Tribunal criminel d'Oran Le médecin légiste, appelé à la barre, écartera la piste de l'accident en affirmant que les plaies que portait la victime sont à l'origine d'un traumatisme crânien qui lui a été fatal. L'avocat général du tribunal criminel près la cour d'Oran, qui a mis l'accent sur la gravité des faits reprochés à l'accusé, n'a pas trop tardé dans son réquisitoire en requérant la prison à vie contre Belbouri, accusé d'avoir été le meurtrier du professeur Kerroumi Ahmed. Le procès de l'assassin présumé de l'enseignant universitaire et militant du MDS, Ahmed Kerroumi, a été ouvert hier par le tribunal criminel d'Oran. Dans le banc des accusés, un jeune d'une trentaine d'année est poursuivi pour le meurtre du professeur Ahmed Kerroumi. Ce dernier a, dans son audition, nié en bloc les griefs retenus contre lui, à savoir l'assassinat de Kerroumi Ahmed. Au procès, près de 30 personnes ont apporté leurs témoignages dans une salle comble où s'étaient installés des camarades et des proches du défunt. Plusieurs de ces derniers s'étaient présentés, très tôt hier. Le Mouvement démocratique et social, MDS, a, de son côté, mandaté un avocat pendant que les camarades du défunt se sont constitués en groupe appelant que toute la lumière soit faite sur un assassinat que le parti estime en relation avec les activités politiques du défunt. L'affaire Kerroumi qui a tenu en haleine tous les présents remonte au 19 avril 2011, date à laquelle le professeur Ahmed Kerroumi a disparu. Son corps inerte avait été retrouvé dans les locaux du MDS Oran, le 23 du même mois, par un membre du bureau de ce parti. Ce jour-là, la police scientifique, appuyée par les éléments de la police judiciaire, a ouvert une enquête qui a abouti à l'arrestation du jeune Belbouri. Depuis cette arrestation, les proches du défunt ont soutenu la thèse de l'assassinat en rapport avec ses activités politiques. Le père du présumé auteur du crime a défendu la piste du bouc émissaire tout trouvé, «pour lui endosser un assassinat qu'il n'a pas commis», selon l'avocat de son fils. Le jour de son procès, hier, l'accusé qui a démenti toute relation avec l'assassinat a reconnu connaître le défunt et avoué l'appeler sur son téléphone portable, ce qui selon lui expliquerait la découverte, par les enquêteurs, de son numéro sur le répertoire des appels établis par un opérateur de téléphonie mobile. Il s'innocentera en affirmant que «les blessures qu'il avait lors de son arrestation étaient dues à un accident de moto dont il a été victime». Le président du tribunal a, dans le but de varier les témoignages, appelé à la barre une infirmière et un médecin du dispensaire de Cave Gay pour éclairer la cour sur cet indice (les blessures). L'infirmière dira avoir reçu ce jour-la l'accusé qui présentait des blessures légères à la main et d'autres profondes à la jambe qui ont nécessité la pose de trois de points de suture. La défense est passée à son tour en interrogeant l'infirmière sur la prétendue affaire de la mémoire de la caméra de surveillance de l'établissement, prétendue effacée intentionnellement pour faire disparaître la partie relative au passage du prévenu à la structure sanitaire. Elle dira explicitement que «je n'ai pas accès à cet équipement» et que son travail se limite à l'accueil et l'orientation des malades au niveau du service des urgences. Ses déclarations furent presque répétées par le médecin du centre qui reconnaîtra avoir reçu ce jour-là une personne portant le même nom que l'accusé. Le médecin légiste, appelé à la barre, écartera la piste de l'accident en affirmant que les plaies que portait la victime, sont à l'origine d'un traumatisme crânien qui lui a été fatal, provoquées par un objet tranchant, perpétré sur la calotte du crâne, et par des coups portés à la tête contre la cuvette des toilettes du siège dont certains fragments ont été retrouvés sur les lieux du crime. Il a indiqué que «la victime a sombré dans le coma avant de rendre l'âme quelques heures plus tard».Ces témoignages ont été appuyés par le médecin en se référant aux résultats des explorations effectuées lors de l'autopsie. Après une pause observée, les avocats ont pris le relais pour les plaidoiries dans cette affaire et le verdict a été prononcé, en fin d'après-midi: 20 ans de réclusion pour homicide avec préméditation.