Le prochain gouvernement se contentera-t-il de «réformettes»? Le prochain gouvernement aura la difficile tâche de faire franchir à l'avant-projet de loi portant réforme hospitalière le perron du Sénat. Une mission fort difficile quand l'on sait tout le mal qu'ont eu les prédécesseurs de l'actuel ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, à le faire. D'autant qu'un tel projet, bien que soumis à un large débat ne parvient pas encore à réunir le consensus souhaité. Conséquence: faute d'un Snmg de cohésion sociale en la matière, l'on a fini par se contenter de «réformettes». Et pour cause, les difficiles équilibres à atteindre ont fait que citoyens et principaux acteurs du système national de santé publique sont à cheval sur la transition sans pour autant parvenir à les maîtriser. De là découle tout le mécontentement et le malaise des utilisateurs du système actuel de santé. Dans le meilleur des mondes et bien que fort du soutien de, l'Ugta, le prochain staff gouvernemental aura inévitablement à faire face à des résistance qui ne manqueront pas de refaire surface, en dépit des «opérations de pompier» menées jusque-là pour éteindre toute étincelle rebelle de revendication. Les plus actifs des syndicats, en l'occurrence les syndicats autonomes, toujours sur la brèche, ne manqueront pas en effet de réclamer des réponses rapides aux préoccupations urgentes dont la nécessaire mise à niveau de la Cnas. Cette dernière engouffre à elle seule quelque 70 % de dépenses tous azimuts ne laissant en dernier lieu que quelque 30 % comme dépenses effectives pour la santé, sans pour autant satisfaire à un minimum d'équité quant à l'accès à la couverture sanitaire. D'où l'impératif, clament d'ores et déjà certaines voix, de «réformer d'abord la Cnas», ce principal bailleur de fonds. Par ailleurs, le futur exécutif devra en outre faire preuve de bravoure pour faire face aux injonctions d'un FMI toujours exigeant et réclamant sans cesse une réduction drastique des dépenses publiques, dont le secteur de la santé est particulièrement friand, tout en essayant de sauvegarder ce qui reste comme rempart d'un Etat social. C'est-à-dire la médecine telle qu'on la connaît en Algérie, empreinte de pudeur et de respect des démunis dans leur quête de soins. D'aucuns ajoutent que le front social est pour le moment calmé à coups de sparadrap sur la plaie - entendre par-là tout l'arsenal financier dont on use grâce à une embellie financière euphorisante. «Cette pharmacopée durera-t-elle aussi longtemps qu'on le souhaite?» s'interroge-t-on, comme pour signifier que tout ce qui a été entrepris jusqu' à présent n'a que l'effet d'un placebo dont la thérapie s'estompera au contact de réalités qui ne manqueront pas de se faire jour. Dur pronostic pour le ministre qui se chargera de ce chantier en pleine ébullition: celui d'un système de santé publique qui sort d'une léthargie sans précédent et appelé à faire front aux défis de l'heure tout en maintenant intacts les acquis historiques de tout un peuple en matière de santé publique.