Les statistiques avancées, en juin dernier, par les médias algériens concernant le taux de toxicomanie en Algérie, ont poussé le Chef du gouvernement à ordonner l'installation d'une commission mixte de lutte contre ce fléau. A cet effet, une réunion a eu lieu, hier, au siège du ministère de la Solidarité et de l'Action sociale. Cette rencontre a regroupé des représentants de différents ministères, notamment celui de la Justice, de l'Intérieur, de l'Education, des Affaires religieuses et des Sports, ainsi que des représentants de la Dgsn, des Douanes et de la gendarmerie. Le secteur de la santé était le grand absent. Les résultats de l'enquête établie par la Fondation de la recherche scientifique (Forem) relevant que le taux de toxicomanie a atteint 50% dans les lycées d'Alger, dont la moitié des filles, a fait l'objet d'une synthèse contradictoire chez le ministre, qui, affirmant ce résultat au début, finit par le mettre en doute et ce, en le qualifiant de «fantaisiste». Mais cela n'empêchera pas le ministre de dire que le taux de consommation de drogue en Algérie est très élevé. Selon lui, cela l'expose à une crise multidimensionnelle: civique, morale, économique, politique et sociale. M.Ould Abbes considère que la lutte contre la toxicomanie est tributaire de la situation socioéconomique du pays. Pour cela, il préconise de lutter contre le chômage en premier lieu. La première prérogative assignée à cette commission est l'établissement d'un état des lieux du phénomène de la toxicomanie en Algérie, et ce de manière «sereine, lucide et sans complaisance». Il faut signaler que les représentants de la Dgsn et du ministère de l'Intérieur se sont montrés très pessimistes quant à la gestion du phénomène de la toxicomanie et espèrent, à cette occasion, que l'installation de cette commission ne connaîtra pas le même sort que les autres travaux lancés dans ce sens. On citera à cet effet, le décret 97-112 de juin 97, stipulant la création de l'Office national de lutte contre la toxicomanie et les psychotropes, qui n'a toujours pas vu le jour. Ainsi que d'autres avant-projets et textes législatifs. M.Kacimi, du ministère de l'Intérieur, a insisté sur l'importance d'une consolidation des chiffres de différents secteurs et services et ce pour permettre «d'avoir un réel constat en matière de consommation et de trafic de drogue». M.Ladj, commissaire de la police judiciaire, estime que la quantité de drogue saisie en Algérie augmente sans cesse. Elle a atteint en l'an 2000,6 tonnes. Intervenant en tant que spécialiste, le Pr Ridouh considère qu'il est plus correct de parler de polytoxicomanie, notamment avec l'usage très répandu de psychotropes. M.Aïssi El-Madjid, magistrat au ministère de la Justice, a annoncé, à cette occasion, que 80% des affaires de drogue concernent la consommation de la drogue et 20% seulement ont trait à sa commercialisation. Mais les intervenants, qui se sont limités dans leur débat sur la consommation de la drogue, ont omis d'aborder un volet primordial relatif au trafic et à l'introduction de la drogue en Algérie.