Une rencontre avec les 54 mouhafedhs du pays est prévue en début de semaine avec Belkhadem. Des sources proches de la direction du mouvement de redressement du FLN, jointes hier par téléphone, nous ont indiqué que «les choses vont désormais s'accélérer». En effet, à la suite de la rencontre qui a eu lieu ce samedi au siège du FLN entre les douze dirigeants installés par Benflis et les leaders du mouvement de redressement, ces derniers avaient soumis une plate-forme précise de conditions sans lesquelles il n'est pas question que le congrès de réconciliation se tienne. Mieux, un «ultimatum» devant expirer hier au soir a été lancé le même jour. Si les dirigeants du mouvement de redressement s'étaient gardés jusque-là d'évoquer cette mise en garde musclée, c'est qu'ils voulaient laisser une sortie honorable à leurs adversaires du camp adverse. Or, tout porte à croire que Abada, Djeghaba et les autres aient refusé de se plier à l'ensemble des conditions soulevées par les Belkhadem et consorts, poussant ces derniers à rendre public leur ultimatum. Notre source, qui refusait hier d'anticiper sur la décision finale que prendraient les hommes laissés par Benflis à la tête du FLN, a clairement signifié qu'il n'y aura pas de nouveau bras de fer au sein du FLN. La raison, nous dit-on, en est toute simple. «Nous n'avons aucune force en face de nous. Nous ne reconnaissons pas les douze personnes placées par un comité central que nous contestons également». Notre source, qui confirme implicitement que le mouvement de redressement est en train de prendre les commandes du FLN, même s'il cherche encore à ne pas abuser de sa suprématie et à faire les choses en douceur, précise que le coordonnateur national, en mission en Libye, prévoit de rencontrer les 54 mouhafedhs dès le début de la semaine prochaine. En attendant, une instruction écrite leur a été transmise, qui leur signifie qu'ils ne doivent désormais reconnaître aucune autre instance que le mouvement de redressement du FLN. Ce dernier, pour rappel, estime que la véritable réconciliation doit transcender le comité central issu du 7e congrès pour s'ouvrir à l'ensemble des courants et personnages composant ce front. Une vision que les anciens partisans de Benflis sont loin de partager, puisque plus les responsabilités sont diluées, plus ils perdent de leur influence sur le cours des évènements. Pour ce qui est des conditions posées par Belkhadem et ses hommes, il est carrément question de revenir aux conditions qui prévalaient avant septembre 2001, période à partir de laquelle Benflis prenait la tête du FLN. Notre source insiste, à propos de cette question, sur la nécessité de revenir sur les décisions de dissolution arbitraire de 25 mouhafadhas et 400 bureaux de kasmas et leur remplacement par des instances illégales. Il est à rappeler que ces mesures disciplinaires avaient été prises par Benflis en 2002, à la suite de la fronde qui avait accompagné la préparation des listes de candidatures aux législatives du mois de mai de cette année. L'embryon du mouvement de redressement, tel que nous le connaissons présentement, avait, au reste, pris naissance à partir de cette époque. La pire condition posée par les redresseurs, et que les douze contestent énergiquement, concerne la mise à l'écart de l'ensemble des cadres et élus qui se sont montrés trop zélés dans leur soutien à Benflis et leurs attaques vitriolées dirigées contre l'ex-président-candidat. De nombreuses figures de proue du parti risquent ainsi de tomber dans le cas où cette revendication venait à être intégralement satisfaite. Si l'ensemble des parties concernées par ce conflit ont vécu la nuit d'hier comme une véritable veillée d'armes, il ne fait de doute pour personne, désormais, que les jeux sont déjà faits, que les vainqueurs sont connus et que le mouvement de redressement accaparera la part du lion au niveau de l'instance chargée de gérer les affaires courantes du FLN, mais aussi de la commission chargée de la préparation du congrès dit de la réconciliation.