Les jihadistes de l'Etat islamique d'Irak et du Levant (Eiil) ont déclaré une guerre totale à leurs anciens alliés islamistes en Syrie et au gouvernement contrôlé par les chiites en Irak. Le porte-parole de l'Eiil, cheikh Abou Mohammed al-Adnani, a menacé les rebelles syriens «d'anéantissement», mais cette organisation, née en Irak avant de s'étendre à la Syrie, recule sous le poids de ses adversaires, notamment à Alep, ancienne capitale économique de la Syrie, où ils ont perdu leur quartier général. S'adressant aux rebelles, leurs anciens frères d'armes, il leur a lancé: «aucun de vous ne survivra, et nous ferons de vous un exemple pour tous ceux qui pensent suivre le même chemin». Depuis vendredi, les rebelles islamistes sont engagés dans des affrontements meurtriers contre les jihadistes de l'Eiil. Les combats ont fait selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (Osdh, basé en Grande Bretagne), au moins 274 morts, dont 228 combattants des deux bords et 46 civils. Autre cibles pour l'Eiil: la Coalition de l'opposition ainsi que l'état-major et le conseil militaire de l'Armée syrienne libre (ASL). Les membres de ces entités sont «une cible légitime pour nous (...) Sachez, soldats de l'Eiil, que nous avons prévu une récompense pour quiconque coupera la tête de l'un d'eux (...), alors tuez-les où que vous les trouviez», a-t-il dit. En revanche, il a choisi un ton moins agressif envers le Front al-Nosra, branche officielle d'Al Qaîda en Syrie. Il demande ainsi aux brigades «arborant le drapeau islamique: «Qui vous a poussés à vous battre contre nous?». Ce Front a adopté, selon Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'Osdh, une attitude de neutralité dans la bataille en cours à l'exception de Raqqa, où ses membres combattent l'Eiil. Le chef du Front Al-Nosra, Abou Mohammed al-Jolani, a d'ailleurs appelé mardi à un cessez-le feu dans ces affrontements, pour se concentrer sur la lutte contre le régime de Damas. En Irak, où plusieurs hauts responsables ont prévenu qu'une attaque d'envergure se préparait contre Fallouja, une ville sunnite de l'ouest du pays contrôlé par l'Eiil, le porte-parole de cette organisation a appelé les sunnites à poursuivre leur lutte. «Ne déposez pas les armes, parce que si vous les déposez maintenant, les (chiites) vous réduiront à l'esclavage et vous ne vous relèverez plus», a-t-il lancé. Les tensions sont très vives entre sunnites et chiites en Irak. Sur le terrain, à Alep, les rebelles de différentes brigades islamistes se sont emparés de l'ex-hôpital pour enfants, situé dans le quartier de Qadi Askar (centre), «qui était devenu le quartier général de l'Eiil dans la ville», selon l'Osdh. L'organisation a précisé que «selon les premières informations, des dizaines de détenus qui se trouvaient à l'intérieur de l'hôpital, transformé en une des plus importantes prisons de l'Eiil, avaient été libérés».