A partir de Téhéran, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov appelle à la réussite de «Genève 2» et la fin du conflit en Syrie Les «pays responsables» doivent agir pour que la conférence internationale de paix sur la Syrie prévue en janvier à Genève «aboutisse à un résultat», a affirmé hier à Téhéran le chef de la diplomatie russe. Sergueï Lavrov se trouve depuis mardi en Iran pour des entretiens portant notamment sur le programme nucléaire iranien et la Syrie, dont le régime est soutenu dans sa guerre contre les rebelles par Moscou et Téhéran. Il devait rencontrer hier le président iranien Hassan Rohani. «Tous les pays responsables doivent faire quelque chose pour que Genève 2 aboutisse à un résultat positif», a déclaré M.Lavrov, qui répondait à la question d'un journaliste faisant état de rumeurs selon lesquelles Riyadh, qui appuie les rebelles, menacerait les Etats alliés du régime syrien si le président Assad briguait un nouveau mandat en 2014. «Ceux qui sont contre (un tel résultat) font preuve d'un manque d'engagement face aux demandes de la communauté internationale», a ajouté M.Lavrov, lors d'une conférence de presse avec son homologue iranien Mohammed Javad Zarif. «L'initiative de Genève 2 est soutenue par l'ensemble de la communauté internationale, elle est soutenue par une résolution de l'ONU et les membres de la communauté internationales doivent mettre en application» cette résolution. Le ministre russe a plusieurs fois assuré que l'Iran était «un acteur clé» dans la résolution du conflit qui a fait plus de 126.000 morts en 33 mois. Prévue le 22 janvier, la conférence de Genève 2 doit «matérialiser le texte de Genève 1», a souligné M. Lavrov. Lors de la première réunion de Genève en juin 2012, les participants s'étaient mis d'accord sur le principe d'une transition politique dirigée par les Syriens, tout en s'abstenant de se prononcer sur le rôle du président Assad. Le régime syrien et l'opposition ont affirmé récemment leur volonté de se rendre à Genève, mais ils semblent irréconciliables sur la place réservée au président Assad. Selon le régime, le président doit mener la transition en cas d'accord à Genève mais l'opposition politique et les rebelles refusent sa présence dans le processus. L'opposition syrienne est par ailleurs opposée à la participation de Téhéran à Genève 2, et le régime à celle de Riyadh. M.Zarif a pour sa part répété que Téhéran était prêt à participer à la conférence «sans conditions préalables». Sergueï Lavrov a également appelé à la poursuite des discussions après l'accord conclu le 24 novembre à Genève entre Téhéran et les grandes puissances, qui limite pour six mois certaines activités nucléaires iraniennes en échange d'un allègement partiel des sanctions occidentales. «Il faut commencer les consultations pour une solution globale et mettre un terme final aux questions concernant cette affaire», a-t-il dit. Cet accord final est «l'étape difficile dans les négociations avec le groupe 5+1», a souligné Mohammed Javad Zarif. Il a aussi évoqué les problèmes concernant la livraison par la Russie du système anti-aérien S-300, un contrat annulé par Moscou en 2010 en application des sanctions de l'ONU contre Téhéran pour son programme nucléaire controversé. L'Iran a réclamé des dédommagements pour l'annulation de ce contrat. «Nous insistons toujours sur l'application des accords précédents», a souligné M. Zarif, disant «espérer que le problème sera résolu d'une manière acceptable». M. Lavrov a par ailleurs affirmé que Moscou était «désireux de continuer (sa) coopération avec l'Iran» dans le domaine du nucléaire civil. «Nous connaissons le désir de l'Iran d'avoir des centrales nucléaires civiles comme celle de Bouchehr», construite en partie par les Russes, a déclaré Sergueï Lavrov, insistant sur le fait que l'unique centrale iranienne «fonctionne à l'eau légère et (...) qu'aucune résolution du Conseil de sécurité ne l'interdit». Mohammed Javad Zarif a fait état «de discussions et, dans certains cas, nous sommes très proches d'un accord et de son application». Téhéran affirme vouloir produire à terme 20.000 mégawatts d'électricité nucléaire. La Russie a déjà construit une première centrale de 1000 mégawatts à Bouchehr, qui a été officiellement remise aux ingénieurs iraniens en septembre.