Régler la crise de Kabylie et lancer un nouveau plan de soutien à la relance économique figurent parmi les priorités du nouveau gouvernement. L'actuel chef du gouvernement, dont la reconduction à la tête de l'exécutif ne fait pour ainsi dire plus de doute, passe pour être l'un des hommes politiques les plus accomplis de l'Algérie indépendante. En effet, cet excellent technocrate qui a prouvé sur le terrain de grandes capacités à gérer les situations les plus complexes, souvent sans état d'âme, fait montre d'une intelligence politique hors du commun. Il est l'un des rares à réussir à s'adapter à l'évolution de la scène nationale avec aisance, tout en assument son passé. D'éradicateur, à l'homme de la réconciliation nationale, Ouyahia sait trouver les mots pour justifier des prises de positions apparemment contradictoires. Par la force d'une argumentation que les citoyens trouvent recevable, il arrive à convaincre son auditoire. Dans la dernière bataille électorale, il a démontré des aptitudes certaines à gérer une étape politiquement fragile. Mieux, c'est le premier homme politique d'envergure nationale qui a foulé le sol de la Kabylie, avec tout ce que cela supposait comme risque sur son avenir politique. Il a ouvert la voie aux 6 candidats à Béjaïa comme à Tizi-Ouzou. Ses sorties dans ces deux villes ne sont pas étrangères à la réussite de la campagne électorale dans cette contrée rebelle et le président de la République lui doit sans doute une bonne partie du score qu'il a obtenu en Kabylie, allant jusqu'à devancer Sadi à Béjaïa. C'est en cela et pour beaucoup d'autres raisons, que le chef du gouvernement est présenté par les observateurs comme l'un des artisans les plus importants de la réélection de Bouteflika à la tête de la République. Ce dernier a eu à ses côtés un homme qui a habitué les Algériens au franc-parler, loin de toute démagogie. Ces mêmes Algériens ont encore en mémoire la première apparition télévisée d'Ouyahia en tant que chef de l'exécutif sous Zeroual en 1995. Ils ont retenu de lui les ponctions sur les salaires et les licenciements qui ont touché des centaines de milliers de travailleurs. Très fortement critiquées par les médias et l'opposition politique, ces mesures, décidées «sans état d'âme» ont été reçues par la majorité de la société comme douloureuses mais nécessaires. Pour preuve, le commun des Algériens connaissait l'état délabré de nos entreprises et savait également la situation financière de l'époque qui interdisait toute marge de manoeuvre. Aussi, bien qu'impopulaires, les mesures d'Ouyahia n'en étaient pas moins acceptées par la société. La diabolisation de l'homme par des cercles politiciens intéressés n'a pas érodé le respect que lui vouent les Algériens. Un respect d'autant plus renforcé que tous les fonctionnaires touchés par les ponctions sur salaires ont bel et bien été remboursées, sans tambour ni trompette. Après la dernière élection présidentielle, il est établi que l'actuel chef du gouvernement en sort consolidé par rapport à ses adversaires. Et le style Ouyahia, qualifié par d'aucuns comme quelque peu brutal, mais qui plaît, va sans doute s'imprimer sur la démarche future du gouvernement. Aussi, il est attendu des décisions tranchantes sur de nombreux dossiers, notamment celui de la crise de Kabylie. A ce propos, ont affirmé de bonnes sources, que le dialogue verra une grande accélération de sorte que la plate-forme d'El-Kseur connaisse un début d'application sur le terrain dans des délais assez brefs. Cette action prioritaire du gouvernement sera menée en parallèle à une série d'autres initiatives fortes sur le terrain socioéconomique. Parmi les plus audacieuses, l'on notera le lancement d'un autre plan de soutien à la relance économique. En effet, les mêmes sources indiquent que la prochaine rentrée sociale se fera sous le signe d'une dynamique réellement prometteuse et porteuse d'un nouveau souffle sur les plans social et économique. A ce titre, on évoque une collaboration très étroite entre le gouvernement et la Centrale syndicale, en sus d'une accélération des réformes dans tous les domaines. En fait, Ouyahia promet un rythme endiablé de la machine gouvernementale, maintenant que le pouvoir politique s'est stabilisé pour cinq ans au moins. Dans cette perspective, on accrédite le chef du gouvernement d'une volonté de s'entourer d'hommes et de femmes compétents qui ont fait leurs preuves. L'obligation de résultat sera, dit-on le maître mot de la prochaine équipe gouvernementale. Fort de l'apport de trois formations politiques (RND, MSP et FLN redresseurs), Ouyahia sera à l'aise pour y puiser les compétences à même de réaliser ses objectifs. En tout état de cause, le nouveau gouvernement aura toutes les chances d'être celui de battants.