Quelques mois seulement nous séparent du vote L'autre grande inconnue de cette élection est la mouvance islamiste. Si les doutes se dissipent peu à peu quant à une éventuelle participation de Bouteflika à la prochaine élection, et si les appels se font de plus en plus pressants pour que Hamrouche et Benflis se présentent, chacun de son côté bien sûr, il n'en demeure pas moins que pour la prochaine présidentielle, certains éléments parmi les plus importants demeurent encore inconnus. C'est le cas de Ouyahia dont on n'entend plus parler, de Belkhadem ou de la mouvance islamiste et qui, chacun de son côté, mérite qu'on y accorde l'attention nécessaire. Mais c'est aussi le cas, toutes proportions gardées, de Djilali Sofiane, nouveau venu dans l'arène de l'élection présidentielle, de Benbitour qui se manifeste de moins en moins et de Yasmina Khadra qui, après avoir annoncé sa candidature et après avoir promis de réunir facilement les signature légales, s'est mis en mode silencieux. Djilali Sofiane, Benbitour et les autres Contrairement à Hamrouche et Benflis Djilali Sofiane, du parti Jil Jadid, semble quelque peu pressé d'en découdre avec le système en place. En véritable guerrier, il a même enfourché son cheval, comme il le montre lui-même dans la photo publiée sur sa page Facebook. Peut-être pour aller plus vite. Il ne veut pas attendre et il l'annonce à tout bout de champ: il est candidat pour 2014. Certes, entre Hamrouche et Benflis d'un côté et Djilali Sofiane de l'autre, il y a beaucoup de différences. Il y a d'abord le fait que lui n'a jamais été chef de gouvernement. ensuite, en tant que chef de parti il est, contrairement à eux, exonéré des signatures à produire. Ensuite, si pour Benflis et Hamrouche ces élections risquent d'être les dernières auxquelles ils se présentent vu leur âge (tous deux septuagénaires), pour lui qui n'a que 55 ans, cela a tout l'air d'être plutôt un commencement. Par ailleurs, il ne s'est jamais encore senti, comme eux,«victime d'élections peu transparentes». Il n'a jamais encore mené cette bataille pour la présidentielle. Il a certes, sa jeunesse relative comme atout, mais il a aussi sa jeunesse comme inconvénient parce que, chez nous du moins, lorsqu'elle est atout, la jeunesse n'est pas regardée car personne ne la voit, mais lorsqu'elle constitue un désavantage, tout le monde nous le rappelle car tous la regardent et la montrent du doigt. L'autre ex-chef de gouvernement, Benbitour, se fait de plus en plus discret. Sa démarche est exactement l'inverse de celle de Hamrouche et Benflis car, et alors que ces derniers ont commencé par le silence pour que, au fur et à mesure, du bruit monte autour de leurs candidatures, Benbitour, en ce qui le concerne, a commencé tambour battant pour se faire de plus en plus discret avec le temps. Est-ce que cela dénote un attachement de moins en moins fort de l'homme à son projet? Est-ce le signe d'une fatigue due à un départ trop précipité, sachant que Benbitour a annoncé sa candidature depuis 2012? Ou est-ce plutôt l'insuffisance ou l'inconsistance de ses supports qui l'aurait obligé à moins de visibilité? A moins que, évaluant ses chances insuffisantes, certains ne l'aient carrément abandonné pour d'autres. Cela aussi fait partie des comportements politiques! A notre avis, dans l'éventualité d'une non-représentation de Bouteflika, les chances de Benbitour de remporter cette élection ne sont pas grandes. En tout cas, moins grandes que celles de Hamrouche ou Benflis, ceci s'il arrive bien sûr à réunir les signatures nécessaires, ce qui serait déjà un bon exploit. L'inconnue Belkhadem Abdelaziz Belkhadem n'a jamais caché ses prétentions présidentielles ce qui, reconnaissons-le lui au moins, est tout à fait légitime. L'homme, quoi qu'en disent ses détracteurs, a eu tout de même le privilège d'avoir été chef de gouvernement, ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, secrétaire général du FLN et, dans une autre vie,il fut même président de l'APN en plus d'autre fonctions plus ou moins importantes. Au vu de ce CV, il est tout à fait normal que Belkhadem nourrisse la prétention de briguer un jour le fauteuil d'El