La population de Béjaïa ne s'est pas vraiment mobilisée pour la célébration de ce 24e anniversaire. En dépit de l'attitude tolérante observée par les autorités et la symbolique de l'événement, la population de Béjaïa ne s'est pas vraiment mobilisée pour la célébration de ce 24e anniversaire qui reste marqué par une indifférence totale née essentiellement, de la tergiversation et autres déchirements que connaît présentement le mouvement citoyen. Même la traditionnelle grève du 20 avril est passée inaperçue à Béjaïa quand bien même les délégués de l'intercommunale se défendraient d'avoir appelé à la grève considérant que la journée est décrétée fériée depuis trois ans ; il y a lieu de relever cet acharnement des manifestants sur certains commerçants qui ont gardé leurs magasins ouverts au passage des marcheurs. Quant aux administrations et autres secteurs économiques publics, l'activité s'est, dans certains cas, faite à porte fermée. La marche populaire, qui s'est ébranlée avec une demi-heure de retard en raison de la faible mobilisation, a vu son parcours modifié à la dernière minute. Une réunion improvisée de la présidence tournante a conclu de la nécessité de revoir l'itinéraire, sans doute pour faire le plein des hésitants. Ce même parcours décidé à la hâte, sera par la suite changé une nouvelle fois, afin d'éviter la haute ville. Tout au long du parcours, les manifestants, en majorité des jeunes venus des localités de la vallée de la Soummam, se joignant à ceux de la ville de Béjaïa, ont scandé des slogans hostiles au pouvoir et favorables au mouvement citoyen. Comme d'habitude, cette manifestation des archs n'a pas échappé aux dérapages. Des manifestants incontrôlables et inconscients ont déversé leur colère inexpliquée sur les plaques de signalisation et les Abribus, récemment installés sur les grands axes de la ville. Finalement, il y eut plus de peur que de mal et la ville de Béjaïa a renoué avec le calme, dès la fin du meeting animé par les délégués de la Cicb qui ont proclamé pour l'occasion la «baptisation» de la Maison de la culture au nom de l'auteur du Grain de raisin en l'occurrence Taous Amrouche. Indépendamment des archs, les étudiants de l'université Abderrahmane Mira de Béjaïa ont célébré à leur manière cet événement symbolisant le combat de la génération de 1980 et celle de 2001. La veille, une conférence-débat a été animée par les délégués des archs, en l'occurrence Khoudir Benouaret, Beza Benmansour et Farès Oudjedi autour des perspectives d'avenir du mouvement citoyen. Une initiative, qui a contribué largement à la mobilisation estudiantine constatée, hier lors de l'action de célébration du 20 avril. Dans une parfaite organisation, la procession d'étudiants s'est ébranlée de l'enceinte universitaire vers le siège de la wilaya pour s'achever par une prise de parole permettant aux étudiants de faire connaître leur point de vue par rapport à l'évolution de la situation. De ces points de vue exprimés ressortait un mécontentement quant à la tournure prise par les événements et l'exploitation qui a été faite de la plate-forme d'El-Kseur. Ainsi donc et comme chaque année depuis maintenant 24 ans, la population de la Basse-Kabylie a marqué une halte, qui, outre la commémoration proprement dite de ce 24e anniversaire, a été l'occasion pour la population d'émettre un véritable message aux acteurs politiques. Par son indifférence, la population a voulu, estiment de nombreux observateurs, crier son désarroi et ses craintes, quant à l'évolution de la situation. C'est en fait un complément au message délivré déjà, lors de l'élection présidentielle du 8 avril dernier.