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L'issue est-elle pour bientôt ?
CRISE DE KABYLIE
Publié dans L'Expression le 17 - 04 - 2004

Le dénouement de la crise passe inévitablement par une volonté politique réelle des plus hautes autorités du pays.
Pris entre l'étau des radicaux d'un côté et des dialoguistes de l'autre, le dialogue pouvoir-archs se retrouve à la croisée des chemins. En effet, entre le radicalisme de certains délégués qui soutiennent, pour des desseins inavoués, que le pouvoir n'a pas fourni suffisamment de gages pour mettre en évidence sa bonne volonté de solutionner la crise, et la permissivité des autres délégués à tout dialogue «s'il est dépourvu d'entourloupe» et qui reflètent, selon eux, le véritable pouls politique de la Kabylie, le fossé est criant.
Depuis la fameuse marche du 14 juin 2001, le mouvement citoyen n'a pas cessé de subir de nets reculs sur le plan de la mobilisation en raison de la démarche imprimée par ses propres animateurs. Cet état de fait s'est traduit dans la réalité par des conséquences désastreuses sur le plan économique pour la région. Aujourd'hui, il est temps pour la Kabylie de retrou-ver un peu de quiétude et de sérénité et que le conflit qui a généré des coûts matériels et humains considérables cesse une fois pour toutes. Sur le plan politique, la voie semble à présent ouverte avec le plébiscite de M. Abdelaziz Bouteflika à la magistrature suprême du pays. D'ailleurs, le chef du gouvernement, M. Ahmed Ouyahia a donné un aperçu des grands axes de la politique du président de la République, lors de sa conférence de presse animée le jour même de la proclamation des résultats du scrutin par M. Nordine Yazid Zerhouni, ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales. «Nous allons promouvoir la réconciliation nationale dans le but de rétablir la paix, la sécurité, la stabilité et la quiétude», a souligné Ouyahia.
D'ailleurs, il a mis en évidence «la volonté sincère de M. Bouteflika de régler le problème qui secoue la Kabylie sur la base de la plate-forme d'El-Kseur», soulignant que «l'avenir montrera que cette intention est sincère et loin de toute considération électoraliste».
Dans ce contexte, certaines sources laissent croire que le président de la République est en passe de donner des gages de sa bonne volonté de régler la crise de Kabylie qui a terni son premier quinquennat. Ces mêmes sources soutiennent que le chef de l'Etat aurait donné des instructions au chef du gouvernement de prendre attache avec les délégués du mouvement citoyen dans le but de réengager le dialogue.
Cependant, devant l'échec de plusieurs tentatives par le passé, les délégués du mouvement citoyen se sont cantonnés dans un scepticisme, au point où le mouvement s'est disloqué en raison des divergences de fond. Concernant justement ce nouveau round de dialogue, les avis étaient partagés au point où il a fallu la création d'une nouvelle structure pour mener à terme les négociations sous la conduite du délégué de Bouira, Hakim Kacimi.
Pour ce dernier, la création de cette structure dénommée Coordination nationale mouvement citoyen des archs (Cnmca), est dictée par le souci de faire de ce mouvement une véritable alternative démocratique, mais surtout par celui de faire disparaître les divisions qui sont apparues au grand jour au sein de l'interwilayas.
En effet, cette structure est laminée par deux courants opposés: les dialoguistes et les antidialoguistes. Si Kacimi affirme et soutient que l'appel du gouvernement est sincère, il n'en est pas de même des délégués dialoguistes issus de l'interwilayas qui demeurent sceptiques. Tandis que les antidialoguistes qualifient cette invitation au dialogue d'un autre leurre du pouvoir.
A ce sujet, Athmane Mazouzi déclare : «On ne s'assoit pas à la même table que son bourreau», allusion aux 124 victimes excluant ainsi toute tentative de dialogue. A l'opposé, Farès Oudjdi n'exclut pas d'y répondre présent pour peu que l'initiative aboutisse à la satisfaction de la plate-forme d'El-Kseur, notamment son 8e point, relatif à l'officialisation de tamazight en tant que langue nationale et officielle au même titre que l'arabe sans passer par un référendum.
D'ailleurs Oudjedi, au même que Kacimi, salue à l'avance l'éventualité d'un référendum constitutionnel à travers lequel la question amazighe trouvera une solution : «Un référendum pour une révision constitutionnelle globale dans lequel la langue amazigh sera prise en charge ne fera que rendre justice au peuple algérien».
Mais le hic dans cette histoire est justement de pouvoir désigner des interlocuteurs sincères à même de contribuer au dénouement de la crise. Et l'invitation au dialogue faite par Ahmed Ouyahia doit être prise au sérieux du fait qu'il est temps pour les animateurs soucieux du devenir de la Kabylie, qui a perdu tous ses investisseurs ces trois dernières années engendrant une fuite des capitaux et un taux de chômage élevé, de prendre conscience d'une telle opportunité. L'histoire juge toujours les responsables.


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