L'économique, la francophonie, le sécuritaire et l'Union méditerranéenne, sont autant de sujets à développer. Les relations algéro-françaises devraient connaître un nouvel essor avec le nouveau locataire du palais de l'Elysée, Nicolas Sarkozy. D'ailleurs, le nouveau président français a voulu donner le ton quant à la nouvelle impulsion qu'il compte donner à la politique extérieure française. Aussi, quelles que soient les divergences nées de la loi du 23 février 2005, soupesant les conséquences du changement dans la politique initiée par le général de Gaulle et «restaurée» par Jacques Chirac, ou au sein des populations très conscientes de la fermeté voulue par le nouvel élu des Français dans le traitement de la politique extérieure française, elles ne se sont pas exprimées hier. Pas même de la part du président Abdelaziz Bouteflika qui souligne, dans son message de félicitations adressé au nouveau locataire du palais de l'Elysée: «Vous connaissant homme d'engagement et de conviction, je sais pouvoir compter sur vous pour impulser ensemble les relations algéro-françaises et leur conférer une ampleur et une profondeur correspondant aux ambitions que nos deux pays se sont assignés». «Je sais que vous accordez, comme moi, la plus grande importance aux relations entre nos deux pays, relations qui reposent sur des intérêts partagés, mais surtout sur les liens tissés par une longue histoire commune qui a laissé des traces profondes dans chacun de nos peuples», ajoute le président Bouteflika. Aussi, «nous devons unir nos efforts pour maintenir et développer notre coopération qui, pour être déjà multiforme et riche, n'en recèle pas moins des réserves importantes qu'il convient d'exploiter efficacement en vue du partenariat d'exception que nous ambitionnons pour nos pays», souligne Abdelaziz Bouteflika. Le message est clair. Le terrain est balisé pour une relance effective, notamment à la veille de la célébration des événements du 8 Mai 1945. Certes, Nicolas Sarkozy a rejeté la repentance qui reste, pour lui, d'ordre moral. D'autant plus que l'économique reste le facteur déterminant dans toute relation bilatérale. Sur ce point, Nicolas Sarkozy a annoncé la couleur bien avant son élection, en affirmant développer un partenariat avec l'Algérie en matière de nucléaire civil «en échange d'un partenariat sur l'exportation des champs gaziers». D'ailleurs, il fut l'un des rares responsables français à avoir effectué autant de visites en Algérie en un temps aussi court. D'abord, en tant que ministre de l'Economie et ensuite en tant que ministre de l'Intérieur. Au chapitre énergétique, Sarkozy est, on ne peut plus pragmatique: «Nous devons trouver là les bases d'une coopération équitable» allusion à un éventuel partenariat entre Gaz de France et Sonatrach qu'il oppose à une fusion entre GDF et Suez. Pour réaliser ce partenariat, Nicolas Sarkozy soutient la création de l'Union méditerranéenne où «seront traitées non seulement les questions économiques et commerciales, mais aussi la circulation de personnes, la lutte contre le terrorisme». D'ailleurs, sur ce dernier point, la coopération devrait s'accentuer davantage, notamment après les menaces d'Al Qaîda de s'en prendre aux intérêts de la France. Or, l'Algérie demeure un partenaire indispensable dans la lutte antiterroriste de par son expérience. Sur un autre plan, Alger qui défend le droit des peuples à l'autodétermination, attend de connaître la position de Nicolas Sarkozy quant au dossier du Sahara occidental. Alger et Rabat attendent avec impatience de connaître sa position sur la question, d'autant que Sarkozy compte au sein de son staff technique plusieurs français d'origine algérienne, notamment Rachida Dati, Aïssa Dermouche sur lesquels il compte pour relancer l'adhésion de l'Algérie à l'organisation de la francophonie. Autant de données convergeant vers une relance de la coopération algéro-française avec l'élection de Nicolas Sarkozy. En effet, l'expérience historique montre que l'Algérie a traditionnellement moins de mal à trouver un terrain d'entente avec la droite et les conservateurs qu'avec la gauche. Nicolas Sarkozy a, certes, émis quelques réserves durant sa campagne électorale, mais qui restent de simples slogans électoralistes. Son soutien aux harkis et aux anciens de l'OAS s'inscrit dans la stratégie de ratisser large. Aussi, pour Alger, la victoire de Nicolas Sarkozy est une réalité qui s'inscrit dans la série des mutations que connaît le monde. Pour Alger, ces changements d'après le 11 septembre 2003 n'ont pas tourné en catastrophe. La coopération avec les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni se poursuit, peut-être même de manière plus dynamique que par le passé. Parfois, le pragmatisme s'avère plus utile que les accolades.