Mouradia. Néanmoins, l'homme sait qu'il ne peut y arriver que s'il est soutenu par un parti comme le FLN et c'est ce qui explique pourquoi il tenait tant au secrétariat général de son parti et qu'il ne l'a quitté qu'à la dernière minute et par la force. Ses intentions, non avouées, étaient claires. Il voulait être là dans le cas où Bouteflika, affaibli par la maladie, renoncerait au quatrième mandat, ce qui lui aurait ouvert un grand espoir de se voir Président. Mais maintenant qu'il n'y est plus, il a dû certainement revoir ses ambitions à la baisse. La seule information que l'on a de lui, c'est cette anticipation tonitruante de Sâadani sur les résultats de l'élection quand il avait annoncé, en ce début novembre 2013, que Bouteflika sera président en 2014 et que Belkhadem sera son vice-président. On sait que Saâdani a multiplié les indiscrétions depuis qu'il est à la tête du FLN. Cepenant, à part le brouhaha des déclarations, le cas de Belkhadem demeure encore à ce jour une inconnue. L'énigme Ouyahia Plus qu'une inconnue, le cas Ouyahia est plutôt une énigme. en effet, parti pour être le prochain candidat du système, l'homme aux neuf gouvernements s'est vu débarquer, à quelques mois à peine d'intervalle, du gouvernement et du parti RND qu'il dirigeait depuis 1999. L'élection de 2014 est certainement pour beaucoup dans cette véritable descente. Au vu de son expérience et de sa longévité à la tête aussi bien du gouvernement que d'un grand parti, Ouyahia avait tout pour remplacer Bouteflika. Est-ce que ce dernier ne regardant pas cela du bon oeil, l'aurait éloigné définitivement du giron des affaires de l'Etat? N'est-ce pas plutôt une coïncidence que juste après avoir quitté la tête de l'Exécutif, Ouyahia fasse l'objet d'un redressement de la part de ceux qui étaient pourtant ses proches? En tout cas, et à la différence de Belkhadem, Ouyahia n'a pas tardé à comprendre qu'il fallait se retirer mais lorsqu'il démissionna du RND, tous les Algériens ou presque étaient certains qu'il reculait pour mieux sauter, c'est-à-dire qu'il allait revenir par une autre porte. Seulement, le fait est là. Cela fait bientôt un an qu'il ne s'est pas manifesté, c'est à se demander ce qu'il a l'intention de faire de ses ambitions qu'il n'a jamais cachées sans toutefois les crier sur les toits. S'il est difficile de croire à une candidature de Ouyahia dans les conditions actuelles car, lui non plus, ne se présentera pas face à Bouteflika, il n'en demeure pas moins cependant qu'il est plus difficile encore de croire à sa fin politique car, à peine âgé de 60 ans, tout indique qu'il ne tardera pas à revenir et avec force dans les mois qui viennent. Certes, Ouyahia a aussi ses détracteurs mais qui n'en a pas au fond? Le cas des islamistes L'autre grande inconnue de cette élection est la mouvance islamiste. Jusqu'à présent, et à part quelques déclarations d'intention, rien de bien concret n'est venu de cette mouvance concernant la prochaine élection. S'il est vrai que, au vu des événements qui ont eu lieu dans certains pays arabes, proches et lointains, les partis de cette mouvance ont plus tendance à faire dans la discrétion, il y a lieu de souligner aussi qu'au parti le plus lourd de cette mouvance, le MSP, l'éloignement de l'Alliance présidentielle et le départ de Soltani, qui a remis le relais à Makri, semblent avoir causé une certaine instabilité, ou plutôt un certain flottement, qui apparaît clairement à travers les hésitations qui sont venues jeter un grand bémol dans les discours, jadis virulent, de Makri qui, du coup, ne sait pas s'il faut y aller seul, de concert avec les autres partis ou s'il faut supporter un candidat du consensus national. Le MSP sait qu'il n'a plus rien à gagner désormais dans les alentours du pouvoir et le départ de Soltani était le signe avant-coureur qui ne trompe pas. De son côté, Djaballah, ne sait plus quoi faire. On sent que, d'un côté, il a envie d'y aller mais que, d'un autre côté, il n'a pas envie de se faire rouler comme il a prétendu l'avoir été auparavant. Il n'arrive pas à dégager un consensus autour de sa personnalité et il est fort peu probable qu'il parte derrière quelqu'un d'autre.