en blanc que lui ont signé plus de 8 millions d'électeurs, l'autorise à agir profondément sur le système politique algérien. C'est ainsi que de nombreux observateurs s'attendent à ce que Bouteflika soumette, sous peu, une nouvelle Constitution à l'appréciation du peuple. Elle sera de type présidentiel, accordant de larges prérogatives au chef de l'Etat et donnant au pouvoir législatif un rôle mineur. Le changement prévu au sein de la loi suprême de la nation sera l'occasion d'en finir avec la chambre haute du parlement, dont le président de la République dit n'y voir aucune utilité. Placé pour faire face à un éventuel raz-de-marée intégriste, le sénat perd, en effet, toute sa signification en ces temps de réconciliation nationale et après le retrait définitif de l'armée de la scène politique. Plus important qu'il n'y paraît en réalité, un profond amendement de la Constitution s'impose pour permettre à la réforme des structures de l'Etat de prendre forme. Plus encore, une nouvelle Constitution donnerait toute latitude à Bouteflika d'y intégrer tamazight comme langue officielle. Ainsi, Bouteflika fera d'une pierre trois coups, voire quatre coups puisqu'une telle éventualité lui donnera l'occasion de se réconcilier avec la région de Kabylie, qui «votera des deux mains» en faveur d'un tel amendement, synonyme de la fin d'un calvaire qui aura duré trois longues années, mais surtout de l'aboutissement d'un combat de plus de quatre décennies. Cela étant, on impute au président de la République, en plus de son penchant pour une Constitution présidentielle, une intention de créer un nouveau poste, celui de vice-président à l'image de ce qui se pratique aux Etats-Unis. Une fonction-clé qui, dit-on, sert à mettre en selle des présidentiables en puissance. En fait on s'attend à un grand chamboulement de l'édifice institutionnel algérien avec, en prime, la naissance d'une nouvelle République qui consacrerait définitivement l'appartenance civilisationnelle de la société algérienne. Un acte qui se voudrait le premier pas vers une réconciliation nationale véritable. A côté de cet immense chantier auquel le chef de l'Etat va s'atteler, il est également attendu des décisions politiques importantes, aux fins de confirmer le pouvoir que lui ont accordé les Algériens. La dissolution de l'APN est ainsi évoquée dans certains cercles d'initiés, l'objectif étant d'homogénéiser la composante humaine qui a fait campagne pour Bouteflika sur la base d'une alliance stratégique. Il s'agit en fait de profiter de cet élan approbateur en faveur du chef de l'Etat pour s'adjuger le pouvoir législatif et local. Les mêmes sources révèlent également que la nouvelle APN ne naîtra qu'après l'adoption par l'assemblée sortante des codes de commune et de wilaya, eux aussi, partie intégrante de la démarche présidentielle pour la réforme des structures de l'Etat. Ainsi, sitôt investi pour un deuxième mandat, le président de la République s'attaquera à ce qu'il n'avait pu réaliser lors de son premier quinquennat, faute de majorité confortable.