Le président de la République peut se targuer d'être à la tête d'une nation où la démocratie n'est pas un vain mot. La réussite de l'élection présidentielle, outre qu'elle constitue un facteur de stabilité certain pour le pays, est de nature à améliorer considérablement l'image de l'Algérie au plan international. Ainsi, le président de la République, fort d'un large soutien populaire, acquis, faut-il le souligner, grâce à une élection qui répond au «standard européen», peut se targuer d'être à la tête d'une nation où la démocratie n'est pas un vain mot. En effet, les nations occidentales, principaux partenaires de l'Algérie, ont reconnu dans le scrutin présidentiel, un acte politique souverain de la société algérienne, décidé sans pression d'aucune sorte, notamment de l'institution militaire qui a tenu sa promesse de ne pas se mêler de la cuisine politique. A la multitude de réactions positives, est venue s'ajouter celle de l'Organisation du traité de l'Atlantique du Nord. L'OTAN qui n'est pas dans ses habitudes de réagir à pareils événements politiques s'est sentie obligée de reconnaître que la présidentielle «s'est déroulée suivant un processus démocratique». Un point positif en faveur de l'Algérie qui vient appuyer les déclarations des grands de ce monde, tous ayant salué l'esprit de transparence qui a régné lors de la consultation électorale. L'avalanche de réactions unanimement positives confère, en fait, à l'Algérie une place de choix dans le concert des nations et lui ouvre des perspectives très prometteuses quant à son influence sur les questions internationales, mais lui permet également de se poser en tant que partenaire politique et économique sérieux face au bloc occidental, lequel estime le poids de ses vis-à-vis à travers leur modèle d'organisation sociopolitique. Sur ce point précisément, l'Algérie vient de s'arrimer au convoi des nations les plus développées. A ce propos, nombreux sont les observateurs qui y voient un strapontin idéal pour réaliser un décollage économique soutenu du pays. En effet, il a été établi que les nations qui ont réussi leur transition démocratique, à l'image de la Pologne ou de la Slovaquie, ont très vite connu une courbe de croissance appréciable. Bouteflika, estiment ces mêmes observateurs, aura pour mission de traduire au monde l'aspiration des Algériens à une vie démocratique véritable. Il lui appartient par conséquent d'amener les Occidentaux à soutenir la démocratie balbutiante en Algérie. En d'autres termes, le chef de l'Etat se doit de transformer son investiture populaire en investissements directs. Une mission certes difficile en ces temps de mondialisation où les pays émergents se font une concurrence féroce. Cela dit, cette mission est réalisable au regard de l'évolution de la situation internationale et notamment dans le monde arabe, où l'Algérie passe pour l'exemple à suivre en termes de démocratie. Ainsi, le président égyptien qui n'a pas manqué de féliciter Bouteflika, est tenu de revoir sa copie par rapport à ses déclarations sur l'Algérie, dont il a qualifié le processus de démocratisation de négatif. En fait, l'exemple algérien fait peur à de nombreux chefs d'Etat arabes qui tentent, vaille que vaille, de résister au plan américain du Grand Moyen-Orient (GMO). Laquelle crainte a été bien résumée par Ahmed Taleb Ibrahimi à l'occasion d'un entretien accordé à L'Expression. L'ancien ministre des Affaires étrangères a, à ce propos, relevé que «nos dirigeants refusent toujours de rendre compte à leur peuple. Eh bien, qu'ils sachent que par leur entêtement à refuser d'élargir le cercle de prise de la décision politique à d'autres couches sociales, ils donnent prétexte aux étrangers pour intervenir. Vu sous cet angle, le projet Bush peut être une menace pour les régimes arabes s'il incite les peuples à le mettre à profit pour libérer leur volonté confisquée; au contraire, ce projet peut constituer une menace pour les peuples, s'il a pour objectif réel de fragiliser les régimes arabes pour mieux les asservir sous une démocratie de façade.» Grâce à la régularité du dernier scrutin, l'Algérie échappe à cette éventualité et se place même comme une nation leader sur la question de la démocratisation. Cet état de fait met le chef de l'Etat dans une position confortable au sein de la Ligue arabe et permettra à l'Algérie de jouer un rôle de premier plan dans la région du Moyen-Orient. Les pays arabes qui ont tenté de minimiser le retour de l'Algérie sur la scène internationale devront désormais compter avec l'un des rares pays réellement démocratiques dans le «Croissant fertile». En définitif, le succès de la présidentielle du 8 avril donne tout son poids à l'Algérie sur la scène internationale.