A terme, la loi Khelil augure des perspectives pour le moins redoutables à la centrale syndicale. «Il est impératif de faire participer les travailleurs dans tout ce qui concerne les réformes économiques que projette de réaliser le gouvernement.» C'est ce qu'a déclaré Abdelmadjid Sidi-Saïd dans l'édition d'hier, de notre confrère arabophone El Khabar. Ces propos du patron de la centrale syndicale, renseignent sur la complexité des dossiers qui attendent l'Ugta. Sidi Saïd a même suggéré au nouvel Exécutif de dégager des priorités dans son programme. Or le gouvernement Ouyahia, fait de la réforme de la législation sur l'énergie une de ses priorités au plan économique. La reconduction de Chakib Khelil à la tête du ministère de l'Energie et des Mines constitue un signal fort pour la remise en surface de l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures, gelé depuis 2003. Un projet qui n'arrangera pas les choses tant il a été décrié avec vigueur par les cadres de la Centrale dès les premiers mois de son annonce en 2001. Les résistances opposées à la loi de Khelil sont-elles neutralisées par la nouvelle donne politique? Il est difficile de répondre par l'affirmative même si l'Ugta est de fait condamnée à recentrer sa position suite à son engagement dans le champ politique. Le soutien «contesté» apporté par Sidi- Saïd à M. Bouteflika ne laisse plus de marge de manoeuvre à l'Ugta. Du coup, l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures, augure des perspectives pour le moins redoutables à la centrale syndicale. Car, il s'agirait bien d'une gestion par le fait accompli, dont le soutien de Sidi-Saïd à la réélection pour un deuxième mandat de Bouteflika est une illustration. Amenée à surfer entre le soutien «même tacite» à la loi Khelil et la position réfractaire, jusque-là, de la fédération des pétroliers, l'Ugta doit réussir son entreprise sans provoquer le front social qui risque de se mettre en action. Faudra-t-il s'attendre à un «clash» entre les pétroliers et le gouvernement? L'éventualité n'est pas à écarter en ce sens que les politiques ne sont pas toujours au diapason des pétroliers. Et cela même si la Fntpg ne s'oppose plus avec la même vigueur à l'avant-projet de loi notamment depuis l'élaboration de la deuxième mouture, légèrement modifiée suite aux pressions du syndicat. Plus encore, l'onde de choc de cet avant-projet de loi risque d'atteindre même les partis, surtout le RND, dont font partie la majorité des cadres de l'Ugta. Des lendemains qui ne sont pas de tout repos pour Sidi-Saïd qui risque de faire face à une tension au sein même de son syndicat. La centrale syndicale couve quelques dissensions dans ses rangs depuis le soutien unilatéral apporté par son patron à la réélection de M.Bouteflika pour un second mandat. En définitive, la polémique sur l'avant-projet de loi a changé de camp. Elle ne concerne plus le gouvernement mais devient un sérieux examen pour la centrale syndicale et sa cohésion.